Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Job

Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 2 – de « Fin justifie les moyens » à « Loi divine »p. 776-779).

JOB (LIVRE DE). — Ce livre, un des plus curieux et le plus original peut-cire de l’Ancien Testament, est un poème didactique sous forme de dialogue, avec un développement dramatique (cf. NôLnEKiî, f/ist. lill’-r. de l’Ane. 7’csl., p. 266, trad.Soury). Des personnages s’entretiennent sur la scène et s’y succèdent. Leur discussion a pour objet une thèse philosophico-religieuse, à savoir le pourquoi de la soullVance de l’homme sur la terre. A ce problème chacun apporte sa solution. La vraie est celle-ci, que les peines iniligées au juste ici-bas ne sont souvent qu’une épreuve qui l’affermit dans le bien et le pré serve du mal, le purifie et accroît ses mérites devant Dieu (cf../oi., xxxiii, ig, suiv. ; i, 1, 8, coll. 11, 12 ; II. 3, 4, 6).

I. Aperçu et divisions générales du livre. — II. Son auteur et sa date. — III. Son caractère divin. — IV. Historicité de Job : son scepticisme. — V. Historicité du poème de Job.

1. Divisions générales du livre. — Le livre de Job s’ouvre par une narration en prose ; c’este prologue (chap. i-ii).

Suivent les entreliens ^^ Job avec sesamis.EliphaZi Baldad et Sophar (chap. iii-xxxi). 1541

JOB

1542

Job le |)rcinit’r prend la parole. Sans s’adresser directement à personne, il exhale sa douleur en plaintes amères, et maudit le jour qui la vu naître. Un chapitre tout entier (le in°) est consacré à ce

monologue.

Premier entretien (chap. iv-xiv).

i) Eliphaz de Thénian s’entretient avec Job (iv-vii). o) Kliphaz parle le premier (iv et v). h) Job lui répond (vi et vu).

2) Balilad de Suah prend la parole à son toui’(viii-x).

a) Il s’adresse à Job (viii).

b) Job lui répond (ix et x).

3) So[)har de Naaraa parle en troisième lieu (xi xiv). a) Sophar interpelle Job (xi)h ) Le patriarche riposte avec énergie (xii-xiv)

Deuxième entretien (chap. xv-xxi).

i) Eliphaz reprend la discussion (xv-xvii).

(7) Son discours forme le thème du chap. xv.

h) La réponse de Job tient dans les chap. xvi et xvii. a) lîaldad parle de nouveau (xvm-xix).

a) Son discours occupe le chap. xviii.

/’) Job répond dans le chap. xix. 3) Sophar argumente une seconde fois (xx-xxi).

« ) il expose ses idées dans le chap. xx.

I>) Le patriarche les réfute (chap. xxi).

Troisième entretien (chap. xxii-xxxi). — Deux personnages seulement interviennent : Eliphaz et lîaldad. Sophar cette fois n’ajoute rien et écoute.

i) Eliphaz recommence à parler (chap. xxiixxiv). rt) Son discours occupe un chapitre (xxii). /’) La réponse de Job forme les deux chap.

XXIII-XXIV.

a) Ualdad se contente d’ajouter quelques mots (xxv-xxxi).

« )Son bref discours faille sujet du chap. xxv.

h) Job lui répond longuement (xxvi-xxxi).

Alors se produit l’intervention d’un quatrième interlocuteur, Eliu, qui parle à quatre reprises différentes sans que Job ni personne lui réponde.

i) Le premier discours d’Eliu se lit dans les chap.

XXXll-XXXIII.

a) Ce discours est précédé d’une transition narrative en prose qui occupe les versets i à du chapitre xxxii.

fc) Le discours proprement dit se prolonge jusqu’au chapitre xxxiv.

2) Le second discours d’Eliu commence et se ter mine avec le chapitre xxxiv.

3) Le troisième n’occupe non plus qu’un chapitre,

le XXXV. .’i) Le ffuatriome eniin fait le thème des chap. xxxvi et xxxvii.

Quand Eliu a Uni, Jéhovah intervient ; c’est la théophanie. Dieu parle à deux reprises différentes avec une éloquence dont l’éclat et la vigueur jettent le patriarche et ses amis dans l’étonneuient (chap.

.XXXVIII-XLII, 6).

I) ht premier discoursde Jéhovah est contenu dans les chap. xxxviii et xxxix.

a) Le second se lit dans les chap. xi. et xm.

3) Eii(in Job tente une réponse très humble et confesse sa présomption (xLii, i-O).

Le poème se termine comme il a commencé, par une narration en prose ; c’est l’épilogue (xlii, 7-16).

