Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGNUS CASTUS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 164).
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AGNUS CASTUS. s. m. Vitex. Arbrisseau dont les branches sont pliantes & fort souples. Ses feuilles sont découpées en cinq parties, c’est à-dire, en main ouverte, & ressemblent à celles du chanvre, excepté qu’elles ne sont pas dentelées si profondément à leur bord, & qu’elles sont plus blanchâtres. Ses fleurs naissent au sommet des branches en forme d’épi, ramassées ensemble autour des branches en manière d’anneau. Chaque fleur est d’une seule pièce, qui a la figure d’un tuyau, dont l’ouverture extérieure s’évase & se découpe en deux lèvres. Le fruit qui succède à la fleur est sphérique, dur, & partagé ordinairement en quatre loges, qui contiennent chacune une semence assez menue. Les Anciens étant persuadés que cet arbrisseau étoit un spécifique pour conserver la chasteté, lui ont donné le nom de doublement chaste : les Médecins se servent de ses fruits en émulsion, pour adoucir l’âcreté des urines, & pour les gonorrhées virulentes. L’infusion de ces mêmes fruits est bonne pour l’hydropisie, & pour les pâles couleurs. Les Grecs l’ont appelé ἄγνος, c’est-à-dire, chaste, parce que les dames Athéniennes qui faisoient profession de chasteté, couchoient sur des feuilles d’Agnus Castus pendant les sacrifices de Cérès. On fait des conserves & des opiats d’Agnus Castus. M. Chomel en distingue deux espèces ; le grand, qui devient arbre comme le saule ; & le petit, qui a les feuilles plus velues.