Description du département de l’Oise/Bresles

P. Didot l’ainé (1p. 193-196).


BRESLES.


Toutes les communes du canton de Bresles, si vous en exceptez celle du Fay-S.-Quentin, sont environnées de la rivière du Thérain.

La terre du canton de Bresles est médiocre et légère ; elle produit de très bons légumes, des fruits : le jardinage en est soigné.

Beaucoup de places publiques et de terrains vagues devroient être plantés d’arbres ; ils y réussiraient très bien.

Le canton de Bresles n’a de remarquable que ses tourbières, et le château des évèques de Beauvais.

C’est dans un marais d’environ quatre cents arpents d’étendue que se trouvent les tourbes, qui momentanément enrichissent les habitants, et sont d’une si grande ressource pour les manufactures de Beau vais.

Je m’étendrois sur les abus qui régnent dans l’extraction de ces tourbes, sur leurs produits, sur leur valeur, sur les objets curieux qu’on rencontre en les fouillant, si je n’avois dessein de faire connoître dans un tableau toutes les tourbières du département.

La maison de campagne des évêques de Beauvais, nommée villa-episcopi dans une chartre du roi Robert de l’an 1016, est un château rebâti par Philippe de Dreux, évêque de Beauvais en 1212 ; ruiné par Renaud de Damartin, comte de Boulogne, il fut rétabli dans la suite : le comte d’Armagnac y commandoit pour le roi en 1417 ; il battit Philippe de Saveuse, près de Beauvais. Les fortifications de ce château furent démolies pendant la ligue par capitulation entre le sieur de Mony et la garnison de Beauvais.

Les grands bois, les allées majestueuses, les grandes pièces d’eau, des bosquets soignés, les jardins potagers sur-tout, rendoient cette terre aussi agréable qu’utile aux évêques qui la possédoient.

À peu de distance de la commune de Bresles est le mont César, célèbre par le camp de ce grand homme ; on en distingue encore les fortifications. La terre végétale qui couvre ce mont n’a pas plus d’un pied d’épaisseur ; elle repose sur un sable jaune, dans lequel on trouve quelquefois des médailles, des vases, des statuettes ; il est mêlé de gypse strié, de grès mamelonné, de pierres à plâtre. La tradition du pays, le récit des commentaires, la vraisemblance, concourent à placer l’armée de Bellovaques, opposée au général romain, sur une montagne en face du mont César, appelée le Larris de Hez : il paroît qu’ils avoient une réserve sur le mont S.-Simphorien, près Beauvais. Hertius a décrit les vestiges bien conservés des retranchements du mont César ; on y remarque quelques restes d’un double fossé, qui dans son origine avoit quinze pieds de large. M. de Fontenu parle d’une petite élévation placée sur le milieu du mont ; c’étoit, suivant son opinion, une espèce d’autel qui portoit les drapeaux de l’armée. Il n’y avoit au mont César de fortifications qu’en face du mont de Hez.

Cette montagne a sept cent trente-deux toises de front sur une profondeur moyenne de quatre-vingt-cinq toises.

En s’en approchant on perd le silex ; on ne trouve plus en y montant que des grès et de la matière calcaire. Au sommet (du premier coup-d’œil) on reconnoît la ligne circulaire qui renfermoit le camp de César, et les quatre ouvertures par lesquelles on pénétroit dans son enceinte. Le terrain sur lequel pose ces retranchements est sablonneux, et parsemé de veines jaunâtres : on y trouve des pierres couvertes d’empreintes de coquilles, des grès mamelonnés, du spath crystallisé.

Je ne parle pas des beaux points de vue qu’on découvre de tous les côtés de ce morne élevé ; il n’offre que les objets que nous avons déjà décrits. Toute la vallée de Tardonne, les sinuosités du Thérain conduisent l’œil jusqu’à Beauvais ; c’est un des plus brillants tableaux dont on puisse jouir dans ce canton.

Au pied du mont César sont les restes de la célèbre abbaye de Froidmont, fondée en 1134 par Lancelin et Manassès de Bulles.