Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMANDE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 265-266).
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AMANDE. s. f. Semence de tous les arbres à noyau, qui est enfermée dans une écorce fort dure, qu’on casse quand on la veut manger. Amygdala. Amande d’abricots. Amande de cerises. Amande de prunes. Le composé de ces deux parties, de la semence & de l’écorce ligneuse, s’appelle noyau.

Amande, est aussi un fruit particulier, qui est enfermé dans un gros noyau, & sous une écale. C’est le fruit de l’amandier. Il y a des amandes vertes ; des amandes confites, pelées. On fait du lait d’amandes, du massepain avec des amandes ; & de la pâte d’amandes, pour blanchir les mains. Le Médecin de Drusus, grand buveur au rapport de Plutarque, prenoit à chaque coup cinq amandes amères, pour appaiser les fumées du vin. L’huile d’amandes douces tirée sans feu est fort estimée. Voyez l’Histoire des Indes d’Acosta sur les amandes du Pérou. Ménage dérive ce mot de amandala, qui se trouve dans les Capitulaires. D’autres croient qu’elles sont ainsi nommées pour être venues d’Allemagne, à cause que Perceval en son Roman les nomme Allemandes. Il vaut mieux tirer ce mot du grec ἀμυγδαλον. Quelques-uns disent que les amandes amères concassées endorment les poules, ou les tuent, en sorte qu’on les prend facilement à la main ; & que c’est un secret de Bohémiens, aussi-bien que le marc d’amandes dont on a tiré l’huile, qui leur est un poison dangereux, quoiqu’il ne nuise point aux autres animaux. Il y a aussi de certaines dragées qu’on nomme amandes lissées, qui sont des amandes couvertes de sucre fondu ; des amandes à la prâline, qui sont fricassées au sucre en conserve avec la peau. On les appelle Prâlines, d’un sommelier du Maréchal du Plessis-Prâlin, qui le premier s’est avisé de les préparer de cette façon. Quand on fait des amandes à la prâline, il les faut remuer toujours avec une spatule, jusqu’à ce qu’elles aient bien pris tout le sucre, & qu’elles soient bien prâlinées. On pèle les amandes vertes pour en faire des compotes, ou confitures, de la même manière que les abricots, excepté qu’il faut se servir de lessive, & non point de sel. La compote d’amandes vertes se fait comme celle d’abricots ; & quand elles ont pris leur vert, il faut les achever promptement, de peur qu’elles ne noircissent. Chom. La pâte d’amande sert à décrasser les mains. A l’égard des amandes amères, on prétend qu’elles empoisonnent les renards, les poules, & les écureuils : on la donne dans les coliques néphrétiques, & dans la pleurésie. Extérieurement on s’en sert pour les maux d’oreilles. Amygdalus vient du mot grec ἀμύϰα qui signifie une gersure, à cause que la première écorce, ou le bon fruit de l’amandier, se gerse & se fend.

Amande. s. f. Les Lapidaires & Miroitiers appellent aussi Amandes, les morceaux de cristal de roche, ou de cristal fondu, qu’ils ont taillés au rouet, d’une figure approchante de ce fruit. On s’en sert dans la monture des lustres de cristal à en faire des pendans qu’on mêle avec les boules.

Amande, en terme de Fourbisseur, est cette partie de la branche d’une garde d’épée qui en occupe le milieu, de figure un peu ovale, comme la poignée & enrichie de divers ornemens.

Amandes. C’est aussi un fruit qui sert de basse monnoie dans plusieurs endroits des Indes orientales, particulièrement où les Cauris, ces petites coquilles qui viennent des maldives, n’ont point de cours. Ces amandes croissent dans les déserts du royaume de Lar, autrement dans la Caramanie déserte ; d’où elles sont transportées à Ormus, île du golfe Persique : & de-là elles se répandent dans une grande partie des Indes.

Amande. Sorte de peine pécuniaire. Voyez Amende.