De la sagesse/Vie de Charron

Texte établi par Amaury Duval, Rapilly (tome 1p. ix-xx).

VIE DE CHARRON.

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Tant que la philosophie n’employa dans notre France, pour répandre ses principes et ses leçons, que la langue des Latins, elle n’eut qu’un assez petit nombre de sectateurs, disséminés dans les cloîtres et dans les universités. Au seizième siècle, Montaigne la popularisa, pour ainsi dire, en écrivant en langue vulgaire, et avec une liberté inusitée, sur des sujets dont la discussion avait été jusques-là comme inter-y dite à quiconque n’avait pas pris dans quelques facultés les grades de docteur, ou pour le moins de bachelier.

— Charron, l’ami, et si l’on veut le disciple du philosophe gascon, osa déchirer, à son exemple, quelques-uns des voiles qui cachaient à la plupart des hommes, d’importantes vérités. Avant ces deux écrivains, le peuple ne puisait guères son instruction, et toute sa morale, que dans de vieux poèmes romanesques, dans des fabliaux ou contes, dont la grossièreté et l’indécence n’étaient pas les moindres défauts, dans d’insipides allégories, dans des drames absurdes, tirés des mystères de la religion. On peut donc regarder Montaigne et Charron, comme les pères delà philosophie moderne : ils établirent la liberté de penser et d’écrire en religion, en morale, en politique. Le dix-septième siècle usa de cette liberté, mais avec prudence, comme le prouvent les ouvrages de Descartes, de Gassendi, de Pascal, de La Rochefoucauld, etc. : ceux-ci eurent pour successeurs, dans le dix-huitième, les Bayle, les Voltaire, les Rousseau, les Diderot, les Helvétius, et beaucoup d’autres à qui l'on a reproché d’avoir ébranlé les bases de l’ordre social par l’audace de leurs opinions.

Que cette accusation soit fondée ou non, c’est ce qu’il n’est pas de notre sujet d’examiner ici. Toujours est-il vrai, que ni Montaigne, ni Charron ne pouvaient prévoir que cette liberté de penser, qu’ils cherchaient à introduire dans la philosophie, parce qu’il n’y a que, ce moyen d’arriver à la vérité, amènerait, tout en détrônant l’erreur et les superstitions, des discordes et des révolutions générales ; toujours est-il vrai qu’on ne saurait, sans injustice , leur imputer les maux, soit réels, soit imaginaires, que l’on assure en être résultés.

Mais c’est du second de ces auteurs seulement, que nous devons en ce moment nous occuper. Notre tâche, en publiant ses ouvrages , doit être d’abord de le faire connaître de nos lecteurs. Quoique théologien, il fut philosophe ; c’est dire qu’il mérite l’intérêt, c’est avoir fait en quelques mots son éloge. Pierre Charron naquit à Paris, en 1541. Son père, libraire dans cette ville, eut vingt-cinq enfans ; quatre, d’une première femme ; vingt-un, d’une seconde : celle-ci fut la mère de Charron. Ses parens, quoiqu’ils pussent difficilement soutenir une famille si nombreuse, résolurent de ne rien négliger pour son édu-édu édu-cation : ils avaient reconnu en lui un esprit docile et prématuré, des dispositions peu ordinaires.

Ce fut dans l’université de Paris, alors florissante, que Charron fit ses premières études. En très-peu de tems, il apprit le grec, le latin ; mais il se distingua surtout dans le cours qui portait le nom fastueux de philosophie, et dans lequel on n'enseignait guères qu’une logique imparfaite, une métaphysique obscure, une physique erronée. Quoique dans la suite de sa vie il reconnut tous les vices de la logique de l’école, il ne laissa pas (tant les impressions que l’on reçoit dans le jeune âge sont durables !), de rester asservi à la méthode qu’on y enseignait. Dans ses sermons, comme dans ses ouvrages philosophiques, il divisait, subdivisait, à la manière d’Aristote, les propositions les plus simples et les plus claires ; et, à force de vouloir mettre de l’ordre dans ses discussions, il y introduisait souvent le désordre et l’obscurité. L’esprit se fatigue à le suivre dans le labyrinthe de ses argumens, et oublie, ou ne peut plus distinguer le but qu’il s’était d’abord proposé d’atteindre C’est là le véritable défaut des écrits de Charron, comme nous aurons plus d’une occasion de le remarquer ; défaut bien racheté par des qualités éminentes que nous signalerons avec plus d’empressement encore.

