Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BADINAGE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 694-695).
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☞ BADINAGE. s. m. Action de celui qui est badin, folâtre, Jocus, nuga.

Badinage, signifie aussi en matière de galanterie, enjouement, manière de dire agréablement les choses, petits riens qui amusent des amans. Ainsi Sarrasin a dit, que Voiture avoit fait, je ne sais comment, les muses à son badinage.

Imitons de Marot l’élégant badinage. Boil.

Ils s’occupent tantôt d’un simple badinage,
Qui des tendres amours est le charmant partage. Font.

Badinage, se prend quelquefois dans une signification plus étendue, & signifie tout ce qui est agréable & délicat dans les manières, dans les ouvrages d’esprit : en ce sens on l’oppose aux sérieux.

 
C’est trop que d’avoir en partage
Et les talens du sérieux,
Et l’agrément du badinage. Div. de Seaux.

Quand de tes vers l’élégant badinage
Sans nul pardon jetta son livre au feu,
Trop tard connut que ce n’étoit un jeu, &c.

On le prend encore dans un sens qui a quelque chose de figuré, pour des mouvemens, des manières agréables qui font plaisir.

Ou chaque Nimphe en sa fontaine
Répand aux environs une douce fraîcheur :
Ou par d’innocens badinages,
Par de tendres gazouillemens,
Toutes font mille amusemens
Au travers de mille boccages. P. Buffier.

Badinage, signifie aussi, manière sotte & ridicule. Ineptia. Je laissai passer tout ce badinage, où l’esprit de l’homme se joue de l’amour de Dieu. Pasc. Et que prétendez-vous avec ce badinage. Mol.

On dit aussi, qu’un valet est fait au badinage de son maître, lorsqu’il sait tous ses petits secrets ; qu’il s’accommode à ses façons de faire, à certaine manière particulière d’agir.