Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFLICTION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 143).
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AFFLICTION. s. f. état de tristesse ou d’abattement où nous jette un grand accident, & dans lequel la mémoire de cet accident nous entretient. Dolor, mœror, ægritudo. Les élûs sont éprouvés dans l’affliction. Les discours étudiés de ces consolateurs sans douleur, irritent plus l’affliction qu’ils ne l’adoucissent. M. Scud. Il reçut une sensible affliction de la mort de son ami. Ablanc. Je trouverai la paix dans mon affliction la plus amère. Port-R. Il n’y a qu’une affliction qui dure ; c’est celle qui vient de la perte des biens. La Bruyère. Il y a des femmes qui ont la triste & fatigante vanité de se rendre célébres, par la montre d’une inconsolable affliction Rochefort. L’homme doit être dégoûté & lassé de la vie par les douleurs, & par les afflictions. Abad. L’affliction est un tribut que l’homme sage doit payer sans honte à la nature ; & rien en cela ne le doit distinguer des foibles, que la modération. Cail.

☞ L’affliction est au chagrin, ce que l’habitude est à l’acte. La mort d’un pere nous afflige ; la perte d’un procès nous donne du chagrin. Les affligés ont besoin d’amis qui les consolent en s’affligeant avec eux. Les personnes chagrines ont besoin de personnes gaies qui leur donnent des distractions. Diderot.

☞ Le mot d’affliction, ainsi que ceux de chagrin, de tristesse & de désolation ne disent que des peines de l’esprit & du cœur. Voyez ces mots. Affliction dit plus que tristesse, mais moins que douleur. Désolation ajoute à tout cela.