Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Cerebrologie

Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 1 – de « Agnosticisme » à « Fin du monde »p. 252-255).

CEREBROLOGIE. — I. Ses conditions. Introspection et observation. — II. Théories matérialistes. — III. Faits et expériences, — IV. Doctrine des localisations cérébrales, — V. Lobe de la mémoire Langage. — VI. Aliénation mentale. Mysticisme. Crime. — VII. Actions acquises. Ignorances. — VIII. L’intelligence et le cerveau. Le singe et l’homme. La non-localisation de l’intelligence. Conclusion.

I. — La cérébrologie est la science des fonctions du cerveau. C’est avant tout une science d’observation ; et, comme telle, elle est et doit demeurer étrangère à toute idée préconçue, à toute préoccupation doctrinale. Mais elle n’échappe pas à la condition commune : elle doit tenir compte de toutes les données du problème, user de toutes les sources d’information, elle veut être subordonnée à la raison en s’inspirant des faits. L’observateur doit être doublé d’un psychologue.

Deux sources distinctes mais également nécessaires : l’introspection ou observation interne et l’observation externe, cette dernière subdivisée elle-même en expérimentale et en clinique. Toutes les fois qu’elle méconnaît ou néglige l’une de ces sources, la cérébrologie s’égare nécessairement. C’est son triste sort depuis plus de cent ans. Le matérialisme s’en est emparé ; il l’a misérablement déviée et trahie, en faisant une machine de guerre contre le spiritualisme, contre la foi chrétienne. Il faut la rendre à elle-même, la restituer dans son intégrité et dans son honneur sur le terrain solide des faits. A ce titre elle devient une des ressources de l’apologétique et loin de porter atteinte à l’existence de l’àme, dépose en sa faveur.

D’ailleurs, le matérialisme n’est pas le seul ennemi de la cérébrologie sérieuse. Le spiritualisme cartésien en est un autre, non moins redoutable : il méconnaît les conditions physiologiques de la pensée, l’unité fondamentale de notre nature.

n. — Quelles sont les fonctions du cerveau ? Elles sont multiples et complexes. On a tôt fait de déclarer que le cerveau produit toutes les manifestations psychiques. Il faut s’expliquer et s’entendre. De la boîte crânienne surgissent non seulement des mouvements et des sensations, mais des sentiments, des désirs, des volitions, des idées, qui n’ont pas de lien causal, pas d’identité, pas de mesure commune, qui dépassent manifestement le domaine de la matière inanimée. Dira-t-on que ces manifestations psychiques sont équivalentes aux modes vai’iés de l’activité commune ? Mais cette activité même est d’un ordre nettement supérieur à celui de la matière brute. Demandez-le plutôt aux fameux laboratoires de psychophysiologie qui ont eu l’ambition d’en donner l’exacte mesure et qui ont piteusement échoué dans leur tâche. Il y a une gradation marquée, une hiérarchie manifeste dans les facultés psychiques. La sensation n’est pas la vie purement organique, la pensée est bien au-dessus de la sensation, la volonté est supérieure à la pensée qu’elle régit, le libre arbitre échappe à la fatalité animale qui le conditionne.

En dépit de ses principes. Descartes est avec son dualisme le père du matérialisme moderne. Sous son influence, lentement l’opinion s’est faite que le cer veau et siu’tout la couche grise corticale étaient le siège de la sensibilité consciente, de l’intelligence. La

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sensibilité vulgaire, brute était reléguée dans la protubérance et le bulbe. Plus tard les auteurs ont fait de l’écorce cérébrale le siège spécial des facultés supérieiu-es, le temple exclusif de la pensée.

FoviLLE plaçait dans les ganglions centraux le siège des mouvements volontaires, Luys le siège des sensibilités générale et spéciale dans les couches optiques. La doctrine des localisations cérébrales est venue en 1870 renverser cette étrange théorie : nous V reviendrons. Signalons seulement ici la dernière tentative qu’a faite le matérialisme pour enrayer la marche de la vérité : nous voulons parler de la théorie de FLECHsiG.|Le célèbre professeur de Leipzig a voulu départager les centres corticaux en centres de projection et en centres d’association, ou centres d idéation : mais sa théorie n’a pas tenu devant l’évidence des faits, devant la contradiction des maîtres et, après avoir été corrigée, atténuée, transformée par Fauteur, elle a dû disparaître du champ de la science. Les temps sont loin où un Karl Vogt pouvait dire : Le cerveau produit la pensée comme le foie secrète la bile.

