De la prescription contre les hérétiques (trad. Labriolle)/Notes critiques et explicatives

Traduction par Pierre de Labriolle.
Texte établi par Pierre de LabriolleAlphonse Picard et Fils (p. xlix-lxviii).

NOTES CRITIQUES ET EXPLICATIVES

Aucun renvoi à ces notes n’est fait dans le texte ou dans la traduction. On est donc prié de s’y reporter d’office quand on étudie un passage.

I, 2 : Quantum, si non fuissent ? Cum quid, etc. C’est le texte de A[1] adopté par Œhler et Rauschen. Tertullien pose une question ironique à laquelle une seule réponse peut être faite : « Rien du tout, évidemment ! » — Donc, on est bien sot de s’étonner des effets des hérésies, puisqu’il est entendu, une fois pour toutes, qu’elles existent. Cf. Van der Vliet, p. 48. — Quantum sint cum quod S ; quantum si non fuissent quod L ; quantum non valerent si non fuissent cum quod Gagny et Ghelen ; quantum sint cum quid Pamèle ; quantum valent. Quid, si non fuissent ? Cum quid Preuschen.

I, 3 : sic vim consequitur : Hinc vim consequitur Van der Vliet.

III, 5. Sur cette énumération de « dignitaires », episcopus, diaconus, etc., et spécialement sur la vidua et la virgo, cf. Zscharnack, Der Dienst der Frau in den ersten Jahrhunderten der christlicher Kirche, Göttingen, 1902, p. 110 et suiv.

IV, 2-3. Le passage a été imité de près par l’auteur du traité Ad Novatianum (qui est de 253-257/8 : cf. Schanz, Gesch. der röm. Litter., dritter Theil, 2e  éd., 1905, p. 395), cap. XIV (Hartel, III, p. 64) : « Praedixerat quidem et Dominus multos esse venturos sub pellibus ovium rapaces lupos ; qui sunt isti rapaces lupi, nisi sensu subdolo conspirantes ad infestandum gregem Christi ? »

IV, 6. Commentaire intéressant de l’oportet haereses esse, dans Mœhler, Die Einheit in der Kirche, p. 175-176. Cf. la traduction de Goyau, Mœhler, 2e  éd., Paris, s. d., p. 108 et suiv.

VI, 1. Tertullien écrit ici qu’il faut rejeter l’hérétique post primam correptionem. Plus loin, au chap. XVI, 2, il insiste sur ce fait qu’une seule réprimande suffit : correptionem designans causam haeretici conveniendi, et hoc unam. La leçon ordinaire est μετὰ μίαν καὶ δευτέραν νουθεσίαν. Toutefois, il n’y a pas lieu de mettre ici au compte de Tertullien une altération tendancieuse. On retrouve la leçon donnée par lui chez plusieurs auteurs ecclésiastiques : vg. saint Cyprien, Testim. III, 78 [Hartel, I, 172] ; Ep., LVIIII, 20 [Hartel, II, 689-690] ; saint Ambroise, in Titum, III, 10, etc.

VI, 6. Sur Philoumène, cf. Hilgenfeld, Die Ketzergeschichte des Urchristenthums, Leipzig, 1884, p. 531 et suiv. ; Zscharnack, Der Dienst der Frau in den ersten Jahrhunderten der christlichen Kirche, Göttingen, 1902, p. 176 et suiv.

VII, 1 et suiv. On sait le peu d’aménité avec lequel Tertullien traite la philosophie profane. Il n’oublie jamais, quand il en a l’occasion, de marquer le point d’attache entre tel système philosophique et telle doctrine hétérodoxe. Voy. Adv. Marcionem, V, 19 (Kroymann, p. 645) ; De Anima, XXIII (Reifferscheid-Wissowa, p. 356), etc. — Pour les injures et les épigrammes qu’il aime à lui prodiguer, cf. les premiers chapitres du De Anima.

VII, 6 : Miserum Aristotelem. C’est le texte de A. — L a inserunt, adopté par Preuschen. S ne donne qu’une abréviation sẽr.

