Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ÂNESSE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 346).
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ÂNESSE. La femelle d’un âne. Asina. Dieu fit un miracle, en faisant parler l’ânesse de Balaam, qui empêcha le Prophète de maudire le peuple de Dieu.

Lait d’ânesse, lac asinium. On l’ordonne pour certaines maladies, & pour rafraîchir. Le lait d’ânesse est le meilleur après celui des femmes. J’ai appris de M. Patin que plusieurs personnes de sa connoissance, qui reglément tous les ans avoient pris du lait d’ânesse pendant six semaines ou deux mois, avoient vécu plus de quatre-vingt ans. ☞ Comme il est moins chargé de parties butireuses & caséeuses que les autres laits, il est aussi plus léger & plus facile à digérer. Il est rafraîchissant & propre à adoucir l’âcreté des humeurs. Les gens mols & délicats se frottoient le visage & la peau de pain trempé dans du lait d’ânesse, ou pour la rendre plus blanche, ou pour empêcher que la barbe ne leur vînt sitôt. Voyez Suétone dans Othon, ch. 12. Martial, Liv. X. ép. 68. Ils se faisoient même un masque de ce pain, comme il paroît par Juvénal. Sat. VI. v. 461. & suiv. Poppée, femme de Néron, fut la première, ou une des premières qui usa de cette délicatesse, persuadée que le lait d’ânesse contribuoit à la blancheur, & qu’il ôtoit les rides en tendant la peau. C’est pour cela qu’elle avoit toujours à sa suite cinq cens ânesses ; & c’est aussi pour cela que Juvénal, Sat. VI. v. 462, appelle ces emplâtres de pain trempé dans du lait d’ânesse, Pinguia Popæna. Voyez sur ceci Plin. Hist nat. Liv. XI. c. 41. L. XXVIII. c. 12. Suétone dans Othon, c. 12, Martial. L. X. ép. 68. Juvénal, Sat. VI. v. 460. & suiv. l’ancien Interprète de Juvénal sur cet endroit, v. 468, & Saumaise sur Spartien, c. 4, de la vie d’Adrien.

Ânesse, se dit au figuré, pour signifier, ignorante, sotte, stupide, Asina, stupida, stolida. Ote-toi d’ici, grosse ânesse. Expression basse, bonne pour les halles.