Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALIÉNER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 230).
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ALIÉNER. v. a. Vendre ou transférer la propriété d’un fonds, ou de ce qui en tient lieu de quelque manière que ce soit. Abalienare, Alienare. Aliéner une terre, une rente, un droit, une succession, une universalité de meubles. Les défenses d’aliéner sont odieuses, & contre le droit commun. Le Mait. On ne peut retirer des intérêts de son argent, qu’on n’aliéne le fonds en constituant une rente ; on ne l’aliéne qu’avec la faculté de rachat perpétuel. Le Concile général de Latran en 1123, défend à aucun Clerc d’aliéner sa Prébende ou autre Bénéfice ecclésiastique.

On dit figurément aliéner les affections, les cœurs, les esprits ; pour dire, les détourner, faire perdre l’estime & l’affection. La cruauté de Néron lui aliéna l’affection de tous ses sujets. Cela lui aliéna les esprits de la province. Ablanc. On dit aussi, aliéner l’esprit à quelqu’un ; pour dire, lui faire perdre l’esprit, le faire devenir fou. Ad insaniam adigere.

ALIÉNÉ, ÉE. part. Abalienatus, alienatus. ☞ Il a les significations du verbe au propre & au figuré. Fonds aliéné. Terre aliénée. Esprits, cœurs aliénés. Avoir l’esprit aliéné : & adjectivement, être aliéné d’esprit. Il y a chez nous un sens qu’il est de la dernière importance de ménager, c’est le sens de la vûe : celui-là une fois aliéné, il n’y a plus de grâce à attendre des autres. Obs. sur les Ecr. mod. t. 25. p. 18.