Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites (Jules Gay) (p. 294-301).
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Nanan. L’acte vénérien et la jouissance qui en est le résultat, — la plus exquise des friandises, la plus savoureuse de toutes les jouissances.

Mais avec ceux que la victoire
A trahis, fais-le gratuitement ;
Rendr’ service aux fils de la gloire,
           C’est du nanan.

E. Debraux.

Nature de la femme (La). Messire le Con, qui, comme son seigneur et maître le vit, ne manque pas de prénoms. Ainsi :

L’abricot fendu, l’affaire, l’angora, l’anneau d’Hans Carvel, l’atelier, l’autel de Vénus, l’avec, la bague, le baquet, le bas, les basses marches, le bassin, le bénitier, le bijou, le bissac, la blouse, le bonnet à poil, le bonnet de grenadier, la bouche d’en bas, la bourse à vit, la boutique, le brasier, la brèche, le cabinet, le cadran, la cage, le calendrier, le calibistri, le calibre, le cas, la cave, la caverne, ça, le céleste empire, le centre, le champ, le chandelier, le chapeau, le chat, le chaudron, le chemin du paradis, la cheminée, le chose, la cité d’amour, le clapier, le cœur, la coiffe, le combien, le concon, le connin, la connasse, le conneau, le conichon, le conil, la coquille, le corridor d’amour, la crevasse, le dédale, le devant, la divine ouverture, l’écoutille, l’écrevisse, l’empire du milieu, l’entonnoir, l’entremise, l’entre-deux, l’entresol, l’éteignoir, l’éternelle cicatrice, l’étoffe à faire la pauvreté, l’étui, la fendasse, la fente, la figue, le formulaire, le fruit d’amour, le golfe, la guérite, le harnois, le hérisson, l’hiatus divin, l’histoire, le jardin d’amour, la lampe amoureuse, la lampe merveilleuse, la lanterne, la latrine (un vieux con), le machin, le maljoint, la marchandise, messire Noc, le mirliton, le mortier, le moule à pine, le moulin-à-eau, la moniche, le noir, l’objet, les pays-bas, le petit lapin, Quoniam bonus, le réduit, le salon du plaisir, le Sénégal, la serrure, le tabernacle, le temple de Cypris, la tirelire, le trou chéri, le trou de service, le trou madame, le trou mignon, le trou par où la femme pisse, le trou velu, le vagin, etc., etc.

La risée des femmes fut grande, quand ils virent la femme de Landrin lui montrer sa nature.P. de larivey.

Et je crois que votre nature
Est si étroite à l’embouchure,
Qu’on n’y pourrait mettre deux doigts.

Théophile.

Passant les doigts entre les poils qui sont dessus la motte, laquelle il empoigna aussi, faisant par ce moyen entr’ouvrir la fente de ma nature.Mililot.

Mais le monstre, avec joie inspectant ma nature,
Semblait chercher comment et de quelle façon
J’allais être foutue ; en cul, con ou tèton
Qu’il regardait déjà comme étant sa pâture.

Louis Protat.

Nature de l’homme (La). La pine — qui est le pendant de la nature de la femme.

Aux petits des oiseaux, Dieu
Donne, dit-on, la pâture :
Sa bonté devrait un peu
S’étendre sur ma nature.

Altaroche.

Navette. Le membre viril, que les femmes font aller et venir entre leurs doigts, et qui sert à filer la trame de la vie humaine.

D’un vieux je tenais la navette,
La sonde en main et la cuvette.

(Chanson)

N’avoir ni cul ni tétons, comme la poupée de Jeanneton. Se dit d’une femme maigre, qui n’a ni gorge ni fesses, — l’envers de la Vénus Callipyge.

Né coiffé (Être). C’est-à-dire : être né pour être cocu, comme tant d’autres, ou pour avoir tous les bonheurs.

Il a une chance de cocu.(Vieux dicton.)