VII, 6. Il ne serait pas difficile de relever chez les écrivains ecclésiastiques bon nombre d’invectives ou d’ironies contre la dialectique, en tant qu’exercice de la raison raisonnante opérant sans aucun contrôle de la foi. Voici quelques textes assez significatifs : saint Jérôme, Adv. Helvidium, I, 2 [P. L., XXIII, 185] : « Non campum rhetorici desideramus eloquii, non Dialecticorum tendiculas, nec Aristotelis spineta conquirimus : ipsa Scripturarum verba ponenda sunt. » — Saint Épiphane, Haer., LXIX [P. G., XLII, 316] appelle les Ariens οἱ νέοι Ἀριστοτελικοί. Et il ajoute : « Ἐκείνου γὰρ ἀπεμάξαντο τὴν ἰοβολίαν καὶ κατέλιπον τοῦ ἁγίου Πνεύματος τὸ ἄκακον καὶ τὸ πρᾶον. » — Socrate, dans son Histoire ecclésiastique, II, 35 [P. G., LXVII, 297] reproche vivement à Aëtius, le maître d’Eunomius, de s’être mis à l’école d’Aristote et d’avoir pris pour argent comptant les raisonnements du philosophe grec sans s’apercevoir qu’en fait Aristote n’a guère écrit ses Catégories que pour reconquérir les jeunes gens en opposant à la sophistique en vogue une autre sophistique. Voici le texte : « Τοῦτο δὲ ἐποίει ταῖς καταγορίαις Ἀριστοτέλους πιστεύων· βιβλίον δὲ οὕτως ἐστὶν ἐπιγεγραμμένον αὐτῷ· ἐξ αὐτῶν τε διαλεγόμενος καὶ ἑαυτῷ σόφισμα ποιῶν οὐκ ᾔσθετο, οὐδὲ παρὰ τῶν ἐπιστημόνων ἔμαθε τὸν Ἀριστοτέλους σκοπόν. Ἐκεῖνος γὰρ διὰ τοὺς σοφιστὰς τὴν φιλοσοφίαν τότε χλευάζοντας, γυμνασίαν ταύτην συγγράψας τοῖς νέοις, τὴν διαλεκτικὴν τοῖς σοφισταῖς διὰ τῶν σοφισμάτων ἀντέθηκεν. Οἱ γοῦν ἐφεκτικοὶ τῶν φιλοσόφων τὰ Πλάτωνος καὶ Πλωτίνου ἐκτιθεμένοι, ἐξελέγχουσι τὰ τεχνικῶς παρὰ Ἀριστοτέλους λεγόμενα. Ἀλλὰ Ἀέτιος ἐφεκτικοῦ μὴ τυχὼν διδασκάλου, τοῖς ἐκ τῶν καταγοριῶν σοφίσμασι συνεπέμεινε. » Voir encore Theodorus Rhaituensis, De Incarnatione [P. G., XCI, 1504], etc.

VIII, 3 : Quando… emisit, recordemur. Cf., pour cette dérogation à la règle de l’interrogation indirecte, Hoppe, Syntax und Stil des Tertullian, Leipzig, 1903, p. 72.

VIII, 3 et suiv. Il convient de noter les principes dont Tertullien fait ici la substructure de son exégèse. Il insiste sur ce point que le sens d’une parole est étroitement déterminé par les circonstances diverses où cette parole a été prononcée. Le moment, l’auditoire, ce qui l’a précédée ou suivie, tout a une importance, quand on en veut préciser la portée. Cf. sur l’exégèse de Tertullien quelques vues générales dans mon édition du De Paenitentia et De Pudicitia (Collection Hemmer-Lejay), p. xxv et suiv.

