Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ATTAQUER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 603).
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ATTAQUER. v. a. Commencer une attaque, une querelle, une insulte : être l’aggresseur. Provocare, lacessere, adoriri. Il a attaqué ce pauvre homme qui ne lui disoit mot. Il est du droit naturel de se défendre quand on est attaqué. Cicéron, après avoir hautement blâmé ceux qui attaquent les personnes, au lieu de n’attaquer que les raisons, souilla lui même le Barreau par des injures. Bail. On a établi que c’est aux hommes à attaquer, & aux femmes à se défendre, parce que les hommes se défendroient trop bien. Font. On peut douter de la vertu d’une femme qui n’a point été attaquée. S. Evr. On disoit autrefois attacher : & leur commanda qu’ils allassent attacher l’ennemi. Amiot. Apparemment parce qu’on s’attache, ou qu’on pourroit s’attacher à ceux qu’on attaque.

☞ On dit aussi figurément, attaquer quelqu’un de conversation ; pour dire, adresser la parole à quelqu’un, afin de l’engager à parler. Acad. Fr.

Attaquer, en termes d’Escrime. Voyez Attaque.

Attaquer un cheval. Terme de Manège. C’est le piquer vigoureusement avec les éperons.

Attaquer les ennemis, une place. Oppugnare, invadere, aggredi. Il attaqua l’ennemi jusque dans ses retranchemens. Attaquer en flanc, c’est attaquer les côtés d’un bataillon. On le dit aussi au jeu. Un bon joueur d’échecs doit toujours attaquer. On dit encore attaquer une proposition.

Attaquer, signifie aussi, entreprendre, offenser le premier. On attaque l’innocence par de faux soupçons. Ils attaquent la mémoire de votre père. Vaug. Attaquer un Auteur sur ses ouvrages. Lacessere.

Attaquer, avec le pronom personnel, signifie ☞ offenser ouvertement quelqu’un, ou se déclarer ouvertement contre lui. On ne doit pas s’attaquer à plus fort que soi. Lacessere, adoriri. Le caractère de l’envie est de s’attaquer aux plus louables actions. S. Evr. Tibère n’osa s’attaquer à ma personne, parce qu’il me crut assez aimé des soldats, pour n’être pas attaqué impunément. Vill.

Ce mot marque d’ordinaire le sentiment qui fait entreprendre d’attaquer une personne plus puissante que soi, & qu’on devroit redouter.

Mais t’attaquer à moi ! qui ta rendu si vain ? Corn.


De jouer des bigots, la trompeuse grimace
C’est s’attaquer au ciel. Boil.

ATTAQUÉ, ÉE. part. Oppugatus, lacessitus. Celui qui se sent attaqué dans son foible, conçoit le même dépit qu’une femme laide à qui on présente le miroir. Bell. On dit en proverbe, bien attaqué, bien défendu ; pour dire, que la défense répond à l’attaque.