Description de l’Égypte (2nde édition)/Tome 2/Chapitre IX/Section I/Paragraphe 8/Article 2

Article ii.
Du petit temple situé à l’extrémité sud de l’hippodrome.

À neuf cents mètres à peu près de l’extrémité sud de l’enceinte, et presque dans la direction de la grande avenue de portes triomphales formant le côté occidental de l’hippodrome, on trouve les restes d’un temple[1]. Sur le chemin que l’on suit pour y arriver, on rencontre quelques buttes factices, qui semblent, au premier abord, être la continuation de celles que nous venons d’examiner, mais qui, dans la réalité, n’ont avec elles aucune espèce de liaison. Le temple nous a été désigné, par les gens du pays, sous le nom de Deyr ; et le lieu qu’il occupe, sous celui d’el-Katreh. Cette dénomination de Deyr (couvent) est peut-être restée à l’édifice, à cause de l’usage auquel il aura servi dans les premiers siècles du christianisme. Quoi qu’il en soit, c’est un temple d’architecture égyptienne, maintenant peu considérable, mais qui paraît l’avoir été beaucoup plus autrefois. Il est situé sur une butte factice, qui s’étend à trente mètres, de part et d’autre de l’édifice, au nord et au sud. Ces décombres sont peu élevés au-dessus de la plaine ; et c’est une raison de croire que les constructions qu’elle renferme, ne sont pas d’une antiquité moindre que la plupart des autres monumens de Thèbes. On arrive au temple par une porte située à l’ouest, et en face du Nil. Elle est maintenant détruite en grande partie. Son axe, qui est le même que celui du temple, fait un angle de 66° avec le méridien magnétique. Son épaisseur est à peu près de six mètres. Dans l’intérieur, elle est divisée, comme toutes les portes de ce genre, en trois parties, dont les deux extrêmes sont égales : la partie intermédiaire, qui est la plus grande, recevait les deux battans de la porte lorsqu’ils étaient ouverts. Ce qui subsiste de cette construction, annonce qu’elle devait être colossale, et qu’elle formait l’entrée d’un édifice de quelque importance. On trouve les restes du temple à soixante-un mètres et demi de large. On y pénètre par une porte pratiquée dans un mur presque ruiné à sa partie nord. On entre d’abord dans une première salle oblongue, qui semble n’être que la continuation d’un couloir, d’un mètre de large. Ce couloir isole de toutes parts la seule portion intacte, qui est le sanctuaire du temple.

La partie sud de l’édifice est la mieux conservée. Le couloir est dans une obscurité profonde. Il sert d’issue à trois pièces plus longues que larges, toutes ornées de sculptures. Elles étaient probablement éclairées par des soupiraux pratiqués dans l’épaisseur du plafond. La première renferme encore les restes d’un escalier qui conduisait sur les terrasses du temple. Au nord, il y avait un pareil couloir et de semblables pièces ; mais tout est maintenant enseveli sous les décombres.

On pénètre dans le sanctuaire[2], qui a quatre mètres de long et deux mètres de large, par une porte décorée d’une corniche surmontée d’ubœus. La face antérieure du sanctuaire[3] est couronnée d’un entablement pareil qui se reproduit à l’extérieur dans tout le pourtour de l’édifice. Ce sanctuaire est couvert de sculptures dont on n’a recueilli qu’un seul tableau[4], situé dans le coin à droite en entrant : il représente Horus assis dans une tribune posée sur un autel. Un sphinx est sculpté sur un des côtés de la tribune. Au-dessous on voit un lion, attribut d’Horus ou du Soleil, dont la puissance augmente, lorsqu’arrivé au solstice d’été, il parcourt le signe du lion. Une petite figure, la tête mitrée, et tenant à la main une palme, est couchée sur le côté de la tribune près d’Horus. Un prêtre offre à cette divinité une longue guirlande de lotus implantés les uns dans les autres. Un pareil enlacement de lotus est placé derrière la tribune, et semble l’envelopper.

Si l’on en juge par la grandeur de la porte située en avant des ruines, et si l’on considère que ce qui reste du temple n’en est que le sanctuaire, on ne doutera pas qu’il ne faille voir ici les débris d’un édifice considérable. Probablement il y avait un premier et un second portique, comme dans la plupart des temples dont les plans ont de l’analogie avec les constructions que nous venons d’examiner[5].

  1. Voyez pl. 18, fig. 4, A., vol. ii.
  2. Voyez pl. 18, fig. 4, A., vol. ii.
  3. Voyez pl. 18, fig. 6 et 7, A., vol. ii.
  4. Voyez pl. 18, A., vol. ii.
  5. Voyez le plan d’Edfoû, A., vol. i, et le plan de Denderah, A., vol. iv.