De ma vive et juste colère
Pour avoir ainsi triomphé,
Il faut, en vérité, ma chère,
Que votre époux soit né coiffé.

Ét. Jourdan.

Nénets. Tétons, — dans l’argot des enfants et des filles.

Tiens, vois mes nénets, comme ils sont engraissés.H. Monnier.

Petite maman s’est fait des nénets avec du coton.Gavarni.

N’être pas de marbre, ou de pierre. Se dit pour s’excuser de bander devant une belle fille — qui, au contraire, souhaiterait que l’homme fût toujours de marbre ou de pierre.

Lindor n’était pas de pierre,
Il s’enflamma tout à coup :
Il aida la peur beaucoup !
Quel coup ! ah ! quel coup ! quel coup !
Quel heureux coup de tonnerre !

Collé.

Nerf. Le membre viril, qui est en effet tout nerf dans l’ardeur vénérienne.

Il me troussa incontinent et, sans parler, me renversa là sur le lit, me le fit là sur-le-champ et me fit tâter son gros nerf, qui était extrêmement dur.Mililot.

Nez. Le vit ; — que l’on juge d’après le nez : plus il est fort, mieux il se fait sentir.

            Ah ! quel nez ! (bis)
Tout l’monde en est étonné.

Guinard.

Belles, jamais ne prenez
Ceux qui n’ont pas un grand nez.

Collé.

« Grand nez, grand vit, » dit un vieux proverbe.

Œil étincelant,
Doigt vif et galant,
Nez de bon augure
Et bonne figure.

Dauphin.

Noc. Le con, par anagramme.

Vous nous dites, belle farouche,
Que l’amour ne peut vous troubler.
Si votre noc savait parler,
Il démentirait votre bouche.

Gombauld.

Noce (Faire la). Passer son temps à baiser quand on est homme, à se faire baiser quand on est femme.

Faut s’ dire eune chose, il en est des prêtres comme des gens qui s’ marient : l’homme n’est tranquille, dans un ménage, que d’autant qu’il a fait la noce ; donc, un prêtre qui l’a faite ne la fait plus.H. Monnier.

Noceuse. Fille qui a jeté son bonnet par-dessus les moulins de Montmartre et qui l’a remplacé par un bouchon de paille signifiant clairement, même pour les aveugles, qu’elle est à vendre — et pas du tout à louer.

Ce sont là nos dignes femelles !
Ô mes frères ! ce sont nos sœurs,
Et l’on nous méprise autant qu’elles :
Aux noceuses vont les noceurs !

(Parnasse satyrique.)

Nœud (Le). La pine et les couilles qui, réunies, forment un nœud assez solide… pour nouer la femme à l’homme.

L’homme qui a beaucoup baisé de femmes et qui pour faire une fin, se marie, appelle cela : former d’autres liens.

La femme, également logique, dit : former un nouveau nœud.

Ce mot est employé fréquemment par les voyous qui disent : mon nœud ! plus facilement qu’ils ne disaient : du flan !

La femme n’est pas au monde pour lire
Le nœud d’un goujat vaut celui d’un roi.

(Parnasse satyrique.)

Noir (Le). La nature de la femme, où, en effet, il fait noir comme dans un four — et aussi chaud.

Le procureur qui avait la braguette bandée, ne laissa pas de donner dans le noir.Bonaventure Desperriers.

Bref, je veux qu’elle ait tant de beautés que le galant soit déjà perdu d’aise et de transport avant que d’être arrivé jusqu’au noir.Mililot.

Noms d’oiseaux. Petits noms que donnent ces dames à leurs messieurs, selon le degré d’amitié, d’estime ou d’amour qu’elles ont pour eux :

Mon ange, mon chien, mon chat, mon chou, mon loulou, ma biche, mon bichon, mon lapin, mon cochon, etc. On peut ajouter devant : mon grand, mon gros, mon petit, selon le physique de l’animal privilégié ; et à la suite le mot chéri : mon gros chien chéri, gros bibi chéri, etc. — J’en passe et… des plus bêtes.

