DE LA LITTÉRATURE


DES NÈGRES.




CHAPITRE PREMIER


Ce qu’on entend par le mot Nègres. Sous cette dénomination doit-on comprendre tous les Noirs ? Disparité d’opinion sur leur origine. Unité du type primitif de la race humaine.




Sous le nom d’Éthiopiens, les Grecs comprenoient tous les hommes noirs. Cette assertion s’appuie sur des passages de la bible des Septante, d’Hérodote, Théophraste, Pausanias, Athénée, Héliodore, Eusèbe, Flavius Josephe[1]. Ils sont appelés de même par Pline l’ancien et Térence[2]. On distinguoit les Éthiopiens orientaux, ou indiens, ou d’Asie, des Éthiopiens occidentaux, ou d’Afrique. Rome connut ceux-ci sans doute dans ses guerres avec les Carthaginois, qui en avoient dans leurs armées, à ce que prétend Macpherson, fondé sur un passage de Frontin[3]. Rome ayant plus que la Grèce des relations fréquentes avec les côtes occidentales de l’Afrique, quelquefois, dans les auteurs latins, les Noirs furent appelés Africains[4]. Mais en Orient, on continua de les désigner sous le nom d’Éthiopiens, parce qu’ils y arrivoient par la voie de l’Éthiopie, qui depuis l’an 651 paya, pendant assez longtemps aux Arabes, un tribut annuel d’esclaves, et qui, pour acquitter ce tribut, en tiroit peut-être de l’intérieur de l’Afrique[5]. On les employoit à la guerre, car dans celle des croisades, on voit à Hébron, et au siége de Jérusalem, en 1099, des Noirs à cheveux crépus, que Guillaume de Malmesbury appelle également Éthiopiens[6].

Chez les modernes, quoique le nom d’Éthiopie soit exclusivement réservé à une région de l’Afrique, beaucoup d’écrivains, espagnols et portugais surtout, ont appelé Éthiopiens tous les Noirs. Il n’y a pas encore trente ans que le docteur Ehrlen imprimoit, à Strasbourg, un traité de servis Æthiopibus Europeorum in coloniis Americæ[7]. La dénomination d’Africains prévaut actuellement, et l’emploi de ces deux mots est également abusif, puisque d’une part l’Éthiopie, dont les habitans ne sont pas du noir le plus foncé[8], n’est qu’une partie d’Afrique, et que de l’autre il y a des Noirs asiatiques. Hérodote les nomme Éthiopiens à cheveux longs, pour les distinguer de ceux d’Afrique, qui ont les cheveux crépus ; car autrefois on croyoit que ceux-ci n’appartenoient qu’à l’Afrique, et que les Noirs à cheveux longs ne se trouvoient que dans le continent asiatique. Quelques réglemens avoient défendu d’en importer dans les îles de France et de la Réunion ; mais les relations des voyageurs nous ont appris que dans le continent africain, ainsi qu’à Madagascar, il y a aussi des Nègres à cheveux longs : tels sont, au centre de l’Afrique, les habitans de Bornou[9] ; tels étoient les Nègres pasteurs de l’île de Cerné, où les Carthaginois avoient des comptoirs[10]. D’un autre côté les indigènes des îles des Andamans, dans le golfe du Bengale, sont des Noirs à cheveux crépus ; dans diverses parties de l’Inde, les montagnards en ont presque la couleur, la figure et la chevelure. Ce fait est consigné dans un savant mémoire de Francis Wilford, associé de l’Institut national[11]. Il ajoute que les plus anciennes statues des divinités indiennes ont la figure des Nègres. Ces considérations fortifient le système, qu’autrefois cette race a couvert une grande partie du continent asiatique.

