Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACCOUTRER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 74).

ACCOUTRER. v. a. Vieux mot, qui signifioit autrefois, habiller, orner, parer. Ornare. Il y avoit des singes qu’on avoit accoutrés en charlatans. Ablanc. Charles VIII. accorde à la Duchesse Anne par un traité de 1491, qu’il lui sera donné 60000 livres à ce qu’elle puisse tant mieux accoustrer aucuns ses affaires. Il n’est plus en usage qu’en cette phrase figurée & familière. Cet homme en une telle occasion, a été mal accoutré ; pour dire en raillant, qu’il a été maltraité, ou bien blessé. On diroit plus proprement, accoutrer, & préparer des peaux. Ces mots viennent du Gaulois, ou de l’Allemand. On appelle en quelques Cathédrales, comme à Bayeux, Coutre, le Sacristain ou Officier qui a soin de parer l’Eglise ou l’Autel, & en Allemand Kuster Sacristain, νεωκόρος. Du Traité de Charles VIII, dont nous venons de parler, le P. Lobineau juge qu’accoustrer pourroit bien venir de l’ancien mot Breton cost, dépens, d’où a encore été formé celui de custus, cousts ; mais il se trompe, il vient de Kuster, comme nous l’avons dit. Voyez Coustre.

☞ Aujourd’hui quand on se sert de ces mots, il paroît qu’on y attache l’idée d’un habillement extraordinaire. Voilà un accoutrement bien ridicule. Un homme singulièrement accoutré.