III. — La cérébrologie s’éclaire de l’anatomie commune comme de la structure histologique de l’organe nerveux central. Et sur ce point les faits abondent (cubages crâniens, i)esées cérébrales) qui donnent des notions précises, importantes pour la philosophie et l’apologétique : indiquons les plus caractéristiques.

Il n’y a aucun rapport entre le volume ou le poids cérébral et l’intelligence, que l’on considère l’homme suivant les individus, suivant le sexe, suivant les âges, suivant les latitudes ou suivant les siècles. Cuvier avait un cerveau énorme. Gambetta un très petit.

La loi de croissance veut que le cerveau atteigne son maximum de développement entre 14 et 20 ans pour rester ensuite stationnaire puis diminuer lentement jusqu’à la vieillesse. Le volume de l’organe se montre en rapport avec celui du corps entier, avec le développement nerveux et musculaire.

Il n’y a pas de différence cérébrale entre les races. TiEDEMANN l’avait proclamé en 1887 ; et son opinion, vivement combattue pendant le xix’siècle, reprend définitivement faveur. La cérébrologie montre que le cubage des crânes oscille dans d’étroites limites (entre i.^’ ; ^ et i.588 ce.) et témoigne nettement en faveur de ïunité de l’espèce humaine (Topinard).

Nous ne nous arrêterons pas, avec les anciens, a comparer les différents animaux au double point de vue du volume cérébral et de 1’  « intelligence ». C’est un jeu vain et sans portée. Mais si l’animal n’a pas l’intelligence, il jouit de la sensibilité sous toutes ses formes ; et l’étude expérimentale de son cerveau est pleine d’intérêt et fournit les meilleurs résultats : on lui doit la doctrine des localisations. A côté de ces expériences indispensables de laboratoire, se placent les observations cliniques qui sont, on l’a dit, des expériences toutes faites et corroborent utilement les premières : elles ont le grand avantage de s’accomplir sur l’homme que le médecin soigne, soulage ou guérit. Les symptômes sont exactement notés chez le malade ; si la mort survient, l’autopsie vient révéler les lésions qui les ont produites et conduit à la connaissance directe du fonctionnement encéphalique. Grâce à tous ces moyens, le cerveau commence à révéler son secret et la doctrine des localisations a pu naître et grandir.

IV. — Pressentie dès 1810 par Gall, la doctrine des localisations a été découverte eu Allemagne en 1870. Jusque-là, on tenait le cerveau pour inexiitable. insensible : n’était-il pas le siège de la pensée, le tenq)le de l’ànie ? L’observation ramena les savants à des vues plus modestes. Explorant la surface céré brale d’un singe, les électrodes à la main, deux physiologistes Fritsch et HiTziG remarquèrent que le courant électrique déterminait invariablement la contraction de différents groupes de muscles suivant les points touchés. Ils complétèrent heureusement ces premières expériences par une contre-épreuve décisive : l’ablation d’une portion limitée et déterminée de la couche corticale détermine la paralysie des muscles que l’excitation électrique de la même portion a précisément pour effet d’actionner. Les centres moteurs étaient dès lors trouvés et démontrés dune manière irréfutable.

De nombreux travaux se sont inspirés de la même méthode et ont confirmé, étendu ses résultats. Bien mieux, la chirurgie en a tiré parti. Des épilepsies, des contractures, des paralysies, réputées naguère incurables, sont actuellement guéries, et parfois rapidement, par l’application de couronnes de trépan au niveau des centres moteurs irrités que le praticien devine à coup sur sans les voir. Le témoignage des malades guéris et sauvés vient ainsi s’ajouter à celui des faits innombrables que l’expérimentation et la clinique ne cessent d’apporter.

Aujoiu’d’hui la doctrine des localisations est définitivement établie, incontestée ; et le cerveau apparaît décidément comme un vaste organe de sensibilité et de mouvement. Rappelons brièvement les points essentiels de la topographie cérébrale actuellement connue. Les centres moteurs se groupent dans la région frjonto-pariétale autour de la scissure de Rolando et au-dessus de celle de Sylvius ; on en connaît déjà un certain nombre, mais on ne les connaît pas tous. Les ce « /res se/ ! S17//s sont répartis dans la moitié postérieure des hémisphères, mais leur étude est beaucoup moins avancée que celle des centies moteurs. Seul, le centre optique est bien établi au lobe occipital.

