Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites (Jules Gay) (p. 301-307).
◄  N
P  ►

Obélisque. Le membre viril.

Où q’tu vas ? — J’monte chez Mélanie, pour mettre mon obélisque en pension.

On dit aussi : L’Obélisque de l’Uxor, c’est-à-dire de l’épouse, quand son mari le dresse devant elle.

Objet. La maîtresse, la femme que l’on baise — ou bien l’amant.

Oui, Lindor, je suis à toi
   Cher objet de ma flamme,
Je veux vivre sous ta loi.

Le Barbier.

         Ce n’est qu’au Lion d’or
Que le plaisir charme la vie :
         Sans bruit, sans effort,
On y brave les coups du sort ;
         Sitôt que l’archet
Vient exhaler son harmonie,
         À trois sous l’ cachet
On peut fair’ danser son objet.

Cogniard frères.

Nous irons au bal ce soir et tu me montreras ton objet.

A. Vitu.

Obscène. Impudique, indécent, ordurier.

L’autre emmène un jeune homme imberbe, aux traits rougis,
Puis injurie, avec une obscène posture,
Le stupide garçon qui sert en ce logis.

A. Glatigny.

Obstacle. Employé dans un sens obscène pour désigner la virginité.

Du vin que l’on buvait alors
La vertu tenait du miracle,
Puisque Loth, sans beaucoup d’efforts,
Sut triompher d’un double obstacle.

Parny.

Obtenir tout d’une femme. Coucher avec elle, — les parties, en ce cas, étant le tout.

Il y a une dame de considération dans le monde qui veut faire châtier un jeune homme, pour l’avoir méprisée après avoir tout obtenu d’elle.La Popelinière.

Œillade américaine. Coup d’œil égrillard, que lance une femme à l’homme qu’elle veut allumer, et qui promet ordinairement plus de beurre que de pain.

L’œillade américaine est grosse de promesses : elle promet l’or du Pérou, elle promet un cœur non moins vierge que les forêts vierges de l’Amérique, elle promet une ardeur amoureuse de soixante degrés Réaumur.Edouard Lemoine.

Œuvre. L’acte vénérien.

Qu’autant de fois que la fillette
Commettrait l’œuvre de la chair.

(Cabinet satyrique.)

Or, les œuvres de mariage
Étant un bien, comme savez.

La Fontaine.

Ces mécréants, au grand œuvre attachés, N’écoutaient rien, sur leurs nonnains juchés.Voltaire.

Onanisme. La masturbation — qui était, comme on sait, le vice d’Onan.

Judas, dit l’Écriture Sainte,
De sa postérité jaloux,
À Thamar, qu’il veut voir enceinte,
Donne ses trois fils pour époux.
Her s’épuise, Sela s’échine ;
Homme impuissant et sans pitié,
Onan, auprès de sa moitié,
Chaque nuit se branle la pine.

Il est certains ribauds dont les pines glacées
Par un coup de poignet veulent être excitées,
On voit devant un con leur verge se baisser,
Et sous leur propre main aussitôt se dresser.
................
Pour vous justifier, n’offrez pas à mes yeux
De l’impudique Onan l’exemple vicieux…

(L’Art Priapique.)

Oraison jaculatoire (Faire L’). Darder son aiguillon et lancer son sperme dans le con d’une femme, pendant qu’elle fait sa prière — sur le dos.

Maman, vois-les donc tous deux,
Avec quelle ardeur ils prient !
Regarde comme ils s’écrient :
Mon amour !.. je vois… les cieux !
Ils font, la chose est notoire,
Comme un acte méritoire,
L’oraison jaculatoire
Qu’en mon temps j’ai faite aussi.

Léger.

Ordinaire bourgeois (L’). Le nombre de coups, ordinairement très-restreint, qu’un bourgeois tire avec sa femme, — la régularité de la vie empêche les extravagances du vit.

Il ne cessa de dire :
L’ordinaire bourgeois
         Est de trois :
Jugez quel pauvre sire !

Collé.

Ordinaires. Les menstrues des femmes, qui devraient venir ordinairement tous les mois.

Le con, en entendant cela,
      Se mit tant en colère
Que cela vous lui supprima
      D’abord ses ordinaires.

(Parnasse satyrique.)

Ordures. Obscénités dites ou faites comme se plaisent à en dire ou en faire les honnêtes gens — qui sont ordinairement plus impudiques que les libertins.