IX, 4. Voici comment Mœhler (trad. Goyau, p. 95) commente ce passage et tout ce qui suit : « Tertullien dit avec raison que le christianisme, ayant un caractère déterminé et certain, ne peut pas être l’objet d’une perpétuelle investigation ; que si l’on établit l’investigation comme un principe fondamental, il n’y a pas d’espoir de parvenir jamais à la foi, ce qui, néanmoins, est le but supposé de l’investigation ; et il n’y a pas de raison non plus de renoncer à l’investigation, puisqu’il existe un nombre infini d’écoles qu’il est juste d’examiner toutes : par là, la majeure partie des chrétiens serait mal pourvue, au point de vue religieux, et le christianisme même serait réellement une singulière institution pour opérer le salut des hommes. » Voir aussi l’appréciation de Freppel, Tertullien, 3e  éd., 1887, t. II, p. 180 et suiv.

X, 6 : semper quaeremus, et nunquam omnino credemus. C’est le texte de Preuschen. Semper cre…mus et nunquam omnino credimus A.

X, 8. L’historicité du personnage d’Ébion est au moins douteuse. Cf. Hilgenfeld, Die Ketzergeschichte des Urchristenthums, Leipzig, 1884, p. 428 et suiv.

XI, 1. Pour cet emploi syntactique de quamvis, cf. Hoppe, op. cit., p. 78.

XIII, 1 et suiv. Il est intéressant de comparer à la teneur de cette regula fidei les autres passages où Tertullien l’a également formulée : De Praesc., XXXVI ; Adv. Praxean, II ; De Virginibus velandis, I. — L’Adversus Praxean, XXX, n’est relatif qu’à la personne du Fils.

XIV, 2. Le texte donné ici est celui de S ; aliqui tecum curios… quaerens A ; aliquis tecum curiosus tecum tamen quaerens Œhler et Preuschen.

Van der Vliet propose le texte suivant (p. 50) : Est utique frater aliqui doctor gratia scientiae donatus, est aliqui inter exercitatos conversatus [aliqui] tecum curiosius, tecum tamen ‹te› quaerentem novissime ignorare melius erit, ne quod non debeas noris, quia quod debeas nosti. — Et voici sa paraphrase : « Fortasse aliquo Christianarum veritatum praeceptore familiariter usus, vel cum quopiam sacrorum librorum perito multum collocutus, tibi magis sapere videberis nec non de fidei dogmatibus argutari didiceris, postremo vero re bene tecum solo considerata, satius erit nescire quae tibi semel credenti scire non opus est, nec protinus de mysteriis divinis quaerere. »

XIV, 3. Bossuet cite avec honneur ce passage dans ses Instructions pastorales sur les promesses de l’Église, 1re  Instr., chap. XLIII [éd. de Bar-le-Duc, 1862, V, 414]. Et il ajoute : « C’est le moyen, dites-vous, d’inspirer aux hommes un excès de crédulité qui leur fait croire tout ce qu’on veut sur la foi de leur curé ou de leur évêque. Vous ne songez pas, mes chers frères, que la foi de ce curé ou de cet évêque est visiblement la foi qu’enseigne en commun toute l’Église : il ne faut rien moins à un catholique. »

XIV, 11. Pour cet emploi syntactique de cum « concessif », cf. HOPPE, p. 80.

XIV, 12 : Antequam defendant, negant, quod confitentur A ; antequam defendant, negant, quod credunt confitentes L S, suivis par les premiers éditeurs et par Preuschen.

XVI, 3 : ut aut stomachi quis. — Ut stomachi quam ineas, Van der Vliet, p. 51, d’après le texte de A (ut stomachi qua ineat).

XXII, 2. Saint Irénée a exposé et discuté les mêmes insinuations gnostiques, Adv. Haer., III, 3, 1 (P. G., VII, 848). Cf. la traduction de Dufourcq, Saint Irénée, Paris, 1905, p. 126.

XXII, 11. Ce trait vise les Ébionites (cf. Épiphane, Haer., XXX, 16) ; les Encratites (Eusèbe, Hist. eccl., IV, 29, 5) ; et Marcion (Adv. Marc., V, 2 ; Kroymann, p. 573), qui tous rejetaient les Actes.

XXII, 11 : qui, quando et quibus… instituturi est… probare non habent. Cf., pour la syntaxe, Hoppe, p. 72.

