Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ADOPTIF

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 118).
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ADOPTIF, IVE. adj. Celui qui est adopté. Adoptativus, filius adoptivus. L’Empereur Adrien préféroit les enfans adoptifs aux enfans naturels, parce qu’on choisit les enfans adoptifs, & que le hasard donne les enfans naturels. Les enfans adoptifs, chez les Romains, partageoient avec les enfans naturels. C’est pourquoi ils prenoient le nom & le surnom de celui qui les adoptoit ; seulement pour marquer leur extraction & leur naissance, ils ajoutoient le nom de la maison d’où ils descendoient, ou le surnom de la branche particulière dont ils étoient issus. ☞ Dans le langage de l’Ecriture, J. C. nous fait enfans adoptifs de son père. M. Ménage a fait imprimer un livre d’éloges, ou de vers qu’on lui a adressés, & qu’il appelle un livre adoptif, qu’il a joint à ses œuvres. D. Heinsius & Furstemberg de Munster ont aussi publié des livres adoptifs ; c’étoient des recueils de Poësies faites à leur honneur. Voyez Adoption.

Adoptif, ive, ou Adoptien, enne. Adoptivus, ou Adoptianus. Nom de Secte. Les Adoptiens eurent pour Chefs Elipand de Tolède, & Félix d’Urgel, qui avoit été son précepteur. Le premier écrivit à l’autre pour savoir de lui comment il entendoit que Jesus-Christ fut Fils de Dieu. Celui-ci lui répondit, que selon la nature humaine il n’étoit poins fils naturel, mais seulement fils adoptif. Ils répandirent tous deux cette doctrine sur la fin du viiie siècle ; & c’est ce qui les fit appeler Adoptifs, ou Adoptiens, eux & leurs Sectateurs. Félix fut convaincu & condamné à Narbonne en 788, à Ratisbonne en 792 ; à Francfort sur le Mein en 794, peu de temps après par le Pape Hadrien ; en 799 par Léon III, & encore la même année à Urgel dans un Synode. Félix & Elipand revinrent de leur erreur. Félix a décrit toute cette affaire dans la confession de foi qu’il envoya après son retour aux Clercs de son Diocèse. Nous avons aussi un ouvrage d’Alcuin contre Félix & Elipan. Il soutient que c’est retomber dans le Nestorianisme, de distinguer en Jésus-Christ deux Fils de Dieu, l’un naturel, & l’autre adoptif ; & deux Dieux, l’un vrai, & l’autre nuncupativus, qui ne l’est que de nom. On appelle Féliciens ceux qui suivirent Félix & Elipand, du nom de Félix, qui en étoit Auteur. Feliciani. Et leurs erreurs, l’Hérésie Félicienne. Hæresis Feliciana. Il y a dans les Nouvelles Littéraires de la mer Baltique 1699, au mois d’Août, p. 238, & suivantes, une Dissertation de Jean Trelland sur cette Hérésie. Voyez aussi les Acta Sanct. Benedic. IV. Sæc. p. 1, præf. §. I.