Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANTHOLOGE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 380).
◄  ANTHOCEROS
ANTHOLOGIE  ►

ANTHOLOGE. s. m. C’est le nom d’un livre ecclésiastique qui est en usage chez les Grecs. Ils le nomment en leur langue ἀνθολόγιον, Anthologion ; & c’est ce que nous appelons en latin florilegium, & par un semblable mot nous disons en notre langue Fleurs des Saints. En effet, c’est un recueil des principaux offices qui sont en usage dans l’Eglise grecque. Il contient les offices de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge & des plus célébres Saints. On y trouve de plus certains offices communs des Prophètes, des Apôtres, des Martyrs, des Pontifes, des Confesseurs. Leo Allatius, qui a parlé de ce livre dans sa première dissertation sur les livres ecclésiastiques des Grecs, dit qu’il n’a été composé que par un motif de gain, Liber lucri causâ excogitatus. La raison qu’il en apporte, c’est qu’à la réserve de quelques nouveautés qu’on a ajoutées, il ne contient rien qui ne se trouve dans les Menées & dans les autres livres ecclésiastiques des Grecs. Quoique cet ouvrage fût peu de chose dans les commencemens, c’est aujourd’hui un assez gros livre, qui s’est augmenté peu à peu selon la fantaisie de ceux qui ont pris soin de le publier. Il est présentement intitulé : Anthologe de toute l’année, qui contient quelques autres offices nécessaires, & des explications qui n’étoient point dans les Anthologes précédens.

Outre cet Anthologe, qui est à l’usage des Eglises grecques, Antoine Arcudius en a publié un nouveau sous le titre de Nouvel Anthologe, ou Florilége, qui a été imprimé à Rome in-4° en 1598. Le dessein d’Arcudius étoit de mettre en abrégé l’ancien Anthologe que les prêtres & les moines Grecs qui devoient réciter le bréviaire ne pouvoient porter dans leurs voyages, parce qu’il est trop gros. Il entreprit cet ouvrage par l’ordre du Cardinal Sanctorius, protecteur des Grecs, afin que ceux qui ne peuvent pas réciter l’office dans le chœur, pussent par ce moyen satisfaire à leur devoir. Mais si on excepte quelques moines Grecs d’Italie qui s’en servent, parce qu’ils n’en ont point de meilleur ni de plus commode, il a été rejeté généralement comme un ouvrage inutile. Allatius condamne Arcudius, qu’il accuse d’avoir changé ce qui étoit ancien, & d’avoir ajouté plusieurs choses nouvelles ; d’avoir fait plusieurs mélanges ridicules, & qui ne pouvoient être du goût des Grecs, sur-tout de ceux qui ont quelque littérature.