Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BATTANT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 801).
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BATTANT. s. m. L’un des côtés d’une porte qui s’ouvre en deux. Valva. Il faut ouvrir les deux battans de la porte cochère. Dans l’Eglise de Tyr, que Paulin Evêque de cette ville fit rebâtir lorsque Constantin eut donné la paix à l’Eglise, les battans étoient de cuivre, avec des liaisons de fer, ornées de sculptures agréables. Fleury. On le dit aussi des volets des fenêtres, des armoires, &c.

BATTANT, est aussi le volet d’un comptoir de Marchand, ou de Banquier, qui se leve & se baisse. Foricula. Corneille a dit dans la galerie du Palais, en faisant parler une Marchande, aussi votre tapis est tout sur mon battant.

Battant, en termes d’Histoire naturelle, se dit des deux parties d’une coquille bivalve, qui se joignent l’une contre l’autre pour enfermer l’animal. Valva. Il faut que la matière de ces corps (purifiés) ait coulé comme dans un moule, par l’ouverture que laissoient les deux battans de la coquille. Tournefort. Acad. 1700. Mém. p. 32.

Battans, en Botanique. On appelle quelquefois ainsi les deux valves ou panneaux qui forment les siliques. Voyez Panneaux.

Battant, en termes d’Anatomie, se dit des deux parties d’une valvule qui ferment & ouvrent le passage d’un canal dans le corps animal. Valvæ fores. Les battans de la valvule du colon. Quand cette partie est desséchée, les deux battans de la valvule étant plus écartés, laissent un passage plus libre à la liqueur. Journ. des Sc. pag. 613.

Battant. Terme de Rubannerie. C’est le châssis qui porte le rô pour frapper la trame. Dans ce métier ce n’est point l’ouvrier qui frappe. Il ne fait que repousser de sa main le battant, qui tenant à un ressort, est ramené de lui même, ce qui soulage le Rubannier.

Battant. C’est aussi ce qu’on appelle autrement la chasse dans les métiers d’ouvriers en soie, en laine & en fil. Les Gaziers, ou faiseurs de gaze ne se servent que du terme de battant.

Battant-l’œil. s. m. Espece de coiffure de femme dont les côtés avancent beaucoup sur le visage, principalement la portion qui est vis-à-vis des tempes & des yeux, qui est taillée exprès en cintre, vis-à-vis de ces parties ; en sorte que cette partie de la coiffe étant fort avancée, & n’étant soutenue de rien, vient frapper contre la joue & l’œil de la personne, lorsqu’elle est agitée par l’air, ce qui lui a fait donner le nom de battant-l’œil. On dit, une coiffure en battant l’œil. J’étois coiffée en battant l’œil.

Battant du pavillon. Terme de Marine. C’est la longueur qui voltige en l’air. Le pavillon a toujours un quart de battant plus que de guindant. La hauteur qui regne le long du bâton s’appelle le guindant.

Battant, en termes de Menuiserie, se dit des pièces de bois de sciage qui servent à faire des portes, & qui sont les principales pièces en hauteur, où s’assemblent les traverses Postis. Elles se débitent ordinairement de quatre pouces sur huit d’épaisseur, ou de cinq pouces sur douze. On appelle aussi battans les ventaux des portes.

Battant, se dit aussi du fer d’un loquet qui se leve, & qui s’abaisse pour fermer une porte. Pessulus.

Battant, est aussi une pièce de fer qui est suspendue au milieu d’une cloche, qui sert à la battre & à la faire sonner. Clava, tudicula, tintinnabulum. Le battant de la grosse cloche de Paris pese 1300 livres. Quelques-uns disent batail. Battant est plus usité.

Battant, gérondif du verbe battre. Plagosus.

Je ne suis point battant de peur d’être battu.
Et l’humeur débonnaire est ma grande vertu. Mol.

Battant, s’emploie encore adjectivement dans ces phrases. Métier battant, qui est actuellement employé. Porte battante, qui se referme d’elle-même.

Le mot de battant se dit aussi adverbialement dans ces phrases proverbiales, faire une chose tambour battant ; c’est-à dire, de hauteur, au vû & sû de tout le monde, sans craindre que personne l’empêche. On dit aussi des gens qu’on a mis en fuite, qu’on les a menés battant, soit à l’armée, soit dans les combats particuliers ; & figurément de ceux sur qui on a eu de continuels avantages, dans une dispute, dans un procès, ou au jeu. On dit aussi d’un habit, d’un meuble, qu’il est tout battant neuf ; pour dire, qu’il a tout son éclat, qu’il n’a point du tout servi. Je crois que cette expression vient de ce que d’abord l’on a dit bastant neuf, c’est-à-dire, valant un neuf, équivalant à un neuf, ce qui d’abord se disoit non pas des choses toutes neuves, mais si bonnes encore, & si peu usées, qu’elles valoient autant que si elles avoient été neuves ; ensuite on a prononcé battant, en ôtant l’s, & ce mot ainsi changé ne présentant plus la première idée de bastant, valant, & ne signifiant plus rien, on l’a attribué aux choses toutes neuves.