Des hommes sauvages nus féroces et anthropophages/Relation/45

Traduction par Henri Ternaux.
Arthus Bertrand (p. 197-198).


CHAPITRE XLV.


Comment les sauvages mangèrent le corps de George Ferrero, l'un des deux chrétiens, et fils du gouverneur.


Le chef de la cabane en face de la mienne, nommé Tatamiri, était en possession du corps : il fit préparer la boisson accoutumée. L'on se rassembla chez lui pour boire, chanter et se réjouir, et le lendemain, après avoir bu, ils firent rôtir cette chair et la mangèrent. Mais les membres de Jérôme restèrent dans un panier, suspendu à la fumée pendant près de trois semaines, de sorte qu’ils étaient devenus secs comme du bois, car le sauvage à qui ils appartenaient, nommé Parwaa, était allé à un autre village pour chercher des racines qui leur servent à préparer la boisson qui devait être bue en les mangeant. Je regrettais bien cette perte de temps, puisqu’ils ne voulaient me conduire à bord qu’après cette fête, et le vaisseau français mit à la voile auparavant, sans que j’en fusse prévenu, car il était à près de huit milles de là. Cette nouvelle m’accabla d’affliction ; mais les sauvages me consolèrent en me disant qu’il en venait presque tous les ans.