Non-conformiste. Pédéraste, ce qui est le schisme en amour.

Nouer l’aiguillette. Empêcher un mari ou un amant de consommer l’agréable sacrifice, non pas en lui jetant un sort, comme on le croyait autrefois, mais en épuisant complètement son stock de foutre, de sorte qu’on peut le laisser courir un peu dans la ville sans crainte d’infidélité.

Il avait peut-être l’aiguillette nouée.(Moyen de parvenir.)

Lequel ayant eu l’aiguillette nouée la première nuit de ses noces.Brantôme.

Ami lecteur, vous avez quelquefois
Ouï conter qu’on nouait l’aiguillette.

Voltaire.

Novateurs des plaisirs. Noms tirés de l’oubli, ou supposés par l’auteur de l’Art priapique.

Ah ! qu’ils faisaient l’amour platement autrefois,
Ces chevaliers errants, ces paladins courtois !
Filant à leurs beautés une tendresse pure,
Ils pensaient que les foutre était leur faire injure.
Pinus sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Cocufier plusieurs de ces preux chevaliers.
Tribadinus après fit fleurir l’encuissade ;
Loyola fut, dit on, père de l’enculade ;
Vaginus renchérit par dessus ces ribauds
Et créa pour jouir des moyens tout nouveaux ;
Gamahu, qui suivit, eut une autre méthode :
Il devint, par sa langue, un ribaud à la mode
Et longtemps, près du sexe, eut un heureux destin.
Mais les imitateurs de ce sale mâtin,
Accablés de mépris par un goût si grotesque,
Abjurèrent bientôt leur méthode tudesque.
Ce paillard ordurier, trébuché de si haut,
Rendit plus retenus Chancrin et Poulinot.
Enfin Priapus vint et, le premier en France,
Corrigeant l’art de foutre, en bannit la licence ;
D’un vit mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la couille aux règles du devoir.

(L’Art priapique.)

Novice. Le garçon ou la fille qui, destinés par la nature à la vie amoureuse, n’ont pas encore prononcé leurs vœux aux pieds d’une femme l’un, dans les bras d’un homme l’autre, et, par conséquent, sont un peu neufs (novus, novi) pour les choses de la fouterie.

La donzelle encore novice,
Ne sut comment prendre l’objet
Que, par un surcroît d’artifice,
Le drôle au ventre lui mettait.

Béranger.

Numérotée (Être). Être inscrite, avoir son nom et son numéro sur les registres de la préfecture, — Être fille publique.

      Du beau quartier, plus d’un’ bell’ dame
      Qui pour un cach’mire ouvr’ ses draps,
      Êpous’ d’ultras, nièc’ de prélats,
Tout ça travaille et n’ se numérot’ pas.

E. Debraux.

Nymphe. Déesse qui consent à sortir de son nuage pour entrer dans le lit d’un homme qui la paie pour cela.

Il avait pris je ne sais quelle habitude vituperosa avec une nymphe de la rue des Gravilliers.Tallemant des Réaux.

Une nymphe, jeune et gentille,
Par un matin déménageait.

Grécourt.

Nous entrâmes dans la salle où se trouvaient renfermées beaucoup de nymphes.Louvet.

Chez nos nymphes gentilles,
Aller négocier ;
Avoir toutes les filles,
Quand on est financier…

Collé.

Nymphes (Les). Les petites lèvres de la matrice. — Nymphomanes, tribades. Femmes qui s’aiment et se le prouvent, entre cuisses — et nymphes.

Que faire de mes deux recluses, que j’ai laissées la bouche béante et attendant les promesses de l’amour ? Les voilà nymphomanes et tribades : elles vont se dessécher et périr avant le temps comme une fleur qui soupire après la rosée.Mercier de Compiègne.