Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFILER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 140).
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AFFILER. v. a. Terme de Coutelier. Donner le fil à un couteau, à une épée, à une faux, à une coignée, & à tous autres instrumens tranchans, en les passant sur la meule ou sur le grais, ou avec la pierre à aiguiser. Affiler un rasoir. Acuere.

Affiler, est aussi un terme de Tireur d’or. Il signifie, mettre le lingot d’or ou d’argent dans la filière. Affiler un lingot d’or, affiler une verge d’or ou d’argent. Aurum vel argentum in fila ducere.

Affiler est encore un terme de Jardinier. Il signifie, planter à la ligne. Affiler des arbres. Arbores ad lineam exigere, mais aligner vaut mieux. Voyez Aligner.

Affiler. Terme d’agriculture. Les Laboureurs disent, nos blés sont tous affilés. Les gelées du mois de Mars ont affilé tous nos blés, c’est-à-dire, ont rendu les fanes du blé tellement petites & pointues, qu’il semble que ce ne soit que des filets. Cet accident, qui n’arrive aux blés que par des froidures qui surviennent au mois de Mars, n’est autre chose qu’une altération causée aux fibres de la fane encore tendre, qui perdant par-là les dispositions nécessaires pour recevoir le suc nourricier, s’affile au lieu de prendre toute l’extension en longueur & largeur qui lui convient pour être belle. Liger.

AFFILÉ, ÉE, part. On dit figurément, un bec affilé, d’une personne qui est grande parleuse, & le plus souvent médisante. Loquax, garrulus. Elle a la langue bien affilée, le caquet bien affilé. Il est familier.