Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites (Jules Gay) (p. 350-362).
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Raccrocher. Arrêter un homme sur le trottoir, la nuit, et l’inviter à monter pour baiser et jouir.

J’ai été un an à l’hôpital. Une autre que moi, en sortant de là, aurait raccroché.Rétif de la Bretonne.

Rage du cul, ou Rage amoureuse. Envie furieuse de jouir par la fouterie ou par la masturbation.

Ombres folles, courez au but de vos désirs :
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.

Ch. baudelaire

C’est la rage luxurieuse, la lubricité forcenée, la jouissance horrible qui reste inachevée.A. D. M. (Gamiani))

Ragoût (Avoir du). Se dit de certaines façons habiles que certaines femmes ont de se remuer sous l’homme pour le faire godiller plus amplement qu’avec d’autres.

Mais exiger des époux
      Ces petits ragoûts,
Ces exercices gentils !
      Les connaissent-ils ?
Non ; tout dans le sacrement,
   Se fait maussadement
          Et gauchement.

Collé.

Raidir. Bander.

Quand, plus raide que la justice,
Nez en l’air et gros de courroux,
Il s’élance pour le service,
On croit qu’il fera les cent coups.

Eug. Vachette.

Raie du cul (La). La rainure des fesses, la petite vallée qui se trouve entre ces deux montagnes — où tant de membres virils aiment à descendre.

Pour ne trouver la raie nette de la dame avec qui l’on s’ébat, on y gagne bonne vérole.Brantôme.

Trois mignons de la cour se tuèrent jaloux
Pour le bien prétendu d’une raie publique.

Théophile.

Raille. Agent de police, redouté des filles qui font le trottoir.

Cela nous avertit qu’il flâne en ce quartier
Un raille dont il faut d’abord se méfier.

L. Protat.

Ramoner une femme. Faire l’acte vénérien avec elle, passer et repasser l’outil priapique, le ramon de l’homme, dans sa petite cheminée, non pour la débarrasser de ses impuretés, mais, en réalité, pour en mettre de nouvelles.

Mes belles, c’est vous que je cherche
Pour vous montrer une leçon ;
Et croyez-moi, vos cheminées
Seront promptement ramonées,
Si vous éprouvez ma façon.

(Ballet des Chercheurs de midi à quatorze heures.)

Rater une femme. Ne pouvoir bander assez raide au moment suprême où la femme, pâmée et déjà délirante dans l’attente de la félicité promise, ouvre les cuisses et ferme les yeux.

Non, mais tout de bon, je vous rate… Vous n’êtes puisqu’une comtesse ratée.La Popelinière.

Je rate, hélas ! également,
Le poisson, ma belle et ma muse.

Béranger.

Rater une femme. La baiser, en égoïste, et sans la faire jouir.

Quand je la baise, ma femme
S’obstine à ne pas bouger…
Comment faut-il de cela,
Punir cette ingratte-là ?
           — Rate-la !

Aug. Gilles.

Rateur. Homme qui a plus grands yeux que grosse pine et qui reste en affront devant la femme qui l’attend, cuisses ouvertes, fesses frémissantes.

Quand il fait le séducteur,
Sur mon honneur ! ça me vexe :

Car à l’endroit du beau sexe
Il n’est pas à d’mi rateur.

Jules Poincloud.

Ravigoter un homme. Faire tant, des doigts et de la langue, qu’il parvient à bander.

D’un tour de main ell’ ravigote
Le plus p’tit, le plus maigre jeu.

E. Debraux.

Recevoir l’assaut. Être baisée par un homme — qui monte sur le ventre, la pine en avant, avec la furia d’un zouave montant sur le Mamelon Vert.

Dis-lui qu’à la chute du jour, elle s’apprête à recevoir les assauts de l’empereur d’Orient.La Popelinière.

Réclamer ses gants. Demander au monsieur qu’on a raccroché sur le trottoir un supplément au prix convenu pour aller au bonheur.

Elle ne sera pas une fille ordinaire,
Réclamant aux vieillards libidineux ses gants,
Et tirant tous les jours des coups extravagants.

A. Glatigny.

Recommencer. Tirer un second, puis un troisième, puis un quatrième coup, selon que la femme en vaut la peine ou que l’homme a du sperme dans sa bouteille, — l’amour étant, comme on sait, un grand recommenceur.

