Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AULIQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 646).
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AULIQUE. s. f. C’est un acte qu’un jeune Théologien soutient dans l’Université, lorsqu’il s’agit de recevoir un Docteur en Théologie. Aulica. Cet acte est ainsi nommé du mot latin aula, qui signifie salle ; parce qu’il se fait dans la grande salle de l’Archevêché de Paris. Celui qui y préside est le même qui doit prendre le bonnet de Docteur. La matière n’est point déterminée, puisque c’est toujours celle que le Soutenant posséde le mieux. L’aulique commence par une harangue du Chancelier de Notre-Dame, à celui qui doit être reçu Docteur ; à la fin de laquelle il lui donne le bonnet. Le jeune Docteur lui fait aussi-tôt son compliment, & préside à l’aulique. Il y dispute seul. L’aulique étant finie, le Chancelier & les Docteurs, accompagnés des Bédeaux, menent le nouveau Docteur à Notre-Dame, où il fait le serment de la Faculté devant l’Autel de saint Sébastien, à présent saint Denys. Ensuite, si le nouveau Docteur est de Sorbonne, ou de Navarre, on le reconduit dans l’une ou dans l’autre de ces maisons, où il donne à dîner à tous ceux qui sont de sa société. Ce dîné s’appelle à Navarre & en Sorbonne Doctorerie. On donne aux Docteurs assistans ou non assistans à la dite Thèse la somme de trente-deux sous six deniers, & aux Religieux mendians Docteurs celle de vingt sous. Cette Thèse ne se soutient pas seulement dans l’Université de Paris, mais aussi dans d’autres Universités, & l’on y observe les mêmes formalités qu’à Paris.

Aulique. adj. m. & f. Qui regarde & concerne la Cour. Aulicus, a. Je ne pourrois jamais m’assujétir à la vie aulique des Courtisans. M. le Duc de Montausier avoit pris plaisir à la lecture des Anciens, autant que sa vie militaire & aulique le lui avoient pu permettre. Huet. Dans ce sens il n’est plus en usage.

Aulique, est aussi un nom qui s’applique à quelques Officiers de l’Empire, qui composent une Cour supérieure, laquelle a une Juridiction universelle & en dernier ressort, sur tous les sujets de l’Empire, pour tous les procès qui y sont intentés. Aulicus. On dit Conseil aulique, Cour ou Chambre aulique, Conseiller aulique. Le Conseil aulique est établi par l’Empereur, qui nomme les Officiers, mais l’Electeur de Maycnce a droit de visite. Ce Conseil est composé d’un Président Catholique, d’un Vice-Chancelier que l’Electeur de Mayence présente, & de dix huit Assesseurs ou Conseillers, neuf Catholiques, & neuf Protestans. Ils sont divisés en deux Bancs, dont l’un est occupé par des Nobles, & l’autre par des Jurisconsultes. Ils tiennent leur Assemblée auprès de la personne de l’Empereur ; c’est pourquoi on l’appelle Justice de l’Empereur ; & Conseil aulique, parce qu’il suit la Cour, & fait sa résidence dans l’endroit où elle est. Ce Conseil a concurrence avec la Chambre Impériale de Spire, en ce que la prévention y a lieu, & que lorsqu’une cause y est retenue, elle ne peut être portée à la Chambre Impériale, & vice versa. L’Empereur même ne peut pas empêcher, ni suspendre la décision, & encore moins évoquer à foi les causes dont l’une ou l’autre Cour est une fois saisie, si ce n’est du consentement commun des Etats de l’Empire. Dans beaucoup d’affaires pourtant ce même Conseil n’arrête rien sans la participation de l’Empereur, & décrète ainsi, fiat votum ad Cæsarem. C’est qu’on en fait le rapport à l’Empereur dans son Conseil d’Etat. Cette Cour aulique cesse aussi-tôt que l’Empereur meurt. La Chambre Impériale de Spire au contraire est perpétuelle, représentant non-seulement le Chef mort, mais encore tout le corps de l’Empire ensemble, qui est toujours réputé vivant. Heiss. Lymnæus, Liv.IX, ch. 4.