II. Auteur et date du livre de Job. — Un seul et méiue auteur, hébreu d’origine, a composé ce poème. Notre but n’est point de réfuter les objections de la critiipie moderne contre l’unité littéraire du livre ; nous laissons ce soin aux biblistes de profession. Observons seulement que dans cet écrit l’enchaînement des idées, la marche de la discussion, l’habile agencement des parties qui se répondent et se complètent, tout accuse une évidente homogénéité de composition. Renan (Le livre de Job, pp. xliii-l) l’avoue, et ne fait d’exception que pour le discours d’Eliu « qui dérange, selon lui, l’économie du poème ». Aux exégètes de répondre.

Nous ignorons le nom du poète ; ce ne fut ni Job, ni Eliu, ni un autre des trois amis du patriarche. Une seule chose paraît démontrée, c’est que l’auteur — Israélite — vivait à l’époque la plus llorissante de la littérature hébraïque. Feu nous importe comment il s’appelait : « (.)uis hæc scripserit, dit S. Grégoire, valde supervacue quæritur, quum tamen libri auctor Spiritus sanctus lideliter credatur. » (P. L., LXXV, Ô17.)

m. Caractère divin du livre de Job. — L’inspiration divine du livre de Job a toujours été admise tant par la Synagogue juive que par l’Eglise chré tienne. Les plus anciens conciles, le concile de Laodicée, le troisième concile de Carthage, le deuxième concile de Constantinople, enfin les conciles de Trente et du’Vatican rangent sans hésiter notre poème parmi les écrits inspirés de l’Ancienne Alliance. Unanime fut la tradition des Pères à cet égard. S. Clj- : ment romain — nous ne citons que lui parce qu’il appartient à la plus haute antiquité — allègue à plusieurs reprises dans sa belle lettre aux Corinthiens le livre de Job comme livre à’Ecriture ou inspiré. Les emprunts qu’il lui fait sont presque tous précédés des formules : scriptum est, dicit Deus, dicit sermo sacer (l Cor., xvii, 3 coll. Job, i, i ; xxix, 3, 4 coll. Job, IV, 16-18 ; XXXIX, 3-9 coll. Job, iv, 19 ; V, 5 ; LVi, 6 l5 coll. Job, v, 17-26 ; xxx, 4, 5 coll. Job, XI, 2, 3). — Qu’on n’objecte pas que d’autres Pères ou écrivains apostoliques : Ps. Barnabe, S. Polycarpe, S. Ignace d’Antioche, l’auteur de l’Epître à Diognète, ne font pas la moindre allusion à ce livre. Ce silence n’est point aussi absolu qu’on le dit, car dans le Pasteur d’HERiiAS (Visio iv. 3, 4 coll. Job, xxiii, 10) on trouve au moins une citation prise selon toute vraisemblance du poème de Job. Que si, de vrai, les autres Pères ne citent pas Job, cela s’explique par ce fait qu’ils n’en eurent point l’occasion.

S’ensuit-il que tous les passages et assertions du livre de Job jouissent objectivement d’une autorité divine ? Nullement. Rappelons les principes. Un livre, un texte, est divin de deux manières : ralione o/igiuis, comme s’exprime l’Ecole, ou raii’one materiae.Mn livre « divin » ratione originis a Dieu pour auteur principal ; sous ce rapport, le poème de Job est divin du premier chapitre au dernier. Un livre est « divin » ralione materiæ quand il renferme i) des vérités proférées par Dieu lui-même, ou encore 2) un enseignement objectivement vrai (par suite digne de Dieu) et d’ailleurs inspiré (contenu dans un livre ou passage ayant Dieu pour auteur principal), ou enfin 3) des doctrines que Dieu a approuvées en les faisant siennes.

Cela posé, nous disons 1) que les passages du livre de Job où l’écrivain sacré parle en son nom propre, et ceux dans lesquels il rapporte les discours de Dieu, jouissent d’une autorité divine. Ainsi le prologue 1543