La grisette serre avec énergie l’étudiant contre sa poitrine, en soupirant et en tressaillant des dentiers frissons de la jouissance ; pour un peu elle recommencerait.H. Monnier.

Récurer (Se faire). Prendre des médicaments, mercuriels, ou autres, pour guérir des véroles gagnées au doux jeu d’amour.

Voyez, là-bas, le sémillant Mercure
Et ses fuseaux qui tricotent gratis,

Représentant le dieu qui nous récure
Et la maison Giraudeau père et fils.

Gustave Nadaud.

Redingote anglaise. Préservatif contre la vérole, (V. Capote, Ruban.)

Réduit (Le). La nature de la femme, où le membre viril a tant de plaisir à se réfugier les jours d’ennui, à s’abriter les jours d’orage. Réduit, déduit ; déduit, réduit.

Déjà de sa grandeur les doigts saints et bénis
Visitaient de l’amour les plus secrets réduits.

Grécourt.

            Mais D*** avec sa main,
            Sa lèvre de carmin,
            Sait trouver ton réduit
Où rarement l’homme impur s’introduit.

J. Duflot.

Refaire de sorgue (Se). Se remettre d’une nuit d’orgie : — bien dormir, ou bien déjeuner.

Tous dix, au tapis-franc nous étions réunis,
Chez le père Vit-Dur, ogre de mes amis,
Zig qui ne mange pas ses pratiques sur l’orgue ;
Nous étions venus là nous refaire de sorgue.

L. Protat. (Serrefesse.)

Règles (Avoir ses). Avoir ses menstrues — qui viennent très irrégulièrement à certaines femmes.

Pour ces règles que tu débines
Et traites de déjections,
Ce sont les sources purpurines
Des saintes fécondations.

Anonyme.

Relique. Le membre viril, — on n’a jamais su pourquoi.

Du grand saint Nicolas,
         Dans vos draps,
Prenez donc la relique.

Béranger.

Gage de ses travaux
Pendait sous sa tunique
Cette belle relique,
Chère aux tendrons dévots.

J. Cabassol.

Remuer du cul ou du croupion. Se trémousser de plaisir sous l’homme.

Et tandis qu’elles font bien leur devoir de remuer du croupion et de pressurer la grappe soigneusement pour faire que le jus en sorte…Mililot

Sur son lit d’acajou,
Cette jeune ingénue
Fort gentiment remue
Du cul pour un bijou.

J. Duflot.

Enfin, à force de frotter et de remuer le cul de part et d’autre, il arrive que tous deux viennent à s’échauffer d’aise par une petite démangeaison et chatouillement qui leur vient le long des conduits.Mililot.

Elle passa dans un bois avec un jeune compagnon dans l’espérance d’y bien remuer les fesses.D’Ouville.

Le garçon en avertit la fille et elle le garçon : cela les oblige à frotter plus fort et à remuer plus vite les fesses.Mililot.

Que j’étais jeune, que j’avais les reins souples, et que je les pouvais remuer.P. de Larivey.

Tous vos baisers sont contraints ;
Mais remuez donc les reins !
Que faites-vous de vos mains ?

Béranger.

Renauder. Renoncer à une chose, manifester de la répugnance à la faire.

Rendre (Se). Consentir à se mettre sur le dos, à ouvrir ses cuisses et à se laisser baiser par l’homme qui en sollicite depuis plus ou moins de temps l’honneur — et le plaisir.

La comtesse nous raconta dans le plus grand détail comme quoi elle s’était rendue à Préban, et tout ce qui s’était passé entre eux.De Laclos.

Rendre un homme heureux. Le faire jouir en le branlant, ou en le suçant, ou en tirant un coup avec lui.

              Thémire pour me rendre heureux
Veut que de son flambeau l’amour seul nous éclaire.

(Épigrammes.)

        Oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah !
Rendez heureux ce monsieur-là,
                     La, la.

Béranger.

Rengaîner son compliment, ou son objet. Remettre son membre dans sa culotte ; ne pas pousser plus loin l’aventure.

                    … J’entends quelqu’un venir…
Rengaîne ton objet…

Louis Protat.

