De la monarchie selon la Charte/Chapitre I-31

Garnier frères (Œuvres complètes, tome 7p. 186).

CHAPITRE XXXI.
QU’UN MINISTRE DE LA POLICE GÉNÉRALE DANS UNE CHAMBRE DES DÉPUTÉS N’EST PAS À SA PLACE.

Voyez un ministre de la police générale dans une chambre de députés : qu’y fait-il ? il fait des lois pour les violer, des règlements de mœurs pour les enfreindre. Comment peut-il sans dérision parler de la liberté, lui qui en descendant de la tribune peut faire arrêter illégalement un citoyen ? Comment s’exprimera-t-il sur le budget, lui qui lève des impôts arbitraires ? Quel représentant d’un peuple que celui-là qui donneroit nécessairement une boule noire contre toute loi tendant à supprimer les établissements de jeu, à fermer les lieux de débauche, parce que ce sont les égouts où la police puise ses trésors ! Enfin, les opinions seront-elles indépendantes en présence d’un ministre qui ne les écoute que pour connoître l’homme qu’il faut un jour dénoncer, frapper ou corrompre ? C’est le devoir de sa place. Nous prétendons établir parmi nous un gouvernement constitutionnel, et nous ne nous apercevons seulement pas que nous voulons y faire entrer jusqu’aux institutions de Buonaparte.