Description de Notre-Dame, cathédrale de Paris/Galerie des Rois

Galerie des Rois.

Nous avons réservé la question des statues royales qui remplissaient les vingt-huit niches de la première galerie. Étaient-ce des rois de France, ou des rois ancêtres de la Vierge et de Jésus-Christ ? Nous avons la conviction, et jusqu’ici toutes les découvertes des noms véritables ou des attributs d’effigies du même genre nous donnent raison, que les rois sculptés en longues séries dans nos cathédrales sont des patriarches, des chefs du peuple de Dieu ou des rois de Juda composant le cortége généalogique du Sauveur. Des exceptions à cette règle pourraient cependant avoir été faites dans certaines églises, par exemple à Saint-Denis, ce tombeau des rois de France, à Reims, la ville de leur sacre, ou à Notre-Dame de Paris, la maîtresse église de leur capitale. Nous inclinons pour les rois de Juda, tout en reconnaissant qu’il peut exister ici quelque doute. L’évêque arménien, Martyr, qui vit ces figures à la fin du XVe siècle, se contente de les mentionner, sans s’expliquer d’ailleurs sur l’objet de leur présence. Les auteurs très-nombreux, il faut en convenir, qui ont pris parti pour les rois de France, prétendent que le premier était Childebert et le dernier Philippe-Auguste, peint et tenant la pomme impériale à la main. Le père du Breul en nomme seize : les douze autres appartenaient à la dynastie mérovingienne. Dès le XIIIe siècle, le peuple croyait trouver ici toute la suite de nos rois. On en a la preuve dans une pièce manuscrite de la bibliothèque impériale, intitulée : Les XXIII manières de Vilain[1]. Cette composition burlesque, qui date du XIIIe siècle, et qui est ainsi à peu près contemporaine des statues, met en scène un badaud, dont la bourse est coupée par des voleurs, tandis que, debout devant Notre-Dame, à Paris, il dit à ses voisins : Voici Pépin, voilà Charlemagne. Celui qui passait pour Pépin était le quatorzième, à partir du côté du cloître ; on l’avait représenté monté sur un lion, à cause de sa petite taille, suivant les uns, ou, d’après les autres, en souvenir de sa lutte avec un de ces animaux, qu’il abattit d’un coup d’épée. À la cathédrale de Chartres, un roi posé aussi sur un lion, et qui aurait les mêmes droits à porter le nom du père de Charlemagne, est bien certainement un David. Nous devons ajouter qu’il existait anciennement à l’une des trois portes de la façade de Notre-Dame de Paris une liste de trente-neuf rois de France, de Clovis à saint Louis. L’abbé Lebeuf l’a publiée. Mais elle ne pouvait s’appliquer à nos figures, qui, comme nous l’avons dit, étaient seulement au nombre de vingt-huit. La présence de cette inscription, qui s’abstenait de faire aucune allusion aux statues de la galerie, nous semble même un argument de plus en notre faveur.


  1. Bibl. imp. no 5921, publié par M. Jubinal.