Rentrer bredouille. Se dit d’une fille qui, descendue vers quatre heures du soir sur les boulevards pour y chasser au miché, rentre chez elle toute seule, sans avoir été suivie.

Plus j’y songe et plus je m’embrouille ;
Comment ! ils ont vu tes appas,
Et tu reviens ici bredouille !

Collé.

Répandre sa semence. Décharger en baisant, ou en se branlant.

Un proverbe chinois dit qu’il ne faut pas répandre sa semence sur la mer ; il a raison ; c’est sur les filles.A. François.

Repasser une femme. La faire jouir en la baisant avec ce fer rouge que les polissons appellent une pine — qui la roussit quelquefois.

Et notez que la moindre bagasse peut en dire autant à un grand roi ou prince, s’il l’a repassée.Brantôme.

Son vaillant fils, fameux par sa crinière,
Un beau matin, par vertu singulière,
Vous repassa tout ce gentil bercail.

Voltaire.

Et m’vlà vite en d’voir d’la r’passer.

Dumoulin.

Rester court. Manquer de souffle au lit ; débander au moment même où il faudrait bander le plus raide.

            Rester court
À la neuvième politesse !
         Est-ce à ma cour
Qu’on vient pour me jouer ce tour ?

Collé.

Retapeuse. Putain. — Femme ou fille qui fait la retape ; — qui raccroche.

En robes plus ou moins pompeuses,
Elles vont somme des souris :
Ce sont les jeunes retapeuses
Qui font la gloire de Paris.

A. Glatigny.

Retirée du service (Être). Ne plus exercer le rude métier de fille d’amour, soit par suite de maladies, soit par suite de mariage, soit par suite de vieillesse, soit — comme sainte Marie l’Égyptienne — par honte de ce métier.

C’est si agréable, quand on s’est retirée du service… de pouvoir se dire : Ce procureur du roi si féroce, c’était mon petit Auguste ! Je le menais par le bout du nez, et il trouvait cela très-doux.A. Delvau.

Retirer (Se). Sortir du con de la femme qu’on baise quand on craint d’être surpris, ou de lui faire un enfant ; — ou lorsque l’on a fini de baiser, ce qui n’est plus surprenant.

Thémire, feignant le contraire,
Disait toujours : Ménage-moi ;

J’ai peur de rencontrer… ma mère…
Ah ! cher Colin, retire-toi…

G garnier.

Ah ! tu te retires !… Pourquoi ne l’as-tu pas laissée dans moi ? je ne l’aurais pas mangée, va !H. Monnier.

Voulez-vous un ami prudent
      Qui ménage vos craintes ;
Vite, ouvrez-moi vos… sentiments.
Je sais me retirer à temps.

(Chanson anonyme moderne.)

Rétrécir (Se). Se laver souvent le vagin avec des astringents, afin d’en rapprocher les parois et de faire croire ainsi — aux innocents — qu’ils prennent un pucelage.

À se rétrécir elle excelle
Et joint aux airs d’une pucelle
La plus profonde instruction.

H. Raisson.

Retrousser (Se). Se retourner. Se tirer de la gêne par tous les moyens possibles.

      Une célèbre actrice
      À fillette novice
Disait, sans croire l’offenser :
      Imite-moi, Charlotte ;
De sagesse oh peut se passer :
      Quand on est dans la crotte,
      Il faut se retrousser.

Vandael.

Ribaud, ribaude. Homme et femme de mauvaise vie ; luxurieux et impudiques.

Je suis la grande Gargouillaude,
Garce dit souverain Gagoux,
Chaude putain, fière ribaude,
Pleine de vérole et de loups.

Le Sr de Sygognes.

Rose. La nature de la femme.

Tu n’auras pas ma rose,
Car tu la flétrirais.

Béranger.

Là sur l’albâtre on voit naître l’ébène,
Et sous l’ébène une rose s’ouvrir.

Parny.

Ma fille, avant d’cèder ta rose,
Retiens bien ce précepte-là.

E. Debraux.

Rosée céleste, divine, etc. Décharge de la liqueur balsamique, que les gens qui n’attendent rien du ciel appellent tout bonnement : — du foutre.

Mon amie, reçois encore cette preuve de mon amour. Gamiani, excitez-moi, que j’inonde cette jeune fille de la rosée céleste.A. de M.

