chez Volland, Gattey, Bailly (p. 179-182).


CHAPITRE XXXVII.

Caractère.



Le caractère est dans l’homme ce qui résulte éminemment de la combinaison naturelle ou factice de ses facultés, de ses opinions, de ses volontés, de ses affections, de ses goûts, de ses habitudes ; c’est, pour ainsi dire, le principe vital de toute son existence morale.

« Le caractère, » a dit un grand homme aussi cher à la France par ses écrits que par ses vertus, « le caractère est cette puissance de l’ame, cette force inconnue qui semble unir par une flamme invisible le mouvement à la volonté, et la volonté à la pensée. »

Si le caractère doit toute sa force à la nature, ce n’est pas que les qualités que nous acquérons, ou par des efforts volontaires, ou par une sorte de contagion qui nous les communique, ne puissent le modifier jusqu’à un certain point ; c’est qu’il ne tient à aucune de ces qualités en particulier, mais se forme insensiblement du mélange de toutes, sans que l’esprit ou la volonté y ait aucune part.

Comme on lit beaucoup d’ouvrages qui n’offrent aucun résultat déterminé, l’on voit sans doute aussi beaucoup d’hommes dont il paraît impossible de marquer le caractère : ce sont les lieux communs de l’espèce humaine, et cette classe, est nombreuse.

J’ai connu des hommes à qui leurs principes tenaient lieu de caractère ; j’en ai vu d’autres à qui leur caractère tenait lieu de principes ; mais je me suis trompé moins souvent, je l’avoue, en comptant sur les vertus de ces derniers : leurs vertus dépendent d’une sorte d’instinct ; ce sont, comme on l’a dit, des vertus purement animales ; on est bien sûr de ce qu’ils pourront faire, parce qu’ils sont en quelque manière dans l’impossibilité de faire autrement.

Si l’on ne peut changer son caractère, on peut du moins se donner des qualités et des habitudes qui en renforcent ou qui en adoucissent le ton dominant et les nuances particulières.