Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVALER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 615).
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☞ AVALER. v. a. Faire descendre le boire & le manger par le gosier dans l’estomac.Voyez Déglutition. Sorbere , haurire. Alexandre prit d’une main la lettre & de l’autre le breuvage qu’il avala. Vaug. Avaler les morceaux sans mâcher. Avaler un os, une arrête.

J’avalois par hasard
Quelque aile de poulet dont j’arrachais le lard.

Boil.

Avaler, signifioit autrefois, vider. Avaler un étang, faire écouler les eaux.

Avaler, sur les rivières, v. n. Aller suivant le courant de l’eau. Ce bateau avale, va en avalant. Voyez Aval.

Ce mot vient de avallare, qui a été fait de ad, & de vallis, comme qui diroit, mettre aval. Ménag.

Avaler une oreille, avaler un bras à quelqu’un, signifie, les couper avec une arme tranchante, & les faire choir à terre. Abscindere, amputare. Ce mot est populaire. L’Abbé Talleman s’en est cependant servi dans sa Traduction de Plutarque. Il lui avala l’épaule d’un coup d’épée. Tail. vie de César. Il n’en vaut pas mieux.

Avaler, en termes de Jardinage, c’est couper une branche près du tronc. Rescindere. On dit mieux, ravaler, ou abaisser, dans le même sens.

Avaler, signifie aussi, descendre quelque chose. Demittere. Avalez la lampe. Avalez le crochet à la viande. On dit d’un Tonnelier, qu’il avale le vin dans la cave, lorsqu’il le descend. Il est populaire.

Avaler la ficelle. Terme de Chapelier. C’est la faire descendre depuis le haut de la forme du chapeau, jusqu’au bas, qu’on appelle le lien. L’instrument avec lequel se donne cette façon, le nomme une avaloire.

Avaler, s’emploie quelquefois au figuré, dans des phrases proverbiales. Sa valeur est alors déterminée par les mots auxquels il est joint. Avaler le calice, c’est se soumettre à quelquechose de fâcheux, malgré la répugnance qu’on peut avoir. On dit dans le même sens, avaler le morceau. Dorer la pilule pour la faire avaler. Avaler des couleuvres, recevoir des mortifications qu’on est obligé de dissimuler, sans oser s’en plaindre.

Avaler, en termes de Banque, c’est répondre d’un billet, ou d’une lettre de change qu’on négocie, & qu’on certifie bon & exigible. Cautionem, vadem dare. Donner son aval, sa souscription. Avaler un billet, une lettre de change.

Avaler, se dit aussi souvent avec le prénom personnel, & signifie descendre dans l’estomac. Sorberi, hauriri, &c. Morceau qui s’avale. Cela s’avale à merveille. Sorbilis.

s’Avaler, se dit aussi pour pendre trop bas, descendre trop bas. Pendere. Le ventre de ce cheval s’avale. Populaire.

Avaler, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu’un homme ne fait que tordre & avaler, qu’il avaleroit la mer & les poissons ; pour dire, qu’il mange goulûment, que rien ne peut le rassasier. Avaler sans corde & sans poulain, c’est faire volontiers & facilement une chose. On dit en ce sens, avaler un verre de vin sans corde & sans poulain. Quand on a avalé le bœuf, il ne faut pas s’arrêter à la queue. De Roch. C’est-à-dire, que dans une entreprise, quand on a fait la plus difficile, ou la plus grande partie, il ne faut pas se rebuter, ni être arrêté par ce qui reste à faire.

AVALÉ, EE. part. pass. Sorptus, haustus.