Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BELEN, ou BELIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 840).
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BELEN, ou BELIN. s. m. Faux Dieu des anciens Gaulois. Belenus, Belinus, & Bellenus. On lit dans Hérodien, L. VIII. c. 3, Βελεν ; mais Saumaise soutient dans ses Notes sur Capitolin, que c’est une faute, & qu’il faut lire Βελενον. Il étoit honoré sur-tout à Aquilée en Italie, dans la Gaule Cisalpine, dont il étoit protecteur, & où il avoit des Aruspices, par lesquels il rendoit des oracles, comme il paroît par Jule Capitolin, dans la vie de Maximin, c. 22. Hérodien dit aussi dans l’endroit que nous venons de citer, qu’il avoit un Oracle qu’il appelle l’Oracle du Dieu de la patrie, Θεοῦ ἐπιχωρίου. Jule Capitolin, dans les deux Maximim, pag. 146. de l’Hist. August. l’appelle d’abord Belenus, & ensuite Apollo ; en effet, Belenus étoit la même chose que le Soleil & Apollon ; & les anciennes inscriptions à l’honneur de ce Dieu, qu’on a trouvées à Aquilée, l’appellent Apollon Belenus, C. APOLLINI BELENO AVG. IN HONOREM C. PETTI. Et une autre, APOLLINI BELENO C. AQVILEIENS. FELIX. Quelques-uns, dit Saumaise dans ses Notes sur Capitolin, p. 253, lui donnent aussi le titre d’Aquiléen. APOLLO BELENUS AQUILEIENSIS. Au reste, ce n’étoit pas seulement un Dieu de la Gaule Cisalpine ; il étoit aussi honoré dans la Transalpine, comme il paroît par Ausone dans les Professeurs de Bourdeaux, où il dit à l’éloge de Patera, qu’il étoit de Baïeux, de race de Druïde, & de ceux qui servoient le Dieu Belenus dans son temple. Il parle encore dans la 10e pièce de ce même livre d’un nommé Phœbicius de race de Druïdes, qui étoit Sacristain de Belenus, ce qui montre que ce Dieu étoit honoré des Gaulois. Cependant Tertullien, c. 24, dit que Belus est Dieu des Noriques, ce que Saumaise, dans ses Notes sur Vopiscus, p. 382, étend à toute l’Illyrie ; & parce qu’il paroît par Vopiscus, au commencement de son Aurelien, que la forme & les ornemens que les Illyriens donnoient à Belenus étoient les mêmes que ceux de Mithra chez les Perses, il en conclut que le Belenus de l’Occident étoit le Mithra des orientaux. Joseph Scaliger, Auson. Sect. L. I, c. 9, qui croit comme Hérodien, Vopiscus, Saumaise, Elias Vinet, Selden, Vossius, que Belenus étoit le même qu’Apollon, dit que c’est de là que les Gaulois appeloient Belenium, l’herbe dont ils frottoient leurs flèches. Voyez encore Cambden, Britan. p. 70, 71. Apollon a été adoré d’un culte particulier dans Vienne, & le Soleil de même, sous le nom de Belenus, & de Belinus. Chorier. Voyez encore Vossius, de Idol. L. I, c. 35. L. II, c. 17.

Quelques-uns croient que ce mot, Belenus ; car c’est ainsi qu’il faut lire, & non pas Bellenus, comme Vinet le conclut de la 10e pièce d’Ausone sur les professeurs de Bourdeaux, où ce nom a les deux premières brèves ; quelques-uns, dis je, croient que ce nom vient de Béel, & Enos, qui signifie l’ancien Enos, que les Esséens & les Machabées reconnoissoient pour leur chef ; ils ajoutent que les Druïdes tenoient quelque chose des Esséens & des Machabées ; qu’ainsi il n’est pas surprenant qu’ils honorassent le Soleil sous ce nom ; opinion sans fondement, & hors de toute vraisemblance. Selden & d’autres le font venir de בעל, Baal, ou Belus. Elias Schedius, persuadé comme les autres, que Belenus est le Soleil, a cru que ce nom n’étoit qu’un assemblage de lettres, qui prises ensemble font en chiffre le nombre de jours que le Soleil est à faire sa révolution. Car :

Β Η Λ Ε Ν Ο Σ
2, 8, 30, 5, 50, 70, 200.


font 365 ; mais est-il sur que ΟΣ, ou US, soit du nom gaulois, & que ce ne soit pas une terminaison grecque, ou latine, ajoutée au mot gaulois, illyrien, ou phénicien ? Elias Schedius, de Diis Germanis, Elias Vinet, dans son Commentaire sur Ausone, & les autres Auteurs que j’ai cités, parlent de ce Dieu.