JOB

154’i

(i-iii, 2) et l’épilogue (xlii, 9-16) renferment les pensées Je rauteur sacré lui-même ; de même les passages où il introduit les interlocuteurs sur la scène, par exemple xxxii, i-5, etc. Quant aux discours de Uieu, ils sont au nombre de trois, xxxviii-xxxix, xl-XLT, XLII, 7, 8. Nul doute que tous ces passages ne jouissent d’une autorité divine. — 2) Les discours de Job présentent pour la plupart, sinon tous, une doctrine qu’on peut regarder comme divine. Jéhovah a approuvé dans leur ensemble les doctrines de Job, puisque, s’adressant à Eliphaz, il lui reproche ainsi qu’à ses amis de n’avoir point dit la férité comme Job son serviteur (xlii, 5). Les idées du saint patriarche sur Dieu, sur ses attributs, sa puissance, ses œuvres, etc., sont souvent citées par les Pères, au même titre que d’autres doctrines des Ecritures, et d’ailleurs, à les considérer en elles-mêmes, elles sont conformes à l’exacte vérité. Job ne dit pas tout, sans doute, et sa tliéologie demeure incomplète sur plus d’un point, par exemple sur la cause des maux que souffre le juste ici-bas. Mais n’oublions pas que le saint patriarche a devant lui des adversaires dont il veut réfuter les assertions erronées : il se place donc presque exclusivement à un point de vue spécial dans la discussion ; de là vient qu’il omet souvent d’examiner la question sous toutes ses faces, ou qu’il tombe parfois dans des exagérations et excès de langage. Lui-même avoue son ignorance et ses torts (Job, xxxix, 33-35 ; xlii, 3). Mais ces exagérations, qui portent beaucoup moins d’ordinaire sur le fond que sur la forme, ne faussent pas essentiellement les doctrines dont il se déclare le défenseur. — 3) Les assertions des trois amis de Joh, Eliphaz, Sopliar et Baldad, ne jouissent pus toutes d une autorité divine. En effet, Jéhovah reproche à ces personnages de s’être trompés (Joh, xlii, 7, 8) et, de vrai, ils s’étaient trompés, notamment sur deux points : d’abord en soutenant que le patriarche était coupable, ensuite que Dieu n’envoie l’épreuve aux hommes que pour les punir. Par conséquent, les discours où sont développées ces fausses théories ne jouissent pas d’une autorité divine. Mais il est quand même des assertions par eux proférées, dont l’autorité divine est manifeste : telle la phrase v, 13, citée par S. Paul, I Cor., iii, 19-20, au même titre ([u’un texte des Psaumes. Du reste Eliphaz, Baldad, Sophar, traitent certains points de doctrine en des termes que Dieu ne désavouerait pas. Le premier décrit magniliquement la providence et la justice de Jéhovah (v, 6-18), sa pureté infinie (xv, i^16 ; il fait un tableau saisissant des remords du pécheur (xv, i-^-ai]. Le second dépeint sous les plus vives couleurs la fragilité de la vie humaine (ix, 2027). Le Iroisième proclame éloquemment l’omniscience et la puissance de Jéhovah (xi, 7-11). la caducité de la fortune des impies (xx, 4-1 ;). Il est donc permisde regarder ces passages comme divins. — l)) Les discours d’Eliu jouissent d’une autorité divine, car ni Jéhovah, ni Job, ni l’auteur sacré ne blâment ses assertions. Elles sont d’ailleurs d’une irréprochable exactitude.sauf peut-être quand il paraît supposer trop exclusivement que les maux dont Job se plaint lui ont été envoyés du ciel pour le purilier des égarements occultes de son coeur (./o//., xxxiit, xxxvi).

En général, le meilleur critérium pour discerner la vérité objective, et donc l’autorité divine des paroles prononcées parles amis de Job, c’est d’examiner si ces paroles ne sont désapprouvées ni par Dieu, ni par l’auteur inspiré, ni par aucun des autres interlocuteurs.

Que faut-il penser — au point de vue de l’inspiration — du langage imité du paganisme et des réminiscences de la mythologie antique que renferme le