XXIII-XXIV. Sur les circonstances où se produisit le conflit entre saint Pierre et saint Paul, cf. Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, t. Ier, Paris, 1906, p. 25 et suiv. — L’incident d’Antioche devait, deux siècles après Tertullien, mettre aux prises l’exégèse de saint Jérôme avec celle de saint Augustin. Saint Jérôme soutenait que l’attitude de Pierre était au fond pleinement approuvée par Paul, et que, si celui-ci avait blâmé Pierre ouvertement de ses concessions aux judéo-chrétiens, c’est par une supercherie dont ils étaient tous deux préalablement tombés d’accord, en vue de faire entendre aux judéo-chrétiens, sous ce prétexte, d’utiles vérités. Saint Augustin, lui, prenait le récit au pied de la lettre, et tenait que Pierre s’était réellement trompé et avait été réellement repris par Paul. L’idée d’admettre dans les Écritures un mendacium officiosum lui était insupportable. Voir l’analyse de leurs polémiques à ce sujet dans la Revue du Clergé français, 15 décembre 1900, p. 141 et suiv. : Controverses entre saint Jérôme et saint Augustin d’après leurs lettres, par A. Dufey. Voir aussi Turmel, Saint Jérôme, 1906, p. 100 et suiv. — Dès le iiie siècle, Porphyre avait exploité cette querelle contre la primauté de saint Pierre. Au moment de la Réforme, les protestants s’en prévalurent également contre elle, et les théologiens catholiques durent chercher à résoudre la difficulté. Cf. Turmel, Histoire de la Théologie positive du Concile de Trente au Concile du Vatican, t. II, Paris, 1906, p. 203 et suiv.

XXIII, 3. T. veut dire : en contestant l’authenticité des Actes, les hérétiques se sont ôté tout droit de tirer parti des renseignements que les Actes nous donnent sur Paul. En bonne justice, ils devraient reconnaître qu’ils ignorent tout de lui, sauf les indications qu’il nous donne sur lui-même dans ses Épîtres.

XXIII, 8 : adversarius ejus. — Adversarius eis Van der Vliet, p. 52, d’après Galates, I, 23.

XXIII, 8 : essent… praedicaret… magnificassent. Cf., pour ce mélange d’imparfait du subj. et de p.-q.-p. du subj., Hoppe, p. 69.

XXV, 1-2. Il est à noter que certains théologiens catholiques ont admis que les apôtres eurent deux enseignements : « l’un destiné au peuple et ne contenant que les notions indispensables, l’autre plus relevé et réservé aux évêques et aux prêtres. » Cf. Turmel, Hist. de la Théologie positive du Concile de Trente au Concile du Vatican, t. II, Paris, 1906, p. 23 et suiv.

XXV, 3. J’ai adopté le texte proposé par Van der Vliet, p. 52. — Tacitum ut alterius doctrinae deputetur ? A ; tam idoneum ut alterius doctrinae deputetur S ; tam id aerum ut alterius, etc. L. — Van der Vliet rapproche, pour autoriser son texte, remotiore doctrina, XXV, 6 ; argumentum occulti alicujus, XXV, 8 ; tecti sacramenti, XXVI, 2.

XXVI, 7 : potuissent… exponerent. Cf., pour la syntaxe, Hoppe, p. 69.

XXIX, 4. Pour la correspondance des temps, cf. Hoppe, p. 68.

