Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Geneviève (rue de la Montagne-Sainte-)


Geneviève (rue de la Montagne-Sainte-).

Commence aux rues des Noyers et Saint-Victor, no  169 ; finit à la rue des Prêtres-Saint-Étienne-du-Mont, no  16, et au carré Sainte-Geneviève, no  2. Le dernier impair est 85 ; le dernier pair, 86. Sa longueur est de 347 m. — 12e arrondissement ; de 1 à 65 et les dépendances de l’École-Polytechnique, quartier du Jardin-du-Roi ; de 77 à la fin et tous les numéros pairs, quartier Saint-Jacques.

Elle est ainsi appelée parce qu’elle conduisait à l’abbaye Sainte-Geneviève située sur une montagne. Elle se nommait anciennement Sainte-Geneviève, rue Sainte-Geneviève-la-Grande, Sainte-Geneviève-du-Mont et des Boucheries. Cette dernière dénomination lui avait été donnée en raison de plusieurs étaux qu’on permit d’y établir à la fin du XIIe siècle et au commencement du suivant. De 1793 à 1805, elle porta le nom de rue de la Montagne. — Une décision ministérielle du 8 brumaire an X, signée Chaptal, a fixé la moindre largeur de cette rue à 10 m. Une ordonnance royale du 12 janvier 1844 a déclaré d’utilité publique l’acquisition des propriétés nos 59, 61 et 63, dont l’emplacement devra être réuni à l’École-Polytechnique. Les propriétés nos 1, 3, 53, 55, 59, 67, 85, 87 ; 20, 22, 24, 40, 42, 46, 68, 70, 84 et 84 bis, ne sont pas soumises à retranchement. — Égout entre les rues Saint-Victor et Basse-des-Carmes. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Le collége de Laon avait son entrée dans cette rue. Guy, chanoine de Laon, trésorier de la Sainte-Chapelle de Paris, et Raoul de Presles, clerc du roi, s’unirent en 1314 pour fonder ce collége. Le premier donna mille livres de rente amortie et les maisons qu’il avait dans la rue Saint-Hilaire (aujourd’hui des Carmes), et dans celle du clos Bruneau, appelée maintenant rue Saint-Jean-de-Beauvais. Le second fit don, pour sa part, de deux cents livres de rente. Tous deux se réservèrent la disposition et l’administration de leur collége, qu’ils destinèrent à recevoir les pauvres écoliers des diocèses de Laon et de Soissons. Par l’imprévoyance des fondateurs, de vives querelles s’élevèrent entre les habitants de ce collége ; ces contestations amenèrent en 1323 la division de cet établissement en collége de Laon et en collége de Soissons ou de Presles. Le collége de Laon occupa les logements de la rue du Clos-Bruneau (Saint-Jean-de-Beauvais), où fut depuis le collége de Lisieux. Le collége de Soissons ou de Presles fut établi sur le terrain qui donnait sur la rue Saint-Hilaire (des Carmes), à la charge d’une redevance de vingt-quatre livres de rente envers l’autre collége. En 1327, Guy de Laon établit dans le sien un principal, un chapelain et seize boursiers. Douze ans après, en 1339, Gérard de Montaigu, depuis avocat au parlement, légua aux écoliers sa maison appelée l’hôtel du Lion-d’Or, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Ils y furent transférés en 1340, et l’on trouve qu’en 1342, Foulques de Chanac permit d’y célébrer l’office divin. En 1773, ces deux établissements furent réunis au collége de Louis-le-Grand. La partie dite collége de Laon devint propriété de l’État, et fut vendue en deux lots le 30 avril 1822, savoir : le premier lot à un particulier moyennant 97,600 francs ; et le deuxième, 37,700 francs à la ville de Paris, qui a fait construire sur cet emplacement une partie du marché des Carmes.

Au no  37 était situé le collége de la Marche. Il fut fondé, en 1420, par Guillaume de la Marche et par Beuve de Vinville, pour six écoliers, quatre de la Marche et deux de Rosières-aux-Salines, de Lorraine. Dans la suite le nombre des boursiers s’éleva jusqu’à vingt-un. Ce collége, qui avait acquis de la célébrité, devint en 1790 propriété nationale. En exécution du décret impérial du 11 décembre 1808, l’Université a été mise en possession des colléges de la Marche et de Bayeux. Aujourd’hui les bâtiments du collége de la Marche sont occupés par une caserne d’infanterie.

Au no  52 était situé le séminaire des Trente-Trois. Claude Bernard, dit le pauvre prêtre, le fonda en 1633. Il y rassembla d’abord cinq écoliers, en l’honneur des cinq plaies de Notre-Seigneur, puis douze en l’honneur des douze apôtres ; enfin trente-trois en mémoire du même nombre d’années que vécut Jésus-Christ. La reine Anne d’Autriche donna à ces écoliers 33 livres de pain par jour ; ils demeurèrent d’abord dans une salle du collége des Dix-Huit, puis dans six chambres qu’on loua pour eux au collége de Montaigu, enfin le 7 mai 1657, à l’hôtel d’Albiac qu’on avait acheté. Ce séminaire fut supprimé en 1790. Devenu propriété nationale, il fut vendu le 14 vendémiaire an IV.

Au no  55 était situé le collége de Navarre. Nous en parlerons à l’article de l’École-Polytechnique.

Au no  83 était la principale entrée du collége de Hubant ou de l’Ave-Maria. Il fut fondé en 1336, par Jean de Hubant, clerc, conseiller du roi, dans une maison qu’il acheta de sa majesté, au mois d’août 1327, moyennant 180 livres, et dans laquelle il établit quatre pauvres étudiants, un principal et un chapelain. Il donna une de ses propriétés rue des Poirées, et fit l’abandon de la troisième partie du produit des dîmes du territoire de Cormilliers. D’après l’acte de fondation, les boursiers devaient être nés au village de Hubant dans le Nivernais. Cet établissement prit ensuite le nom d’Ave-Maria, parce que le fondateur fit graver sur la porte de ce collége ces deux mots en lettres d’or : Ave-Maria. En 1767, il fut réuni au collége Louis-le-Grand. Devenu propriété de l’État, il fut vendu le 7 septembre 1810.