P.-G. Delisle (p. 5-8).

PRÉFACE

Il y a trois ans l’Université Laval établissait un concours de poésie Canadienne. C’était la première fois dans notre jeune pays que les lettres se voyaient ainsi acclamées. Nos jeunes muses ont dû tressaillir alors et sourire bien tendrement aux Protecteurs de leurs nourrissons. Chacun des poètes enfourcha donc son Pégase et donna de l’éperon dans les flancs du rétif coursier. Trois médailles, l’une en or, la seconde en argent et la troisième en bronze, toutes trois frappées aux armes de l’Université, attendaient les vainqueur.

J’ai concouru deux fois, et deux fois j’ai eu la bonne fortune d’obtenir la médaille d’or. Les poëmes que je publie aujourd’hui sont les deux poëmes couronnés. Pour la lyre Canadienne surtout, les sujets de ces poëmes étaient beaux. Dans le premier, la Découverte du Canada, que de choses à chanter ! D’abord ce fleuve immense et ces forêts vieilles comme le monde ; puis ces tribus sauvages toujours en guerre, cette lutte de la Foi contre le paganisme, de la civilisation contre la barbarie, ces travaux, ces combats héroïques des premier colons français.

Quelques uns de nos meilleurs littérateurs ont été inspirés par les souvenirs des premiers jours de la Patrie, et ils ont pris la lyre. Qu’on lise « Donnacona » cette jolie pièce de vers que je reproduis à la fin de mon livre, et l’on se convaincra que le souffle de la poésie a passé sur nos bords. L’auteur de ce morceau charmant, poète et prosateur, orateur et homme d’État, est l’Hon. M. Chauveau aujourd’hui premier ministre de Québec.

Cependant nous n’avons pas eu pour traiter le premier sujet tout le temps nécessaire. Il a fallu en quatre mois composer l’ouvrage et en délivrer deux copies à la Faculté des Arts. Je dis ceci afin de désarmer un peu la critique.

Le second sujet était un « Hymne national pour la fête des Canadiens Français. » Quel pays n’a pas sa part de gloire et de renommée ? Quel ciel n’a pas son joyeux soleil et ses tentes d’azur ? Quelle terre n’a pas ses antiques forêts, ses fleuves profonds et ses moissons dorées ? Et quand ce pays est le Canada avec son ciel tour à tour de Naples et de Sibérie, ses fleuves majestueux, ses forêts séculaires et ses campagnes fécondes, le Canada où la France, à force d’héroïsme, a implanté sa foi, sa langue et ses coutumes, quel poète n’aimerait pas son pays ?

L. PAMPHILE LEMAY.


Québec,  1er Septembre 1870.


L’Université-Laval a été fondée il n’y a que quelque dix ans par MM. les Directeurs du Séminaire de Québec. Cette Université que les étrangers admirent avec raison s’est placée, du premier coup, au rang des meilleures institutions de ce genre en Amérique. C’est par un juste sentiment de reconnaissance qu’on l’a appelée « Laval » du nom de l’illustre fondateur du Séminaire de Québec, Mgr. de Laval Montmorency premier Évêque du Canada. Les magnifiques bâtiments destinés à l’Université ont coûté au-delà de 300,000 $, et chaque année encore le Séminaire sacrifie des sommes considérables pour soutenir dignement son œuvre chrétienne et patriotique.