XXX, 2. Il est à observer que les données de Tertullien ne sont pas ici très cohérentes, car le principal d’Antonin a duré de 138 à 161 et Éleuthère fut évêque de Rome de 174 à 189. M. P. A. Leder a cherché à résoudre la difficulté en supposant que quelques années déjà avant son épiscopat Éleuthère avait joué, à titre de diacre d’évêque, un rôle important dans la communauté romaine. Il s’appuie sur Hégésippe dans Eusèbe, IV, 22, 3. [Voir Die Diakonen der Bischöfe und Presbyter und ihre urchristlichen Vorläufer, Stuttgart, 1905, dans les Kirchenrechtl. Abhandl., hgb. von Stutz, Heft 23 und 24 ; cf. Deutsche Litteraturzeitung, 1906, no 20, p. 1239.] Mais la confrontation des données des hérésiologues sur Marcion force de reculer jusqu’à 138-140 environ la date de sa venue à Rome. Cf. Harnack, Chronol. der altchristl. Litteratur, I, p. 297-311, et Hilgenfeld, Die Ketzergeschichte des Urchristenthums, Leipzig, 1884. p. 330. Quant à Valentin, le témoignage de Tertullien est en contradiction avec celui d’Irénée (Adv. Haer., III, 4, 3) qui le fait venir à Rome sous l’évêque Hygin (vers 136-140) et l’y fait rester jusqu’au temps d’Anicet (vers 155-166). Cf. Hilgenfeld, op. cit., p. 285.

XXX, 2-3. On trouvera dans Esser, Die Bussschriften Tertullians de Paenitentia und de Pudicitia und das Indulgenzedict des Papstes Kallistus, Programm, Bonn, 1906, p. 20 et suiv., une intéressante analyse des indications que peut fournir pour l’histoire de la pénitence l’exemple de Marcion, tel que Tertullien le rapporte ici.

XXXII, 1-2. Dom Leclercq, L’Afrique chrétienne, Paris, 1904, I, 247, observe que ce défi suppose l’existence, dans les Églises chrétiennes primitives, d’archives où était conservée tout au moins la liste des évêques qui les avaient successivement gouvernées. Au surplus, il a tort sans doute d’interpréter census suos par « les registres matricules d’un recensement général embrassant les personnes et les biens ». Il s’agit uniquement ici des fastes épiscopaux.

XXXII, 2. L’ordre Clementem a Petro est différent de celui qu’indique Irénée, Adv. Haer., III, 3, 3 (P. G., VII, 849). Irénée marque ainsi la succession : Pierre et Paul, Lin, Anaclet, Clément. Eusèbe, III, 4, 8-9 [cf. III, 15], fait de Clément le troisième évêque des Romains après Lin. Cependant saint Jérôme écrit dans le De Viris illustribus, XV : « Clemens… quartus post Petrum Romae episcopus… tametsi plerique Latinorum secundum pofet apostolum putent fuisse Clementem. » Voir Harnack, Chronologie, I (1897), chap. IV.

XXXII, 7 : quaqua putant apostolicas. — Quaqua possunt apostolicas Van der Vliet, à cause de ce qui suit.

XXXIII, 5. Sur l’hérésie d’Ébion, cf. Hilgenfeld, Die Ketzergeschichte des Urchristenthums, Leipzig, 1884, p. 421 et suiv. ; Tixeront, Histoire des Dogmes, Paris, 1905, p. 178 et suiv.

XXXIII, 7. Sur la « résurrection » au sens spirituel, telle que l’entendaient les Valentiniens, cf. Irénée, Adv. Haer., II, 31, 2 (P. G., VII, 825) : « …Esse autem resurrectionem a mortuis, agnitionem ejus, quae ab eis dicitur, veritatis. » Voir aussi Tertullien, De resurr. carnis, XIX [éd. Kroymann, 1906, p. 51]. Passage important, conçu dans le même esprit.

XXXIII, 10. Sur l’hérésie caïnite ou gaïnite, cf. Hilgenfeld, op. cit., p. 250 et suiv.

XXXIV, 2-3. La même idée est développée dans l’Adversus Marcionem, I, 21 (Kroymann, p. 317).

XXXIV, 6 : quae quando fuerint. — Fuerit A.

XXXIV, 6. Pour l’emploi de dum, cf. Hoppe, p. 79.

