Des hommes sauvages nus féroces et anthropophages/Mœurs et coutumes/23
CHAPITRE XXIII.
Ils se réunissent dans une cabane, et ils parfument toutes les femmes les unes après les autres. Elles pleurent, et se mettent à sauter et à courir jusqu’à ce que la fatigue les fasse tomber par terre comme mortes. Le prophète dit alors : « Vous voyez, elle sont mortes, mais elles vont bientôt revenir à elles ; » et quand elles se relèvent elles leur annoncent l’avenir. Ils font cette cérémonie toutes les fois qu’ils doivent partir pour la guerre.
Une nuit, la femme du maître à qui on m’avait donné pour qu’il me tuât, commença à prophétiser, et dit à son mari qu’un esprit était venu d’un pays éloigné pour savoir quand je serais tué. Elle lui demanda en même temps où était la massue qui sert à assommer les prisonniers. Mais celui-ci lui répondit, qu’il s’en fallait encore de beaucoup que tout fût prêt pour cela ; car il commençait à croire que j’étais un Français et non un Portugais.
Quand cette femme eut fini sa prophétie, je lui demandai pourquoi elle en voulait à mes jours, puisque je n’étais pas son ennemi, et si elle ne craignait pas que mon Dieu lui envoyât une maladie ? Mais elle me répondit de ne pas faire attention à cela ; que c’étaient seulement des esprits d’un pays étranger qui désiraient savoir ce que je devenais. Ils ont beaucoup de superstitions de ce genre.