Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGNUS DEI

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 163-164).
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AGNUS DEI. s. m. ou simplement Agnus. C’est le nom qu’on donne à une espèce de pâte ou cire bénite par le Pape, sur laquelle est imprimée la figure d’un agneau. Cerea agni cœlestis effigies. Le Pape bénit de sept ans en sept ans les Agnus Dei avec le S. Chrême, & leur distribution appartient à la charge du maître de sa garde-robe. Les Cardinaux les reçoivent avec grande révérence dans leurs mitres. Les Feuillans ont droit de paîtrir ceux qu’on fait de pâte.

Cette cérémonie vient d’une ancienne coutume de l’Eglise. On prenoit une certaine partie du cierge de Pâque qu’on avoit béni le Samedi Saint, & après la communion on la distribuoit au Peuple pour en faire des parfums dans leurs maisons, & dans leurs champs & leurs vignes, afin d’en chasser les démons, & les préserver des tempêtes & des orages, comme témoigne le P. Sirmond. A Rome l’Archidiacre bénissoit de la cire arrosée d’huile, & mettoit dessus l’empreinte de la figure d’un agneau pour la distribuer au peuple. Ce qui a fait que depuis, les Papes en ont fait des consécrations plus solennelles. Voyez Amalarius, Auteur du IXe Siècle, dans son ouvrage des Offices ecclésiastiques. Alphonse Ciccarelli a fait un Traité de l’origine de la bénédiction & des vertus de l’Agnus Dei, dont le P. Labbe fait mention en sa Bibliothèque.

Anciennement on donnoit l’Agnus Dei au nouveau baptisé, à la place de la robe blanche qu’il quittoit, afin d’avoir par-là un symbole qui l’avertît continuellement de la sainteté de vie à laquelle il étoit obligé, & de la nécessité où il étoit d’imiter l’agneau de Dieu dans sa douceur, son humilité, & son innocence. Cet Agnus Dei étoit blanc & paîtri de la cire du cierge Paschal, béni par le Pape, & on le portoit au col.

☞ On donne le même nom à de petites images de piété, ornées de broderie, faites pour les enfans.

☞ On prononce ces mots à la Françoise, c’est-à-dire, en ne faisant du g & de l’n, qu’un n mouillée, comme dans besogne.

Nous appelons aussi vulgairement Agnus Dei, cette partie de la Messe où le Prêtre se frappant la poitrine, dit trois fois à haute voix une prière qui commence par ces mots, Agnus Dei. La Messe est-elle avancée ? Elle en est à l’Agnus Dei. C’est le Pape Sergius, qui à la fin du VIIe siècle ordonna que l’on chantât à la Messe Agnus Dei, pendant que l’on rompoit les hosties. Fleur.