Charron, après avoir terminé son cours scolastique à Paris , alla étudier la jurisprudence dans les universités d’Orléans et de Bourses, où il se fit recevoir docteur es-droits. De retour à Paris, il exerça pendant cinq à six ans, la profession d’avocat. Mais, comme dit, dans un style un peu vieilli, son premier biographe [1] : « Prévoyant que le chemin qu’il falloit tenir pour s’advancer au palais luy seroit long et difficile, pour n’avoir alliance ni cognoissance avec des procureurs et solliciteurs de procez, et ne pouvant s’abbaisser et captiver jusques-là, que de les courtiser, caresser et rechercher, pour estre par eux employé aux affaires (tant il avoit l’âme noble et généreuse !) il quitta ceste vacation , et s’addona à bon escient à l’estude de la théologie et à la lecture des pères et docteurs de l’église ; et, parce qu’il avoit la langue bien pendue , et qu’il s’estoit formé un style libre et relevé par-dessus le commun des théologiens, il s'exerça à la prédication de la parole de Dieu, par permission des curez et pasteurs, où incontinent il parut, et s’acquist une merveilleuse réputation entre les plus doctes de ce tems-là, mesme à l’endroit de plusieurs évesques et grands prélats qui estoient lors en cette ville , et y avoit presse entre eux à qui le pourvoit avoir en son évesché ou diocèse ».

Ainsi la fortune de Charron, devenu prêtre, fut dès lors assurée. La reine Marguerite le choisit pour son prédicateur ordinaire ; et Henri IV, même avant son abjuration, prenait plaisir à l’entendre prêcher, assistait souvent à ses sermons. Aussi les faveurs de l’église, les bénéfices venaient-ils, pour ainsi dire, le chercher. Il fut successivement théologal de Bàzas, d’Acqs, de Leictoure, d’Agen, de Cahors etde Condom, chanoine et écolâtre de l’église de Bordeaux.

Tant de succès n’éblouirent point Charron. Il aimait la méditation et la solitude, et résolut, en conséquence, de se renfermer dans un cloître. Ses biographes écrivent tous, qu’il avait fait vœu d’être Chartreux, et que, pour l’accomplir, il se présenta au prieur d’une Chartreuse qui refusa de le recevoir, parce qu’il était alors âgé de quarante-huit ans, et qu'à cet âge, il n’aurait pu s’accoutumer aux austérités qu’exigeaient les instituts de l’ordre. Rebuté par les Chartreux, il tenta d’entrer chez les Célestins ; et il éprouva les mêmes refus, appuyés sur les mêmes motifs. Il paraît que le vœu que Charron avait fait, troublait sa conscience, puisque, pour le tranquilliser, il fallût que plusieurs graves docteurs de Sorbonne déclarassent que, vu les obstacles qui s’opposaient à son admission dans un cloître, il pouvait vivre en séculier dans le monde. Le vœu de Charron, et ensuite ses scrupules surprendront peut-être ceux qui ne connaissent de cet écrivain que son Traité de la Sagesse ; que ce livre, où il se montre souvent au-dessus des préjugés, et-professe une grande indépendance d’opinions. Mais il faut observer que, jusqu’alors, Charron n’avait été que prédicateur et théologien, qu’il ne connaissait point encore Montaigne, ou que du moins il n’avait point encore formé avec lut cette liaison intime, qui en fit un des fervens apôtres de la liberté de penser, de la philosophie.