La zone antérieure ou prérolandique a longtemps résisté aux efforts des expérimentateurs, et son étude est très peu avancée. Il semble qu’elle n’est pas étrangère au jeu des muscles, qu’elle préside même à leur coordination. Certains auteurs lui attribuent encore la motilité stéréognostique ou significative, mais aucun n’oserait tenir le lobe frontal pour plus noble que les autres. Il est préposé comme eux à la vie animale.

V. — La mémoire siège au lobe temporo-pariétal gauche, sans délimitation encore plus précise. Cette localisation date seulement de 1906 et est due aux travaiix du D"" Pierre Marie qui a heureusement revisé la grosse question de Vapliasie. Résumons les données de cette belle découverte.

L’aphasie ou perte de la parole résulte d’une lésion du lobe temporo-pariétal gauche qui cause Vnmnésio. Sans mémoire, pas de parole. La mémoire est une faculté primordiale par laquelle toutes les autres s’exercent et se développent, elle est indispensable à la vie de relation, mais à son tour elle est commandée par l’esprit. L’homme est avant tout un être enseigné : et l’instruction serait impossible sans la coopération intelligente de l’élève avec le maître. On éduque un animal, on ne l’enseigne pas. Et si le singe ne parle pas, ce n’est pas parce qu’il manque des organes nécessaires au langage, c’est parce qu’il ne pense pas.

Les aphasiques sont des amnésiques : tous leurs troubles s’expliquent par la lésion de l’organe sensible, par la perte de la mémoire. Ils ont perdu tout le bénéfice de leur instruction première, ils ne savent plus même leur ABC, ils ne peuvent ni lire, ni écrire, ni compter, ils sont incapables, musiciens, de déchiffrer ou de jouer le moindre morceau, artisans, d’exercer leur métier. Les auteurs peu familiarisés avec 491

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l’analyse philosophique voient là un déficit intellectuel spécialisé. Ce n’est qu’un déûcit sensible.

Si la mémoire a son siègre, que l’avenir précisera plus étroitement, le langage articulé a perdu le sien, qxie Broca avait cru trouver dans la troisième circonvolution frontale gauclie (Marie). Tout son mécanisme est concentré dans la région ou dans le voisinage du noyau lenticulaire : il est subordonné à l’exercice des facultés sensibles qui sont lices aux facultés spirituelles.

VI. — L’aliénation mentale ou folie a des rapports certains avec le cerveau, mais demeure profondément mystérieuse dans sa cause. Les aliénistes tout les premiers se montrent incapables de nous en révéler la nature intime.

Leur science est à peu près nulle, manquant de sa base nécessaire, Y anaiomie pathologique. Ils ignorent les lésions propres de presque toutes les variétés de folies et ne sont pas d’accord sur les causes de la seule psychose définie, la paralysie générale. C’est pourquoi ils devraient être modestes, réservés, et porter tous leurs efforts à combler les immenses lacunes de leur science, au lieu de se perdre dans les domaines étrangers de la sociologie, de la philosophie et de la jiolitique.

Les aberrations de nombre de maîtres sont navrantes sur ce point. L’un d’eux, A. Marie (Mysticisme et folie, 1906), voit un lien entre la folie et le mysticisme : il professe cjue la religion est affaire de faiblesse cérébrale, que la foi ne se rencontre qne chez les esprits débiles ou fous. Et pourquoi admet-il que de la religion à la folie il y a une transition insensible et fatale ? Parce que nombre de pensionnaires des asiles ont un délire religieux.’Quoi d’étrange ? Les croyances religieuses sont encore très répandues de l’aveu même du préfacier D’Tbulié, elles se reflètent nécessairement dans les psj’choscs. Toujours les fous puisent dans le vaste réservoir du subconscient ou du sous-moi les éléments de leur délire, toujours leur vie psychique déviée tend à reproduire leur Aie psychique normale antérieure dont s’est imprégné en quelque sorte le cerveau.

