Description de la Chine (La Haye)/Dynasties/Dix-huitième Dynastie, Heou tcheou

Scheuerleer (Tome Premierp. 417-418).


DIX-HUITIÈME DYNASTIE
NOMMÉE HEOU TCHEOU,


Qui compte trois empereurs dans l’espace de neuf ans.


TAI TSOU. Premier empereur.
A régné trois ans.


Le nouvel empereur fixa sa cour dans la capitale de la province de Ho nan. Il voulut visiter lui-même le tombeau de Confucius, et pour honorer sa mémoire, lui donner le titre de roi.

Quelques-uns de ses courtisans lui représentèrent, que cet honneur ne convenait point à un homme, qui avait été toute sa vie sujet, non seulement de l’empereur, mais encore d’un petit roi. « Vous vous trompez, répondit l’empereur, on ne saurait trop honorer un homme qui a été le maître des rois et des empereurs. »

Il y en a qui croient que c’est vers ce temps-ci que les mahométans s’établirent à la Chine. Mais d’autres auteurs les y font entrer beaucoup plus tôt, et prétendent que ce fut sous la treizième dynastie de Tang qu’ils y fixèrent leur demeure.

Tai tsou mourut âgé de cinquante-trois ans, la cinquantième année du cycle, sans laisser de postérité. Chi tsong, qu’il avait adopté pour son fils, fut son successeur.


CHI TSONG. Second empereur.
A régné six ans.


L’amour des sciences, et les preuves que Chi tsong avait données de sa bravoure et de son habileté dans l’art militaire, l’élevèrent comme par autant de degrés jusqu’au trône. Mais au comble de la grandeur, il conserva toujours un caractère modeste : jusque-là qu’il fit mettre dans son palais une charrue, et un métier de tisserand, pour ne point perdre le souvenir de la condition et des pénibles travaux de ses ancêtres.

Dans un temps de disette, il fit ouvrir les greniers publics, et ordonna qu’on vendît le riz à très vil prix, que chacun paierait dans la suite lorsqu’il le pourrait. Les intendants des vivres lui représentèrent que les pauvres ne seraient jamais en état de payer : « Hé quoi ! répondit l’empereur, ignorez-vous qu’ils sont mes enfants, et que je suis leur père ? A-t-on jamais vu qu’un père, voyant son fils pressé de la faim, l’abandonne et le laisse périr s’il prévoit qu’il ne sera pas remboursé de ses avances ! » En même temps il fit fondre toutes les statues des idoles, et en fit fabriquer de la monnaie, qui était devenue très rare.

Plusieurs des petits souverains, qui avaient cessé depuis longtemps d’obéir aux empereurs, charmés de tout ce que la renommée leur apprenait des vertus de ce prince, se soumirent d’eux-mêmes à son autorité, et rentrèrent dans le devoir de l’obéissance.

On lui avait présenté un mémorial sur les moyens qui pouvaient se prendre pour recouvrer les provinces et les principautés, qui, dans les temps de troubles, s’étaient détachées de l’empire : il songeait à les mettre en exécution, lorsque la mort interrompit ses projets. Elle arriva la cinquante-sixième année du cycle, et la trente-neuvième année de son âge. Son fils, qui n’avait que sept ans, nommé Kong ti, lui succéda.


KONG TI. Troisième empereur.
N’a régné que quelques mois.


Chi tsong, en déclarant son fils héritier de sa couronne, l’avait mis sous la tutelle de son colao nommé Tchao quang yu, qui s’était fort distingué dans les armes, et qui avait rendu de grands services à l’État.

La jeunesse de ce prince, et les grandes qualités du colao son tuteur, déterminèrent tout à coup les Grands de l’empire, et les généraux des troupes, à le mettre en la place de son pupille. Ils allèrent chez ce grand homme qu’ils trouvèrent au lit et l’ayant salué comme leur empereur, ils le revêtirent d’un habit de couleur jaune, qui est la couleur impériale. On donna une principauté au jeune prince qu’on venait de déposséder, et ce fut ainsi que finit cette dynastie.

Tchao quang yu prit le nom de Tai tsou : mais il n’accepta la couronne qu’on lui offrit, qu’à condition que sa mère aurait toujours le pas avant lui.