Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARRHES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 526).
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☞ ARRHES. s. f. pl. Arrha, arrhabo. Gage en argent, que l’acheteur donne au vendeur, pour Sureté du marché qu’il fait avec lui. Quelques-uns prononcent, & même écrivent arres. Dans le Diclionnaire de Droit, la prononciation du mot arrhes est ainsi marquée. On dit toujours, j’ai donné des airs. Il falloit au moins écrire des aires. Quoiqu’il en soit, on doit écrire & prononcer arrhes.

Les arrhes font un gage qu’on donne pour assurance de l’exécution de quelque marché qu’on a fait verbalement, & qui est ordinairement une avance d’une partie du prix convenu. Pignus, vas. En droit, qui rompt un marché, perd les arrhes qu’il a données ; ou si c’est celui qui les a reçues, il rend les arrhes doubles.

Les arrhes sont comme un gage que l’acheteur donne au vendeur en argent ou autre chose, soit pour marquer plus surement que la vente est faite, ou pour tenir lieu de payement de partie du prix, ou pour les dommages & intérêts contre celui qui manquera d’exécuter la vente. Ainsi les arrhes ont leur effet selon qu’il en a été convenu. Les Lois Civiles. T. I.

Arrhes, se dit figurément de ce qui marque assurance d’une chose, qui en est le gage. Recevez ce petit présent pour arrhes de ma bonne volonté. Tant de grâces spirituelles & temporelles sont comme les arrhes & les prémices des biens à venir. Port. R.

Donner des arrhes au coche, dans le sens propre, c’est s’assurer d’une place, en payant d’avance une partie de ce qui est dû pour la place. Au figuré, c’est s’engager dans une affaire, dans une société. Il ne peut plus reculer, il a donné des arrhes. Expression familière.

Ce mot est dérivé du latin arrha, qui est en usage dans cette langue, principalement chez les Jurisconsultes. Ceux-ci l’ont pris du grec ἀῤραϐών, & les Grecs de l’hébreu Arabon, qui signifie gage, & qui vient de ערב, arab, qui veut dire, trafiquer, promettre, donner des assurances, fide jubere.

Saint Paul s’est servi de ce mot arrhabon dans son épitre aux Ephésiens, chap. i, v. 14, où il est dit, que le Saint-Esprit est l’arrhe de notre héritage. Messieurs de Port-Royal ont traduit, est le gage & les arrhes de notre héritage. Il y a dans la Vulgate, pignus, c’est-à-dire, gage. Monsieur Simon, qui a conservé le mot de gage dans sla version, a ajouté cette notte : il y a dans le grec arrhe, comme si le Saint-Esprit avoit été donné par avance aux Fidèles en attendant qu’ils jouissent de l’héritage qui leur a été promis.