XXXVI, 1. Tertullien insiste ici avec une telle force sur les vestiges laissés par les apôtres dans les Églises qu’ils avaient fondées, que l’on s’est demandé s’il n’entendait pas par ces cathedrae apostolorum les sièges mêmes où les apôtres s’étaient assis ; par ces authenticae litterae les lettres mêmes, dans leur matérialité authentique, écrites aux communautés naissantes. On a rapproché de ce texte un passage d’Eusèbe, Hist. Eccles., VII, 19, où il est dit que le Θρόνος Ἰακώβου, frère du Christ et premier évêque de Jérusalem, était soigneusement conservé dans cette ville. Je ne serais pas éloigné de croire que c’est bien ce que veut faire entendre Tertullien. Routh (cf. Migne, P. L., t. II, 1878, col. 58, note 63) pense que cathedrae apostolorum signifie principales ecclesiae : mais alors ce serait une répétition bien inutile. Quant aux authenticae litterae, Semler croit que le mot authenticus indique simplement que c’est le texte grec original qui était lu dans les Églises apostoliques, et non la traduction latine. Mais ce texte grec n’était-il donc lu que là ? On le voit, la discussion reste ouverte.

XXXVI, 3. Tertullien est le seul qui rapporte le fait de cette immersion inoffensive de saint Jean dans l’huile bouillante. Saint Jérôme en fait aussi mention, mais d’après Tertullien (Comm. in Matth., XX, 26 ; Adv. Jovin., I, 26). Pour l’appréciation de cette légende, cf. Linsenmayer, dans l’Historisches Jahrbuch, 1904, p. 462.

XXXVI, 4 : cum Africanis, mss.Quid cum Africanis Pamèle, Precschen et Van der Vliet, p. 55.

XXXVIII, 7 : manu. — Manus A (adopté par Rauschen). Expositione. — Expositiones L. La désinence est effacée dans A.

XXXVIII, 10. « Dès l’origine, affirme Tertullien dans le De Pudicitia, VIII, 12 [éd. de Labriolle, coll. Hemmer-Lejay, p. 99], les hérétiques ont conformé la matière même de leurs doctrines aux circonstances particulières indiquées dans les paraboles. Délivrés de la règle de foi, il leur a été loisible de rechercher et de combiner des traits analogues en apparence à ceux des paraboles. »

XXXIX, 3. Isidore de Séville a manifestement utilisé ce passage, Orig., I, xxxix, 25 : « Centones apud grammaticos vocari solent qui de carminibus Homeri vel Vergilii ad propria opera more centonario in unum sarcinntur corpus, ad facultatem cujusque materiae. Denique Proba, uxor Adelphi, centonem ex Vergilio de fabrica mundi et evangeliis plenissime expressit, materia composita secundum versus et versibus secundum materiam concinnatis. » — Nous possédons encore un certain nombre de « centons » virgiliens. On les trouvera réunis dans Baehrens, Poetae latini minores (Bibl. Teubner), IV, pp. 191-240. Il y eut même des centons chrétiens extraits de Virgile, par ex. le Cento Vergilianus, de Proba, au ive siècle [cf. Schanz, Gesch. d. röm. Litteratur, Vierter Theil, p. 197 et suiv.]. Nous avons aussi une Médée qui est vraisemblablement celle à laquelle Tertullien fait allusion. En voici quelques vers :

Esto nunc Sol testis et haec mihi Terra precanti
Et dirae Ultrices et tu, Saturnia Juno !
Ad te confugio, nam te dare jura loquuntur
Conubiis. Si quid pietas antiqua labores
Respicit humanos, nostro succurre labori,
Alma Venus ! etc.

Cf. Teuffel, Gesch. d. röm. Litter., § 26, 2 ; Schanz, Gesch. d. röm. Litter., Dritter Theil, 2e  éd., p. 44 ; Anthol. de Riese, no 15 ; Baehrens, Poetae lat. min., t. IV, p. 219.

Le Tableau de Cébès (Πίναξ Κέβητος) est « la description et l’explication d’un tableau allégorique que deux étrangers admirent dans un temple de Cronos, où il a été consacré autrefois par un Pythagoricien. Ce tableau est une image de la vie humaine, et l’explication qui en est donnée constitue toute une doctrine de salut » (Croiset, Litt. grecque, V, 415-416). L’ouvrage est de tendances pythagoriciennes. Il obtint un vif succès à partir du iie siècle. Édition Praechter (Teubner), 1893 ; et J. van Wageningen, dans la Bibliotheca Batava scriptorum graecorum et Romanorum curantibus K. Kuiper, J. S. Speyer, J. van Wageningen, Groningen, 1903. Cf. l’importante recension de Praechter dans la Berliner philol. Wochenschrift, 1905, pp. 145-156.