livre de Joh ? On y parle d’Orion, des Hyades, du Dragon, des Pléiades (cf. ix, 9 ; xxvi, 13 coll.Aeneid., lib. I, 539), de la Grande Ourse et de ses petits cf. xxxvii.i 31-33 coll. Georg., lib. I, 138) ; on y trouve des allusions auCocyte, au noir ïartareetaux Titans (cf. XXI, 33 coll. Georg., lib. I^’, 4/9 ; xxxvi, 5-6, coll. Aeneid., lib. VI, 577-081), même à la musique des astres dont parle Cicéron dans un ouvrage célèbre (xxxviii, 7, 37). — Remarquons d’abord que la présence dans le li^Te de Job de noms empruntés à la mythologie païenne ne porte pas plus atteinte à son caractère inspiré que notre religion n’est par nous blessée quand nous appelons certaines planètes. Mercure, Mars, Vénus, etc. Ensuite, est-on bien sur que ces emprunts à la mythologie antique soient véritablement de l’auteur ? Ne sont-ils pas plutôt le fait du traducteur ? (Sur les rapports et difl’érences des versions de yoi avecl’hébreu massorétique.voirBiCKELL, Deindoleacralioneversionisalexandruiæininterpretando libro Johi. En réalité, les LXX et la Vulgale substituèrent des noms païens aux mots hébreux, lesquels, à parler rigoureusement, ne désignent que les étoiles et les constellations d’étoiles les plus brillantes du tirmament, peut-être les mêmes que Virgile appelait « Orion », les « Hyades », les a Pléiades a (cf. Hieronym., in h. l. : Gesenius, Thésaurus, pp. 890-896, 701, 665 ; Ghiringhello, De lih. poetic. Antiqui. Fæd., pp. 178-180 ; Knabenbauer, Comm.’m Job., pp. 130-131. C’est le cas de répéter avec s. Jérôme : o Magis sensus a sensu quam ex verbo verbum translatus est » (Præf. in Judith) Quant au Cocyte et au Tartare, sombre demeure des Titans, l’original hébreu n’en parle pas ; en place, il mentionne le Scheol et VAbaddôn, séjour d’attente pour les âmes justes jusqu’à la venue et l’ascension de J.-C. De la musique désastres, le texte original xxxviii, 7, 37) ne parle pas davantage. Lire au surplus les commentateurs.

IV. Historicité de Job ; son scepticisme. — « Dès l’époque de l’exil, on connaissait en Israël le nom de Job, comme celui d’un juste des anciens âges » (Lucien Gautier, fntrod. à l’Ane. Test.’-, t. II, p. 97). Il a réellement existé. Nous en avons pour garants le prophète Ezcchiel qui met Job sur le même pied que Noë et Daniel (Ezech., xiv, 14, 20) et l’apotre s. Jacques (v, 1 1) qui rappelle sa patience et le donne comme modèle à tous les chrétiens, « Cette persuasion, ajoute M. Le Hin (Le livre de Job, p. 229), fut celle de toute l’anliiiuilé juive et chrétienne, si l’on excepte quelques talmudistes. »

Mais que penser du scepticisme de Job ? Ses discours sont scandalisants : il parle comme un désespéré, maudissant le jour de sa naissance et appelant la mort de tous ses vœux (m, 3-io, 1 1-19) : son audace va jusqu’à l’impiété lorsqu’il accuse Dieu de le poursuivre injustement (ix, 16-23 ; x, 2, 3 ; xiii, 3, 22-20 ; xxiii, 3, 4, 7 ; etc.) ; son scepticisme devient manifeste dans iii, 16-19 ; ^’"1 9’'^’22-24 ; x, 18-22 ; XIV, 7-14 ; etc.). Même il semble qu’il y ait une op[iosition irréductible entre le Job du poème, insoumis, violent, et celui du prologue et de l’épilogue, patient et résigné. D’(uï plusieurs concluent que Job, personnage contradictoire, n’est qu’un être liclif créé par l’imagination de poètes différents, et qu’en tout cas son histoire répugne à la dignité d’un livre inspiré.

Que Job ait commis, dans la forme surtout, des excès de langage, nous l’avouons (cf. Ji>b, xxxix, 34-35 ; XLII, 6) ; sa vertu et sa patience ne pouvaient être celles d’un chrétien. On a exagéré pourtant.

Ses imprécations étaient des cris de douleur écluippant plutôt à la sensibilité qu’à la raison sous l’étreinte de la souffrance (vi, 26). Son désespoir ne fut jamais absolu, car au milieu de l’épreuve le 1545

