Traduction par Anonyme.
chez les veuves sulamites, aux petits appartements de Salomon (A. Boutentativos). (p. 70-71).

CHAPITRE X.
De la langue du Merryland.

Ce que M. Gordon dit du langage du Japon peut être appliqué justement à celui du Merryland : c’est une langue polie, fertile, abondante en synonimes expressifs, qu’on emploie suivant la nature du sujet que l’on traite, la qualité, l’âge, le sexe de la personne qui parle, ou de celle à qui l’on adresse la parole. Quelque varié que soit cet idiome, bien des gens ne s’en servent point, et savent exprimer leurs pensées énergiquement par leurs yeux et leurs gestes, et cette dernière façon plaît souvent mieux aux souveraines du Merryland que les phrases les plus choisies ; pour confirmer ceci, je renvoie le lecteur à ces paroles d’un savant auteur.

 « Mirantur oculi, adamant, concupiscunt, amoris, iræ, furoris, misericordiæ ultionis indices sunt, audacia prosiliunt ; in reverentia subsident, in amore blandiuntur, in dio afferantur, gaudente animo hilares subsident, in cogitatione ac curâ quiescunt, quasi cum mente simul intenti, etc ».

Pour animer davantage ce silence et le rendre encore plus énergique, ils remuent la langue et les lèvres d’une certaine façon qui enchante, sans prononcer aucun mot, ni former d’autre son qu’un ravissant murmure ; ce qui fait beaucoup plus de plaisir que les plus belles fleurs de réthorique.

Il est fâcheux que personne ne nous ait encore donné une grammaire de cette langue avec les différens idiômes de chaque province : ce seroit un ouvrage très-précieux, et que je regrette beaucoup de ne pas voir exécuté par quelque savant de réputation.