Dictionnaire de Trévoux/1re édition, 1704/Abboi

Jésuites de Trévoux
Trévoux (1-1p. 5).
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AbBOI. substantif masc. On disoit autrefois abay. Le cri d’un chien. Ce mot est factice & formé sur le son des chiens qui crient, ou abboyent. L’abboi des chiens fait connoître le lieu où est le gibier. l’abboi des mâtins est leur cri, quand ils sentent le loup, ou quelque chose d’étrange autour de la maison. Au premier abboi que fait le limier, le loup sort de son liteau, Saln.

On dit proverbialement, Tenir quelqu’un en abboi, pour dire le repaître de vaines esperances.

Aboi, se dit aussi de l’extrémité où est réduit le cerf sur ses fins ; car alors on dit, qu’il est aux abbois, qu’il ne peut plus courir, qu’il manque de force & de courage. Ultima cervi deficientis necessitas. On ne s’en sert dans ce sens qu’au pluriel.

Abbois, se dit figurément de l’homme, & signifie l’agonie, ou la dernière extrémité. Il est réduit aux abbois ; c’est-à-dire, il se meurt. Animam agere. Expirare. On dit aussi, qu’une place est aux abbois, lorsqu’elle ne peut plus tenir, & qu’elle est sur le point de se rendre ; qu’un procès est aux abbois, quand il est presque jugé, ou perdu : qu’une fidélité est aux abbois, lorsqu’elle est presque vaincuë, & qu’elle est prête à succomber. Extrema, summa angustia. On y voit tous les jours l’innocence aux abois. Boil.