XL, 2. Que le démon ait, par malignité, copié la plupart des sacramenta du Christianisme, c’est là une des idées favorites de Tertullien (les principaux textes sont groupés dans d’Alès, La Théologie de Tertullien, pp. 158-159). — Déjà les apologistes grecs avaient mis en lumière ces contrefaçons. Cf saint Justin, Ire Apol., XXII, 5-6 ; LXII, 1-2 ; LXIV, 1-5 ; LXVI, 4, etc. ; Dial. c. Tryph., LXX. La critique moderne a posé très différemment le problème et s’est préoccupée surtout de l’influence que les mystères et les rites païens ont pu exercer sur le Christianisme. Quelques vues d’ensemble sur ce sujet dans Goblet d’Alviella, Rev. d’Hist. des Religions, nov.-déc. 1903, p. 327 et suiv., et Eleusinia, Paris, 1903, p. 120 et suiv. ; dans Duchesne, Hist. anc. de l’Église, Paris, 1906, p. 50 ; dans la Theologische Litteraturzeitung, 1903, p. 430 ; dans la Revue d’Hist. et de Littér. relig., VII (1902), p. 359 et suiv. ; dans Renan, Études d’Histoire religieuse, p. 58 et suiv. Les principaux travaux sur la question sont ceux de Edwin Hatch, The influence of greek ideas and usages upon the Christian Church, Londres, 1890 ; de Anrich, Das antike Mysterienwesen in seinem Einfluss auf das Christentum, Göttingen, 1894 (en y ajoutant les recensions de E. Preuschen, dans la Deutsche Litteraturzeitung, XVIII (1897), pp. 282-284 ; de P. Wendland, dans la Berliner philologische Wochenschrift, XV (1895), pp. 655-666 ; de Hutchison, dans The Classical Review, VIII (1894), p. 417 et suiv.) ; de Wobbermin, Religionsgeschichtliche Studien zur Frage der Beeinflussung des Urchristentums durch das antike Mysterienwesen, Berlin, 1896 (en y ajoutant la recension de E. Rhode, dans la Berliner philologische Wochenschrift, XVI (1896), pp. 1577-1586) ; de Cheetam, The Mysteries pagan and Christian, being the Hulsean Lectures for 1896-7, Londres, 1897 ; de J. B. Mayor, dans l’introduction du VIIe livre des Stromates, publié par F. J. A. Hort, Londres, 1902.

XL, 4. Sur la liturgie des mystères de Mithra, cf. Les Mystères de Mithra, par Franz Cumont, Paris, 1902, pp. 125-147. — P. 130 : « …Le myste qui aspirait au titre de miles, se voyait présenter sur une épée une couronne. Il la repoussait de la main et la faisait passer sur son épaule en disant que Mithra était sa seule couronne. Désormais il n’en portait plus jamais, ni dans les festins, ni même si on lui en décernait une comme récompense militaire, et il répondait à celui qui la lui offrait ; « Elle appartient à mon dieu », c’est-à-dire au dieu invincible. » — Cf. p. 101 : « Tertullien rapproche aussi la confirmation de ses coreligionnaires de la cérémonie où l’on « signait au front le Soldat ». Il semble cependant que le signe ou sceau qu’on apposait n’était pas, comme dans la liturgie chrétienne, une onction, mais une marque gravée au fer ardent, semblable à celle qu’on appliquait dans l’armée aux recrues avant de les admettre au serment. L’empreinte indélébile perpétuait le souvenir de l’engagement solennel par lequel le profès s’était obligé à servir dans cette espèce d’ordre de chevalerie qu’était le mithriacisme. » — P. 133 : « On plaçait devant le myste un pain et une coupe remplie d’eau, sur laquelle le prêtre prononçait les formules sacrées. » Pour les rapports entre le mithriacisme et le christianisme, voir Harnack, Die Mission und Ausbreitung, etc., 2e  éd. (1906), t. II, p. 272, n. 1.

