chez Volland, Gattey, Bailly (p. 163-165).


CHAPITRE XXXI.

Sensibilité.



Des habitudes propres à exciter trop vivement notre sensibilité ne sont pas moins nuisibles au bonheur que celles qui pourraient l’étouffer ou l’affaiblir.

De toutes les hypocrisies, celle de la sensibilité me paraît la plus ridicule et la plus méprisable, et c’est proprement le travers de ce siècle. Où est Molière ? Point de vice à la mode qui ait mieux mérité qu’on en fasse une justice éclatante au théâtre. Comme le véritable amour, la véritable sensibilité craint les regards indiscrets ; elle a, si j’ose m’exprimer ainsi, sa modestie et sa pudeur.

Pour modérer une sensibilité trop vive ou trop susceptible, je crois qu’il n’est point de remède aussi sûr que de prendre l’habitude d’une manière d’être extrêmement simple, peut-être même un peu plus méthodique que ne l’exigerait d’ailleurs un caractère moins faible.

J’ai remarqué souvent que les personnes accoutumées dans leur intérieur à un certain arrangement plus ou moins uniforme, résistaient davantage à toutes les impressions du dehors ; que lors même qu’elles avaient été vivement affectées, on les voyait rentrer plutôt dans l’état de calme qui leur était habituel.