Les femm’ n’aim’ pas les ordures,
Ni les couplets de chansons
            Polissons.

Collé.

Il fait nuit. Mots confus, romances ordurières,
Se croisent sous le toit du logis ténébreux.

A. Glatigny.

Ôter le petit chapeau. Décalotter un homme en le branlant. — L’expression est moderne et imagée. Je ne saurais résister à la démangeaison que j’ai de citer l’anecdote qui y a trait. Un vieux monsieur croit apprendre à une ingénue la manœuvre de la masturbation. — « Ôte le petit chapeau, lui dit-il ; remets le petit chapeau ; ôte le petit chapeau ; remets, etc. » Après le Capitole et la roche Tarpéienne, l’ingénue s’écrie : « Il fallait donc dire tout de suite de vous branler ! »

Ourcine (L’). Hôpital spécial pour les écloppées et les blessées de Cythère, C’est le Midi des femmes.

Ourser. Faire l’acte vénérien. Ce n’est pas du dernier galant, mais c’est fréquemment employé — par les goujats.

À la Courtille, où le beau sexe abonde,
J’étais allé dans l’intention d’ourser.

Dumoulin.

Monter chez une fille en lui disant : Oursons !
Est une expression commune, saugrenue,
Propre aux palefreniers…

L. Protat.

Ourson. La toison qui protège la nature de la femme, et qui est souvent hérissée comme un petit ours blanc ou noir.

Thomas est un monsieur sans gêne :
Malgré mon r’fus, il va son train ;
Dans mon ourson couleur d’ébène,
Sans façon il glisse la main.

Laujon.

Outil. Le membre viril — avec lequel on travaille les femmes.

Le jeune homme puceau l’appelle son affaire,
L’ouvrier son outil…

L. Protat.

Les dieux après nous avoir fait
Les outils de la fouterie,
Seraient dignes de moquerie,
S’ils nous en défendaient l’effet.

Motin.

C’est fait, hélas ! du pauvre outil.
Mon Dieu, il était si gentil,
Et si gentiment encresté !

(Ancien Théâtre français)

Lise couchée au retour de l’église, Disait à Jean : Mon dieu, le bel outil !Grécourt.

Un jour Robin vint Margot empoigner, En lui montrant l’outil de son ouvrage.Cl. Marot.

Ouverture divine (L’). La nature de la femme, dont la complète occlusion amènerait la fin du monde.

Ah ! divine ouverture !
Ravissante nature !
      Qu’il est petit !…

Marc-Constantin.

Ouvrage. La besogne de la fille, — le temps qu’elle consacre, moyennant finance, aux plaisirs de l’homme.

J’te laisse ta nuit, j’ vas m’ coucher, travaille… — Du froid qui fait ? Merci ! j’ voudrais t’y voir, tu rirais… Pus souvent que j’vas en avoir, à l’heure qu’il est, d’l’ouvrage !H. Monnier.

Ouvrier de nature (L’). Le membre viril, qui ne boude jamais devant une besogne amoureuse, dimanches et fêtes, à minuit comme à midi.

Je suis pour le faire court
Bon ouvrier scieur de planche
Qui travaille, nuict et jour,
D’un outil qui point ne tranche.

(Chansons folastres.)

Ombragée au-dessous du nombril d’un poil large et épais, du milieu duquel on voit sortir un bel ouvrier de nature, fort bandé, qui à bon droit mérite d’être appelé membreMililot.

Quand La Ferté eut cuvé son vin, elle voulut le lendemain matin le faire retourner à l’ouvrage.(La France galante)

Ouvrir ses draps. Ouvrir ses cuisses, se faire baiser.

Qui faites tant les resserrées,
Quand on veut ouvrir vos genoux.

Tabarin.

Du beau quartier plus d’un’ bell’ dame
Qui pour un cach’mire ouvr’ ses draps.

E. Debraux.

Ovale. Le con, qui en effet a cette forme, — si l’on y met un peu de bonne volonté.

Entre deux colonnes d’un albâtre lisse et arrondies, est situé cet ovale charmant, protégé par une petite éminence et une jolie motte.(Veillées du couvent.)

Dès qu’il passa par un certain ovale,
À l’instant même à sa mère on cria :
Soyez tranquille, allez, c’est bien un mâle :
            Dieu ! quelle tête il a !

E. Debraux.

La grande Jeanne de l’échiquier d’Alençon l’appelait son ovale.Noel du Fail.