XL, 8. Jülicher, Theolog. Litteraturzeitung, 1892, p. 405, note qu’il faut une négation dans le κῶλον neque ab idololatria distare haereses. J’ai introduit parum proposé par Van der Vliet, p. 55.

XLI, 2. Tertullien fournit ici « la plus ancienne attestation » de la séparation des catéchumènes et des fidèles proprement dits dans l’Église ; cf. Batiffol, Études d’Histoire et de Théologie positive³, pp. 26-29 ; Koch, Die Büsserentlassung in der abendl. Kirche, Theol. Quartalschrift, t. LXXXII (1900) et t. LXXXV (1903) ; d’Alès, op. cit., pp. 318-321.

XLI, 5. Pour la part faite aux femmes dans les fonctions ecclésiastiques, soit par le catholicisme, soit par l’hérésie, dans les premiers siècles, cf. L. Zscharnack, Der Dienst der Frau in den ersten Jahrhunderten der christlichen Kirche, Göttingen, 1902, pp. 77 et suiv., 94 et suiv., 156 et suiv., 175 et suiv.

XLIII, 1. La magie et l’astrologie furent toujours suspectes aux yeux des chrétiens en tant que contraires à l’idée même d’une Providence dont rien ne peut enchaîner les libres décisions. Parmi les métiers qu’énumère Tertullien dans le De Idololatria comme apparenté à l’idolâtrie, il met au premier rang l’astrologie [IX ; Reifferscheid, p. 38]. Toute discussion à ce sujet lui paraît oiseuse, tellement le cas est clair. Il ne s’y résigne que parce qu’un astrologue (il s’agit évidemment d’un chrétien qui avait cru pouvoir garder son gagne-pain quand il avait adhéré à la foi) a osé tenter récemment de justifier l’exercice de sa profession. Tertullien aperçoit et souligne l’objection fondamentale qu’on doit opposer à cet art : en prétendant que la destinée est immuablement inscrite dans les astres, les astrologues rendent superflu le recours au vrai Dieu. Au surplus, ce sont les anges rebelles à Dieu qui ont inventé ces vaines spéculations. — Mais n’est-il pas vrai, objectait-on, que ce furent des mages qui, les premiers, annoncèrent d’après les étoiles la naissance du Christ et lui apportèrent des présents ? — En tous cas, répond Tertullien, la venue du Christ a marqué le terme de cette science, et maints passages scripturaires [v. g. Actes, VIII, 9-24 ; XIII, 6-11] prouvent l’hostilité de Dieu à l’égard d’une profession désormais incompatible avec la profession de chrétien. Dans le De Anima, LVII [Reifferscheid, p. 391], il s’emporte en violentes invectives contre la magie qui, frauduleusement, prétend évoquer les âmes du fond des enfers. Notons aussi qu’au chap. XVIII du Ier livre de l’Adv. Marcionem [Kroymann, p. 31], il rappelle ironiquement les accointances des Marcionites avec la « mathématique ». On trouvera l’indication d’un grand nombre de textes chrétiens contre les mêmes pratiques dans le Dictionary of Christian Antiquities, Londres, 1893, articles Magic et Astrology ; voir aussi Rev. d’Hist. et de Litt. relig., 1903, p. 431 et suiv., et 1906, p. 40.

XLIV, 4. De l’aveu des éditeurs, ce passage est corrompu. J’ai cherché à donner à la phrase son sens le plus naturel en insérant quam avant culpam et en supposant que culpam eorum est tombé après culpam et suorum, par suite de la quasi identité des deux κῶλα. Agnoscent suam potius culpam et suorum, qui Rauschen.


  1. A = Agobardinus ; S = Seletstadiensis ; L = Leidensis. Cf. Introd., p. XLVII.