chez Volland, Gattey, Bailly (p. 120-122).


CHAPITRE XVII.

Gourmandise, Ivrognerie.



Comment les oublier dans un traité de morale ? Ce sont les premières et les dernières passions de l’homme, et c’est aux deux extrémités de la vie que leur influence paraît le plus à craindre. Ce sont elles qui probablement ont fait les premiers brigands comme les premiers héros de la terre. C’est la gourmandise qui donna lieu aux plus anciennes conquêtes dont nous parle l’histoire. Sur cent voleurs que leurs forfaits ont conduits au supplice, peut-être n’en est-il pas deux que cette vile passion n’ait entraînés dans l’enfance à la première faute devenue le germe de tous leurs crimes.

Que de libertins échappés aux suites ordinaires du désordre de leur jeunesse, qui, dans un âge avancé, meurent victimes de la seule sensualité que leur laisse encore un tempérament épuisé par l’abus des voluptés dont ils furent esclaves !

Ô douce médiocrité ! un des biens réservés à ceux qui savent te chérir, c’est ce plaisir simple et pur que l’habitude de la frugalité ne cesse de mêler aux jouissances du besoin qui se renouvelle le plus souvent et ne s’use enfin qu’avec la vie.