On ne s’est pas borné à confondre le mysticisme avec la folie, on a cherché à établir que tous les criminels sont des fous. La cérébrologie n’a jamais appuyé ces dangereuses idées qui cherchent à s’introduire au prétoire. La tliéoric de Vhomme criminel imaginée par Lombroso. qui prétend confondre le crime avec la folie et nier la liberté et la responsabilité humaines, a eu une rapide et brillante vogue, mais s’est vue complètement démolie par les faits, elle n’est plus soutenue par personne. Parmi les criminels de profession ou d^habitude, il y a certes des criminels-nés ou plutôt des aliénés-criminels, dégénérés qui portent les stigmates physiques et psychiques de leur mal, incorrigibles et irresponsables dans une mesure variable (demi-fous de Grasset), mais il y a aussi et surtout de s’rais criminels sans aucune tare pathologique. Ceux-ci ne sont pas nés pervers, ils le sont devenus et portent la responsabilité de leurs actes.

VII. — La cérébrologie est une science bien jeune, mais qni présente déjà des notions importantes. Nous savons que le cerveau préside à la vie animale, qii’il est un organe sensible et moteur, nous savons que son lobe moyen gauche est préposé à la mémoire ; nous savons mieux encore par l’introspection, si mal écoutée des physiologistes et des médecins. La conscience nous est familière, toujours accessible et instructive. Toute la vie mentale s’y déroule. Au-dessous du moi, qui est conscient et responsable, il y a le sous-moi qui est inconscient ou plutôt subconscient, et joue un si grand rôle dans les actes psychiques. C’est de la collaboration intime et incessante du jnoi et du

sous-moi que dérivent toutes nos pensées. C’est incontestablement ce dualisme qu’a aouIu traduire le professeur Grasset avec sa fameuse théorie du centre et du polygone.

Malheureusement, noire savant confrère a prétendu localiser à part ces centres supérieurs et inférieurs, intimement associés dans l’unité de la vie cérébrale, et il s’est misa la remorque du matérialiste Flechsig. Le centre intellectuel n’a pas de siège avouable, et le polygone n’est qu’un pur schéma, incapable de satisfaire l’esprit. Il faut rester dans l’introspection ou n’en sortir que pour allirmer des réalités, des faits établis.

On ignore absolument la l>ase physiologique delà conscience, le fonctionnement cérébral du moi et du sous-moi, bien qu’on soit exactement informé de l’unité de la vie encéphalique dans le jeu de ses multiples organes, de ses innombrables neurones.

La volonté et l’intelligence qu’accuse notre conscience sont deux facultés de l’àine spéciales et distinctes, quoique intimement unies dans l’élaboration des actes psychiques. Qui nous dira leur substratum organique respectif ? Qui fera à chacune la part qni lui revient dans notre action consciente ? Assurément ce ne sont pas nos savants matérialistes, dont la plupart confondent intelligence et volonté.

La question de la vie affective, associée si étroitement à la vie cognoscitive, se pose depuis longtemps devant la science. Qui la résoudra ? Qui fera au cœur la place convenable dans le fonctionnement de la vie mentale ? L’organe de cette vie affective est spécial, il n’est pas au cerveau : est-il au cervelet, comme nous le croyons, ou ailleiu’s ? C’est le problème qui appelle tous nos efforts. Tant qu’il ne sera pas résolu, nous resterons muets devant tous les faits qui accusent la dualité encéphalique et qui sont si importants. Qu’est-ce que le sommeil ? Qu’est-ce que le rêve ? Comment Vhypnose ou sommeil provoqué est-il possible ? Quel est l’état second des médiums qui suscite tant de phénomènes bizarres en produisant dans l’inconscience le jeu du sous-moi ? Quel est le secret des sourciers, qui procède de la même cause ?

Toutes ces questions sont capitales, et notre xx’siècle naissant les laisse sans réponse. Le sommeil par exemple demeure une énigme indéchiffrable, et devant l’incohérence des théories proposées, les savants semblent avoir renoncé à l’expliquer.

VIII. — Ce qui est acquis et certain, au milieu des obscurités du présent, c’est que les facultés supérieures de l’esprit, perçues clairement par la conscience, épanouies dans le triomphal progrès des sciences, des lettres et des arts, ne sont pas proprement fonction du cerveau. Tout l’organe a été exploré, aucun neurone ne s’y distingue par des qualités à part, aucun centre supérieur ne s’y révèle, aucune place n’y est reconnue à l’intelligence. La cérébrologie multiplie ses témoignages en faveur de l’indépendance relative de l’esprit. L’uu d’eux mérite d’être retenu : c’est la frappante ressemblance morphologique des cerveaux humain et simien. Cette identité, que les anciens s’ingéniaient à contester sous le mauvais prétexte de sauver le spiritualisme, est l)ien établie et ne compromet rien : car, loin d’autoriser à affirmer l’identité totale de la vie psychique chez l’homme et chez le singe, elle indique seulement l’équivalence de fonctions strictement limitées. Toute la question revient à savoir si les deux « intelligences » se ressemblent, sont même comparables. Poser la question, c’est la résoudre. Et il faut arriver à cette conclusion : L’homme et le singe ont un cerveau semblable ; l’intelligence n’appartient qu’à l’homme : donc elle n’est pas une fonction du cerveau.