Ce fut en 1589, peu après la publication de la se-se se-conde édition des Essais, que Charron devint véritablement l’élève de Montaigne. Le théologien profita des leçons du gentilhomme, et put se dire à son tour philosophe. Il se pénétra si bien des maximes, des opinions de son maître, qu’il crut dans la suite qu’elles lui appartenaient en propre : et quelquefois, sans même s’en douter, il fut plagiaire.

La mort put seule interrompre les douces relations de nos deux philosophes, leurs savans entretiens. Montaigne mourut en 1592, et, par une clause de son testament, permit à son ami de porter les armes de sa maison. Une telle concession a paru puérile, et surtout peu philosophique. Il serait possible pourtant d’en trouver le motif dans un sentiment louable et touchant. Montaigne ne laissait aucun enfant mâle ; en accordant à un étranger, le droit dont un héritier de son nom aurait seul pu jouir, ne semblait-il pas prononcer une adoption , se donner un fils ?

Il paraît que Charron, quoiqu’il eût beaucoup prêché, beaucoup écrit, n’avait encore fait imprimer aucun ouvrage. Mais, en 1594, il publia, à Bordeaux, son livre des Trois Vérités, auquel il ne crut pas devoir mettre son nom. Dans cet ouvrage, qui fut bien accueilli, et réimprimé plusieurs fois en peu d’années, on reconnaît l’esprit méthodique de Charron. Dans la première partie, ou Vérité, il combat les athées ; dans la seconde, les payens, les juifs et les mahométans ; dans la troisième, les hérétiques ou schismatiques. C’est cette troisième Vérité qui fit tout le succès de l’ouvrage. Charron y réfutait avec force, le petit Traité de l'Église, de l’immortel ami de Henri IV, Duplessis Mornay ; livre très-favorable à la cause du protestantisme, et qui avait produit une grande sensation dans le public.

Il y a, dans ces trois Vérités, d’excellens argumens ; mais l’abus que fait l’auteur, des formes qu’enseignait l’école , leur ôte toute leur force ; il procède toujours par trois, quatre, six raisons ; et ces raisons n’offrent souvent rien qui puisse convaincre. Jamais il ne s’adresse à l’imagination, au sentiment. C’est, donc uniquement un livre de théologie , dont la lecture serait fort insipide aujourd’hui.

En 1595, Charron fut appelé à Paris comme député à l’Assemblée-Générale du Clergé, qui avait été convoquée dans cette ville. Cette Assemblée l’élut pour, secrétaire, et il se distingua dans ses fonctions. On l’invita à prêcher dans plusieurs églises de Paris, et il reparut avec éclat sur ce premier théâtre de sa réputation.

De retour à Cahors, où il exerçait les fonctions de théologal, il employa plusieurs années à rédiger ou plutôt à corriger deux ouvrages qu’il livra à l’impression en 1600. Le premier était un recueil de Discours chrétiens sur l’Eucharistie, la Rédemption, la Communion des Saints, etc., ouvrage purement théologique ; l’autre était son fameux Traité de la Sagesse. On serait fondé à croire qu’ayant senti d’avance que ce dernier ouvrage pourrait exciter du scandale dans une certaine classe d’hommes, et éprouver de leur part de violentes attaques, il avait cru devoir lui donner pour escorte ses Discours chrétiens. Ceux-ci répondaient de l’orthodoxie de l’auteur, dont, il faut bien en convenir, le Traité de la Sagesse pouvait au moins faire douter. Cette précaution lui servit peu : on ne remarqua point tout ce que son ouvrage contenait de juste, de vrai, d’utile en morale, en politique, ; mais on lui reprocha amèrement d’avoir exposé les argumens des athées et des impies, avec bien plus d’énergie qu’il n’en avait mis à les combattre ; d’avoir dit que les religions en général étaient une invention des hommes, et de n’avoir point excepté la religion chrétienne d’avoir prétendu que l’immortalité de l’ame ne pouvait être que très-faiblement prouvée, quoiqu’elle fût universellement crue, etc., etc. Cependant il ne paraît pas comme l’ont avancé quelques écrivains, et Voltaire entre autres, que l’auteur ait été persécuté : tout se borna à des critiques, dont quelques unes furent assez violentes.

