Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BEL

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 838-839).
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BEL. Viex adj. On disoit communément autrefois bel pour beau. Nous ne l’avons plus retenu que dans le mot qui suit, & auquel il se rapporte, commence par une voyelle, comme un bel arbre, un bel homme. Gloss. du Roman de la Rose, au mot Bel. Le surnom de Philippe le Bel, qui fut donné à Philippe IV Roi de France, pour la beauté de son visage, & l’agrément qui paroissoit dans sa personne & dans ses manières, lui est cependant demeuré. Voyez’ l’Hist. de Fr. du P. Daniel in-4°. 1722. t. 5, p. 414. Les Anciens terminoient en el tous les mots qui finissent en eau. Supplém. au Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Carnel.

BEL. s. m. Belus. C’est le nom d’un Dieu, ou d’une idole des Babyloniens. Il est parlé de Bel dans la prophétie de Daniel. Alexandre étant à Babylone fit réparer le temple de Bel. Bel, ou Belus, fut un Roi de Babylone, le premier du monde à qui on décerna les honneurs divins, à ce que l’on croit ; ce qui fut le commencement & l’origine de l’idolâtrie. On ne convient point quel fut ce Bel. Xénophon, ou l’Auteur du livre de Æquivocis, qu’on lui attribue, dit qu’on appelle Saturne tous les Princes qui avoient autrefois fondé quelque ville célèbre, & leurs fils Jupiter ; & il ajoute que Nembrod est Saturne, & que Belus son fils, est le Jupiter Babylonien. Le P. Kirker, Œd. Æg. T. I. p. 264, croit que Baal, ou Bel est Nembrod. Plusieurs autres sont du même sentiment. D’autres disent que c’est Cham fils de Noé, ou de Ménès. C’est le sentiment du Chevalier Marsham, qui prétend que Belus, Ménès, Hammon, Osiris & Adonis, sont le même. Il dit dit-on, pere de Ninus qui lui fit ériger une statue. Il avoit un temple magnifique à Baylone, qu’Hérodote a décrit dans son premier livre. Si c’est Nembrod, il fut le fondateur de Babylone. On dit qu’il fut grand Astronome, cela s’entend pour son temps, & que c’est pour cela qu’on l’appela Baalsemen, Seigneur du Ciel. Quelques-uns prétendent qu’il ne fut point l’auteur de l’idolâtrie, mais que ce fut Sarug. Voyez Eusébe dans sa Chronique, & dans la Préparation Evangélique, L. IX, c. 4. S. Augustin, de la Cité de dieu, L. XVIII, c. 2, 17, 21. Béde, De 6. ætat. S. Jérôme, sur Osée, dit que ce fut Sémiramis, qui enflée de la victoire qu’elle remporta sur Zoroastre Roi des Bastriens, donna commencement à l’idolâtrie en faisant un Dieu de Ninus son mari, fils de Belus. Servius prétend que Belus est le Soleil ; que c’est de ce nom que les Grecs ont formé le nom grec Ἥλιος, changeant le B en aspiration ; que c’est de-là aussi que vient le nom punique, ou carthaginois bal, qui signifioit Dieu. Mais comme le P. Kirker l’a remarqué, Œdip. Ægyp. T. I, p. 264. Synt. IV, c. 4. Servius s’est trompé, il ne faut que savoir un peu d’hébreu pour en être convaincu. Ce mot vient de אל qui signifie Dieu.

Il y a eu plusieurs Bels ou Baals. Le Bel Egyptien, qui selon le P. Kirker est Mitsraïm. Le Bel Babylonien, qui est son petit-fils Nimrod, qu’on appelle aussi Jupiter Babylonien, & que Sanchoniathon & Eusébe disent avoir été fils de Saturne. Il y a Belus petit-fils de Jupiter, fils d’Epaphus Roi d’Egypte, qui a encore eu pour fils un autre Bel, ou Belus. Le Bel Tyrien, ou des Phéniciens, qui l’apeloient Baal, & qui en distinguoient plusieurs, Baalberrith, Baalgad, Baalsemon, Baalsephon, &c. Voyez Baal, & Béel, & tous ces mots en leur place. Voyez aussi Vossius, de Idol. L. I. c. 16, & 24. L. II. c. 6, & 15.