Notre adorable conquérant fait des siennes à toute outrance et darde la rosée de vie sans le moindre ménagement.A. de Nerciat.

Et le détestable Fa-tutto a fait pleuvoir dans mon sein la brûlante rosée du crime.Voltaire.

Rosette. Petite rose de chair qui se trouve à l’entrée de l’anus et qui en est pour ainsi dire le pucelage, car les pédérastes passifs ne l’ont plus (d’où les pédérastes actifs sont appelés chevaliers de la rosette).

Travaille bien, prends ta lichette,
La lichette donne du cœur ;
Et s’il le faut, tends ta rosette,
Cela te portera bonheur.

A. Dumoulin.

Rossignol. Le membre viril.

      Aussitôt qu’elle eut aperçu
Le rossignol que tenait Catherine.

La Fontaine.

Roublard. Libertin qui connaît toutes les ruses féminines et qui, des deux rôles que les hommes jouent avec les filles, celui de miché et celui de maquereau, celui de jobard et celui d’ écornifleur, préférerait encore le dernier au premier.

Ça me rappellera, à moi, vieux roublard, le temps où je l’avais encore, où j’étais si godiche avec le sexe.Lemercier de Neuville

Rouchie. Femme de mauvaise vie.

                          … Depuis, de Pinolie
Ma femme, Pincecul a fait une rouchie.

Louis Protat.

Roupettes. Les testicules, — qui sont les petites roues sur lesquelles repose le canon chargé de mitraille spermatique. — L’expression est moderne.

Ses roupettes étaient grosses et rebondies,
Et de poils longs et noirs abondamment fournies.

L. Protat.

Sur les roupettes granitiques
De l’indomptable Sarrazin
Il pleut…

B. de Maurice.

Rouscailler. Besogner du membre avec une femme qui en meurt d’envie.

Un pareil état m’excite et m’offense :
Descends de mon lit, ou bien rouscaillons !

Roustons. Les testicules. — Expression moderne.

Votre main, doucement chatouille ses roustons,
Tandis qu’il vous pelote et vous prend les tétons.

L. Protat.

Ruban. Préservatif en baudruche ou en caoutchouc dont on habille le membre viril toutes les fois qu’on le conduit au bonheur. — (V. Capote.)

Ne crains rien : ces rubans feront bien ton affaire,

dit le marchand de capotes à Pincecul, dans la parodie de Lucrèce, par M. Protat, avoué.

Je sais attacher un ruban
Selon la grosseur d’une pine.

(Chanson anonyme moderne.)

Rudiment de Cythère (Le). Les principes de la langue — et des autres cochonneries.

Jeanne, sotte au monastère,
Sotte au sortir du couvent,
Plaisait sans savoir comment.
Le précepteur de son frère
Lui montre le rudiment
Que l’on enseigne à Cythère :
Son esprit s’ouvre à l’instant.

Collé.

Ruffian. Accouplement de Ruffi et d’Anus. Mot qui s’est introduit en France au xiiie siècle, et n’a été en vogue qu’à la fin du xve, quand l’italianisme déborda dans l’idiome gaulois. Ce mot avait alors différentes significations, telles que : lénon, proxénète, débauché, habitué de mauvais lieu, etc. Aujourd’hui, il signifie tout bonnement maquereau.

Elle introduit dans ma maison,
Son rufien, qui sait fort bien
Faire son profit de mon bien.

J. Grevin.

On l’accusait d’avoir fait quelquefois le ruffian à son maître.Tallemant des Réaux.

Je suis ruffian, et m’en vante.A. Glatigny.

Rusée au jeu (Être). Savoir ce qu’il faut faire pour amuser les hommes et leur procurer de vives jouissances, comme le casse-noisette, la patte d’araignée, la feuille de rose, etc.

Tu me portes la mine d’être un jour bien fine et rusée à ce jeu.Mililot.

Rut. Ardeur vénérienne.

Mais Jeanne tout en rut s’approche et me recherche
D’amour ou d’amitié, duquel qu’il vous plaira.

Régnier.

Le corps en rut, de luxure enivré.
Entre en jurant comme un désespéré.

Voltaire.

Si son esprit l’eût arrêté,
Elle eût mis en rut le conclave
Et fait bander sa sainteté.

Collé.