JONAS

13’16

patriarclie espère toujours (xiii, iC ; xvi, ig-ao ; xix, 23-25 ; etc.) ; il garde au Conil de son cd’ur le culte et le respect de Dieu (xxviii, 28) ; quoi qu’il advienne, il ne demande que de rester lidéle à.léliovali (vi, 10 ; XVII, 9 ; XXI, 16 ; XXVII, 4-<o) (ef. I.owTii, De sacra //ebræor. pticsi, p. 270, éd. Koscnmiiller). On a exagéré pareillement ses audaces vis-à-vis du ciel. Quelques vivacités de langaj ;e lui écliaiipenl sans doute, mais comme il s"en rcpent avec amertume (vu, 20, 21 ; IX, 2 ; XIV, 4)1 II confesse d’ailleurs ([u’il est puni justement et que l’équité du Seigneur est souveraine ; il en appelle au tribunal du Très-Haut, sollicite son verdict avec conliance, parfois même en des termes dont l’àpreté dénonce l’intime conviction qu’il a de n’être pas coupable des crimes qu’on lui reproche (sxii. 2-1 i).Enlin, on a calomnié Job en l’accusant de scepticisme. Dire qu’il nie la rémunération future, c’est se tromper ; le contraire ressort de ses discours (cf. XI, 14-20 ; xxvii, 8 et suiv.). Il ne prétend nullement que tout soit lini après la mort ; au contraire, il parle souvent du mystérieux séjour où les âmes descendent après le trépas (cf. iii, iS-ig ; vii, g ; x, 21, 22 ; XI, 8 ; XIV, 13-22 ; xvii, 13-16 ; xxi, 13 ; xxiv, 19 ; XXVI, 5, 6 ; xxviii, 22 ; xxx, 23 ; xxxi, 12) ; à l’entendre, la mort n’est point l’éternel oubli, c’est un sommeil et un repos (m, 1 3 ; vii, 2 r ; xi, 18 ; xiv, 12 ; xxi, 26 ; xxvii, 19). Voilà pourquoi il conserve au fond de son âme l’espérance de la résurrection (xix, 23-27 voir Rose, Etude sur Job, xix, 23-27 dans Iiei hihl., t. V, pp. 39-55). Que si, par conséquent, , Iob seinl/le une fois ou l’autre professer une doctrine contraire, on devra lire ses paroles à la lumière des lieux parallèles ou même simplement du contexte (tlomp. ^0//, VII, 6, g et VII, 7, 8, 10 ; x, ig et xvi, 23. Voir encore Joli, 111, 16 ; VII, 8, 21 ; XXIV, 24, coll. Gen., xui, 13 ; ps. ciii, 16 ; Jerein., xxxi, 15 ; etc.).

V. Historicité du poème de Job. — Le livre de Job est un poème où l’auteur a mis beaucoup du sien, c’est évident ; mais nous tenons le fond de cette composition littéraire pour historique. — Historiques les amis de Job, Eliphaz, Baldad, Sophar et Eliu, puisqu’on indique avec soin leur patrie (iv, i ; viii, 1 ; XI, i ; xxxii, 2), et qu’on connaît leur famille. Eliu était lils de Barachcl, de la famille de Ram (xxxii, 2) et descendait de Nachor, frère d’Abraham (cf. Gen., XXII, ai) ; Eliphaz était de la race d’Esaii ; Baldad se rattachait à Abraham i)ar Gélhura ; quant à Sophar, nous ne pouvons préciser sa descendance parce que nous ne savons rien de la province de Xaaina d’où il était originaire. — Historiques, les discours de Job et de ses amis quant au fond, c’est-à-dire quant à l’ensemble des doctrines et au mouvement des idées ; même aussi quant à la forme générale, en ce sens que les discours de chacun des personnages ont bien réellement le ton personnel qui les distingue dans le poème : Eliphaz parle comme un sage qu’il prétendait être (cf. Job, iv) ; Baldad très vif s’emporte (viii, 2 et suiv.) ; Sophar demeure court parce que moins renseigné ; Eliu, le plus jeune, (xxxii, 4-6) est dilfus et Imaginatif ; Job, l’homme juste et craignant le Seigneur, sait faire le départ des choses ; le plus éloquent de tous est Jéhovali. Mais il reste vrai que le poète a ajouté le rythme prosodique, l’ordre dans lequel chaque discours se présente, et nombre de figures poétiques tendant à rendre la phrase plus saisissante ou seulement à l’embellir. — Historique enfin la théophanie de xxxviii-xLi, xLii, 7, 8 ; car tout nous autorise à le penser : les analogies bibliques, les faits réels auxi [uels cette théophanie se rattache, les circonstances qui raccompagnent, l’absence de raisons sérieuses à opposer. Pourtant le doute est permis ; voir sur ce

point saint Thomas, Exposilia in Job, éd. de Parme, t. XIV, p. 126.

BiiiLiOGnAPiiiK. — Outre les commentateurs de Job dont la liste, on le sait, est très nombreuse, on pourra consulter surtout au point de vue apologétique : Le Hir, f.c livre de Job ; Ghiringliello, J)e libris poolir.is alqne prnpbeticis Auliq. Fœderis, pp. 03-194 ; Vigouroux, Les liyres saints et la critique rationaliste, l. IV ; Lesêtre, l.e livre de Job, Inlrod. ; Chauvin, l.e poi>me de Job (cours lilli.) ; VcW., Histoire de l’Ane. Test., pp. 80-g6, éd. 4 ; Gautier, Introd. à l’Ane. Test., t. H ; F. Prat, article Job, dans le Dictionnaire de la Ilible (Vigouroux).

G. Chauvin.