La fonction encéphalique doit être cherchée ailleurs, ou plutôt elle est tout indiquée ; c’est la sensibilité et 493

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la motilitc qui résument la vie animale et sont également indispensables à l’homme et au singe.

L’intelligence est une, simple, et elle ne saurait émerger du cerveau composé et nmltiple. La sensibilité, qui est à la fois une et multiple, leur sert de lien : c’est elle qui est fonction de l’écorce cérébrale et constitue le stihsfrafiim de l’esprit. Nous pensons sans org-ane, comme disait Aristote, jnais non sans Images. Et ces images nous sont abondamment servies par la sensibilité.

Le cerveau nous est nécessaire, indispensable : il conditionne médiatement l’exercice de la pensée, mais il n’est pas l’organe de l’intelligence, il n’est qn’un instrument à son service.

Les faits cliniques le démontrent, l’intelligence ne dépend absolument d’aucun centre particulier, d’aucun lobe du cerveau, elle n’est ni localisée ni localisable. Les savants, éclairés par les réalités vivantes, arrivent à le reconnaître. Le professeur matérialiste Labordk écrivait dès iSg-i qu’on ne saurait admettre la localisation en foyer de toute fonction psychicpie ou intellectuelle, volonté ou idéation. Plus tard le professeur Pitres déclarait nettement que c’est courir ajjrès une chimère, que de rechercher le siège de l’intelligence, du jugement et de la volonté. En 1900, le célèbre Hitzig ne voyait qu’une pure hypothèse dans la localisation de l’intelligence rêvée par Flechsig. Et le professeur Monakow déclarait insoutenable la doctrine qui place les fonctions supérieures de l’entendement dans des foyers corticaux limités. Nous nous en tenons au témoignage de ces maîtres autorisés, et nous laissons au lecteur le soin de conclure.

L’âme, en tant cjue principe d’intelligence, n’est pas une fonction du corps, n’a pas de siège organique, cérébral ; et elle n’est pas XocvvisaXAe, parce qu’elle est spirituelle.

Bibliographie. — Gall, Anatoinie et physiologie du système nerveux en général et du cerveau en particulier, 1810-1819 ; Flourens, Becherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux, 18^2, De l’instinct et de l’intelligence. De la yie et de l intelligence ; Longet,.inatomie et physiologie du système nerveux, 1842 ; Lasègue, Les cérébraux, Etudes médicales ; FouTiiié, Recherches expérimentales sur le fonctionnement du cerveau ; Topinard, L’Anthropologie, 1877, Eléments d’anthropologie générale, 1885 ; Charllon Bastian, Le cerveau et la pensée ; Maudsley, Ze crime et la folie ; Laborde, Traité élémentaire de physiologie, 1892 ; Francotte, Anthropologie criminelle, 1891 ; Grarnsel, Localisations dans les maladies cérébrales, Limites de la biologie ; Farges, Le cerveau, l âme et les facultés ; Binet, Etude expérimentale de Vintelligence ; Baltus, Ze cerveau ; Sirot, Ame et cerveau ; Pierre "hiiarïe. Semaine médicale, ’2^ mai 190O, 1^ oct. i^o6, 28no.i^o(j, Revue de philosophie, mars 190 ; ^.

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Siu’l)led : Le cerveau, 1890 ; Le problème cérébral, iS()2 ; Eléments de psychologie, 189^ ; Spiritualisme et Spiritisme ; La doctrine des localisations cérébrales ; L’intelligence et les lobes frontaux ; La vie affective ; La conscience ; La folie ; L.e sommeil ; Le rêve ; La raison ; L’âme et le cerveau ; Le sous-moi, 1908 ; Articles aux Etudes, à la Science catholique, à la Pensée contemporaine, 1891-1909.

D’G. SCRBLED.