Charron, pour éloigner sans doute l’orage qui se préparait à fondre sur lui, corrigea les passages qui avaient été le plus censurés, adoucit quelques expressions qui avaient paru trop hardies ; mais, en même tems, il développa ses opinions dans un assez grand nombre de chapitres qu’il intercala dans son ouvrage, et qui ne le cèdent nullement aux autres par la force du raisonnement et l’énergie du style. Enfin, dans une analyse qu’il fit lui-même de son livre, et qu’il intitula Petit traité de Sagesse, il réfuta les principales critiques de ses adversaires.

En 1603 il, était venu a Paris pour y faire réimpri-réimpri réimpri-mer son ouvrage avec toutes ces corrections et additions : déjà son manuscrit était livré à l’imprimeur, et plusieurs feuilles tirées, lorsqu’un jour (le 16 novembre 1603 ), en passant de la rue Saint-Jean-de-Beauvais dans la rue des Noyers, il tomba mort frappé d’apoplexie. Il fut enterré dans l’église de Saint-Hilaire, où reposaient ses père et mère et un grand nombre de ses frères et sœurs. Il était alors dans la soixante-troisième année de son âge.

Par le testament qu’il avait écrit de sa main, plus d’un an avant sa mort, il faisait des legs à de pauvres écoliers et à de pauvres filles à marier ; mais il donnait le reste de ses biens à l’époux de la fille de Montaigne. C’était un dernier acte de reconnaissance envers son maître en philosophie.

Voici le portrait que fait de lui La Roche-Maillet, cet avocat son ami, que nous avons déjà eu occasion de citer : « Il estoit de médiocre taille, assez gras et replet ; il avoit le visage tousjours riant et gai, et l’humeur joviale ; le front grand et large, le nez droit et un peu gros par le bas, les yeux de couleur perse ou céleste, le teint fort rouge ou sanguin, et les cheveux et la barbe tout blancs, quoiqu’il n’eust atteint que l’aage de 62 ans et demi... Il avoit l’action belle, la voix forte, bien intelligible et de longue durée, et le langage masle, nerveux et hardy. Il n’estait subject à maladie, et ne se plaignoit d’aucune incommodité de vieillesse, fors qu’environ trois semaines avant de mourir, il sentoit par fois en che-che che-minant une douleur dans la poitrine avec une courte haleine qui le pressait, et ceste douleur luy passoit après qu’il avoit respiré une bonne fois à son aise, et qu’il s’estoit un peu reposé. »

Après sa mort, ses adversaires ne ménagèrent plus rien pour empêcher que l’édition nouvelle du livre de la Sagesse fût continuée. On souleva contre l’ouvrage l’Université, la Sorbonne, le Châtelet, le Parlement ; les feuilles imprimées furent saisies ; on fit même intervenir l’imprimeur de la première édition de Bordeaux, qui réclama contre la réimpression pour son intérêt particulier. Mais, grâce aux soins et aux démarches de La Roche-Maillet, ce fut le président Jeannin qui se chargea du rapport de l’affaire au Conseil d’Etat ; et bientôt après, la publication de l’ouvrage fut permise. Le savant et judicieux magistrat qui l’avait examiné avec soin, ne l’avait considéré, comme il le déclara hautement, que comme un Livre d'État, dans lequel là religion n’était nullement intéressée, et il se contenta d’y faire quelques légères corrections dont l’éditeur profita.

