Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APOLLINE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 411).
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APOLLINE, s. f. Apollonia. Nom d’une Sainte Vierge, qui souffrit le martyre sous Philippe. Quelques Dictionnaires disent Apolline, ou Apollonie, comme si l’un & l’autre étoit également bon. Ils se servent même du dernier plutôt que du premier dans leurs discours. Cela est contre l’usage. On dit toujours Sainte Apolline, & jamais Sainte Apollonie, si ce n’est en Auvergne ; car M. l’Abbé Chastelain, dans son Martyrologe au 9 février, remarque que dans cette province on prononce Sainte Apollonie, & non pas Sainte Apolline, comme on dit ailleurs. Le Martyrologe romain dit qu’elle souffrit sous Dèce, mais ces mots, sous Dèce, ajoutés dans le nouveau Martyrologe romain, à l’éloge qu’Usuard, après Addon, fait de cette Sainte, sont contraires à ce qu’en dit S. Denys d’Aléxandrie, dans sa lettre à Fabius d’Antioche rapportée par Eusèbe, Liv. 6, ch. 34, où on lit, qu’un an entier avant que Dèce commençât à persécuter l’Eglise, cette Sainte fut martyrisée à Al'xandrie dans une émeute populaire, Philippe étant pour lors Empereur, & non pas Dèce. Dans les bas siècles on a inventé des actes de Sainte Apolline, qui n’ont aucun rapport à ce que S. Denys d’Al'xandrie dit d’elle, excepté l’arrachement des dents. Le Jésuite Bollandus, qui les a donnés sur un manuscrit d’Utrecht, les qualifie d’apocryphes. Comme l’Auteur de ces actes fait tuer Sainte Apolline d’un coup d’épée à Rome, sous Julien l’Apostat, ils ont trompé Gréven, Canisius, & Ferrarius, en leur faisant distinguer mal-à-propos deux Saintes Apollines.