Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAGAGE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 696).
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BAGAGE. s. m. Hardes, meubles, ustensiles, équipage de guerre, ou de voyage. Impedimenta, farcina.

Bagage, se dit aussi en nom collectif de tout l’équipage d’une armée, même de l’artillerie. On a défait les ennemis, pillé & enlevé tout le bagage. Les valets gardent le bagage. Jean le Breton, Seigneur de Villandry, s’entretenant un jour avec Claude de Lorraine, premier Duc de Guise, d’une bataille du roi François I, contre l’Empereur Charles V, jura qu’il s’y étoit trouvé, & même en un lieu où le Duc n’auroit jamais osé paroître. Celui-ci témoignant être choqué de ce discours, le Breton l’apaisa aussi-tôt, en disant : J’étois avec le bagage.

☞ On appelle gros bagage, celui qui ne sauroit être voituré que par charrois ; & menu bagage, celui qui peut être porté sur des bêtes de somme.

On dit figurément & proverbialement, qu’il faut plier, trousser bagage ; pour dire, qu’il faut s’enfuir, qu’il faut déménager, qu’il faut mourir. Et on dit d’un homme mort, qu’il a plié bagage. On dit d’un homme fort stupide, que c’est un vrai cheval de bagage. On dit aussi qu’on a du bagage logé chez soi, quand on y a logé des filous, ou gens de mauvaise vie, qui à tous momens sont contraints de déménager, d’emporter leur bagage, leurs meubles.

Il vient du mot de bagues, quand il signifie hardes. Ils s’en sont allés bagues fauves, c’est-à-dire, ils ont emporté leur bagage. Et l’un & l’autre, c’est-à-dire, bague & bagage, selon Etienne Guichard, peuvent être pris de l’hébreu בגד beghed, qui signifie habit, harde. D’autres disent qu’il vient de baga, mot de la basse latinité, qui signifie coffre, parce qu’on met le bagage dans des coffres.