Ce dénouement irrita de plus en plus la haine fanatique des persécuteurs. On continua d’écrire contre Charron et son ouvrage ; le Jésuite Garasse se distingua surtout dans cette polémique, par l’âpreté et la grossièreté de ses censures. Dans sa Somme théologique, qui parut en 1625, il ne se contenta pas d’attaquer le Livre de la Sagesse, il n’épargna, même pas celui des Trois Vérités, que l’on avait regardé jusques-là comme très-orthodoxe. « J’ai défini, dit-il, l'A-A A-théisme brutal, assoupi ou mélancolique, une certaine humeur creuse qui a transféré le Diogénisme dans la Religion Chrétienne, par laquelle humeur un esprit accoquiné à ses mélancolies langoureuses et truandes, se moque de tout par une gravité sombre, ridicule et pédantesque. Ceux qui ont lu la Sagesse et les Trois Vérités, entendront bien ce que je veux dire par ces paroles ; car voilà l’humeur de cet écrivain naïvement dépeinte..... De notre tems le Diable, auteur de l’Athéisme, a suscité deux esprits profanes, chrétiens en apparence, et athéistes en effets, pour faire , à l’imitation de Salomon, une Sagesse ou une Sapience, l’un milanais (Cardan), l’autre parisien (Charron), qui l’a fait en sa langue maternelle ; tous deux également pernicieux et grands ennemis de Jésus-Christ et de l’honnêteté des mœurs, etc. » C’est avec cette aménité que s’exprimaient les censeurs de Charron. Mais il trouva d'ardens défenseurs parmi des hommes aussi vénérables par leur état que parleur savoir, tels que le prieur Ogier, le docte Naudé, etc. ; et les injures des Gasrasse finirent par être totalement oubliées. Mais ce fut surtout au siècle de la philosophie en France, qu’on apprit à apprécier notre auteur. Cette tolérance universelle que l’on voulait établir, qui était comme le fondement de toutes les nouvelles doctrines, il en avait d’avance senti le besoin, et prouvé l’utilité.

Sans doute Charron est un imitateur, et même quelquefois un copiste de Montaigne ; les maximes, les opinions que le philosophe gascon avait disséminées dans ses immortels Essais, son élève les a recueillies, coordonnées, classées dans un ordre méthodique. L'un écrivait sans plan, et peut-être sans but ; il retraçait, comme elles se présentaient, toutes les idées que lui fournissait sa vive et féconde imagination : l’autre, plus sérieux et plus froid, n’employait d’idées et d’images que ce qu’il en fallait pour résoudre le problème qu’il s’était proposé. Celui-là composait moins pour le public que pour son propre délassement ; l’autre était un auteur de profession.

Mais ce serait une grande erreur de croire, ainsi que des écrivains qui n’ont pas lu le Traité de la Sagesse avec toute l’attention que l’ouvrage exige , que Charron n’a fait que mettre en œuvre les pensées d’autrui ; qu’il a tout emprunté de Plutarque, de Sénèque et de Montaigne. Charron est souvent original et jamais bizarre ; mais, au reste, ce n’est pas dans un livre de morale et de sagesse qu’il faut demander de l’originalité : la précision et la clarté sont bien préférables et ces deux qualités, notre auteur les possédait à un degré éminent. Qui, mieux que lui, a défini les diverses espèces de gouvernemens, indiqué les avantages ou les vices de la plupart des institutions sociales ? Qui a mieux parlé, après Montaigne, de l’éducation des enfans ? Quand il retrace le danger des passions, le bonheur que procurent la modération et la sagesse, son style est nerveux, vif, animé : on croit lire Sénèque.

Concluons que tout esprit impartial doit rester convaincu qu’après les Essais de Montaigne, le Traité de la Sagesse est le plus précieux monument philosophique que nous ait laissé le dix-septième siècle.

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  1. La Roche-Mailleta avocat, ami intime de Charron.