Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BERNARD

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 866).
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BERNARD. s. m. Bernardus. Nom d’homme. Selon quelques-uns il vient de l’allemand, & signifie, qui a un esprit d’ours ; art en allemand veut dire, esprit naturel, & ber, ou beer, ou bar, ours. D’autres prétendent qu’il signifie filialis indoles. On le trouve écrit avec aspiration, Bernhard ; & parce qu’on change souvent l’aspiration en W, on trouve aussi S. Bernward, évêque de Hildesheim. Mais c’est toujours le même mot. L’Auteur de la vie de S. Barnard, ou Bernard, Evêque de Vienne, dit que ce nom signifie fils de bonne odeur ; c’est-à-dire, qu’il le dérive du syriac, ou chaldéen בר, filius, & de l’hébreu נרד, Nered, en chaldéen נרדא, nardus. Il ne faut point chercher si loin l’étymologie de ce nom. Bern est un ancien nom des peuples du nord. Il est parlé d’un Roi Bern, ou Born, qui régnoit vers la mer Baltique. Il y a de l’apparence que ce sont les Bourguignons ou les François qui ont apporté ce nom dans les Gaules.

Saint Bernard a écrit autrefois à un grand Prélat touchant les dépenses inutiles & superflues. De Rancé. Saint Bernard, l’un des plus grands ornemens de l’Eglise de France, naquit l’an 1091, au village de Fontaine en Bourgogne, à trois quarts de lieues de Dijon. Son père Técelin, surnommé Sorus, ou Rousseau, Seigneur du lieu, étoit de l’une des plus anciennes noblesses de la Province ; & sa mère la B. Alerte ou Alix, étoit fille de Bertrand, Seigneur de Mombard, qui étoit parent des Ducs de Bourgogne. Baillet. Voyez aussi Barnart.

Bernard l’Hermite. s. m. Cancellus. C’est le nom d’un poisson de mer qu’on appelle aussi le pauvre homme, ou absolument l’hermite. Les Naturalistes lui ont donné ce nom, parce qu’ils ont remarqué qu’il vit toujours seul dans une cellule où il est logé aux dépens d’autrui. Ce poisson, qui est presque fait comme la crevette ou salicoque, a une écaille trop foible pour le garantir. Il cherche une écaille vide, proportionnée à sa grosseur, où il habite jusqu’à ce qu’il soit devenu trop gros pour y pouvoir tenir. Il cherche pour lors un autre domicile, & continue toujours de grosseur en grosseur, jusqu’à ce qu’il ait atteint toute sa crue ; alors il en reste à cette dernière maison qui lui sert de tombeau.