La couleur noire étant le caractère le plus marqué qui sépare des Blancs une partie de l’espèce humaine, communément on a été moins attentif aux différences de conformation qui entre les Noirs eux-mêmes établissent des variétés. C’est à quoi fait allusion Camper, lorsqu’il dit que Rubens, Sébastien Ricci et Vander-Tempel, en peignant les Mages, ont peint des Noirs, et non des Nègres. Ainsi, avec d’autres auteurs, Camper restreint cette dernière dénomination à ceux qui se font remarquer par des joues proéminentes, de grosses lèvres, un nez épaté, et la chevelure moutonnée. Mais cette distinction entre eux, et ceux qui ont la chevelure lisse et longue, ne constitue pas une diversité de races. Le caractère spécifique des peuples est permanent, tant qu’ils vivent isolés ; il s’affoiblit ou disparoît par le mélange. Reconnoît-on la peinture que fait César des Gaulois, dans les habitans actuels de la France ? Depuis que les peuples de notre continent sont, pour ainsi dire, transvasés les uns dans les autres, les caractères nationaux sont presque méconnoissables au physique et au moral. On est moins Français, moins Espagnol, moins Allemand ; on est plus Européen, et ces Européens, ont les uns la chevelure frisée, les autres lisse ; mais si, à cause de cette différence et de quelques autres dans la stature et la conformation, on prétendoit assigner l’étendue et les limites de leurs facultés intellectuelles, n’auroit-on pas le droit d’en rire ? Dira-t-on que la comparaison péche en ce que les chevelures européennes qui sont crépues ne sont pas laineuses ? Au lieu de se prévaloir des exceptions à cette règle, on se borne à demander si cette discrépance suffit pour nier l’identité d’espèce. Il en est de même dans la variété noire ; entre les individus placés aux extrémités de la ligne terminée d’un côté par la variété blanche, et de l’autre par la noire, il existe des différences remarquables qui s’atténuent et se confondent dans les intermédiaires.

Des passages d’auteurs qu’on a cités, attestent que les Grecs ont eu des esclaves nègres ; c’étoit même un usage assez commun, selon Visconti, qui, dans le Musée Pio-Clémentin, a publié une très-belle figure d’un de ces Nègres qu’on employoit au service des bains[12] : déjà Caylus en avoit fait graver plusieurs autres[13].

La loi mosaïque défendoit de mutiler les hommes ; mais Jahn assure, dans son Archéologie biblique, que les rois des Hébreux achetoient des autres nations des eunuques, et spécialement des Noirs[14] ; il ne cite aucune autorité à l’appui de son dire. Toutefois il est possible qu’ils en aient eu, soit par leurs communications avec les Arabes, soit lorsque les flottes de Salomon cingloient d’Aziongaber à Ophir, d’où elles apportoient, dit Flavius Josephe, beaucoup d’ivoire, des singes et des Éthiopiens[15] : ce qui est incontestable, c’est que l’Égypte commerçoit avec l’Éthiopie, et que les Alexandrins faisoient la traite des Nègres. Athenée et Pline le naturaliste en fournissent la preuve, et Ameilhon s’en appuie dans son histoire du commerce des Égyptiens[16].

Pinkerton croit ceux-ci d’origine assyrienne ou arabe[17]. Heeren paroît mieux fondé, en les faisant descendre des Éthiopiens, qui eux-mêmes, selon Diodore de Sicile, regardoient les Égyptiens comme une de leurs colonies[18]. Plus on remonte vers l’antiquité, plus on trouve de relations entre leurs pays respectifs ; même écriture, mêmes mœurs, mêmes usages. Le culte des animaux encore subsistant chez presque tous les peuples nègres, étoit celui des Égyptiens ; leurs formes étoient celles des Nègres un peu blanchis par l’effet du climat. Hérodote assure que les Colches sont originairement Égyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus[19]. Ce témoignage infirme les raisonnemens de Browne ; les expressions d’Hérodote, dit-il, signifient seulement que les Égyptiens ont un teint basané et des cheveux crépus, comparativement aux Grecs, mais elles n’indiquent pas des Nègres[20]. À cette assertion de Browne il ne manque que la preuve ; le texte d’Hérodote est clair et précis.

Tout concourt donc à fortifier le système de Volney, qui voit dans les Coptes les représentans des Égyptiens. Ils ont un ton de peau jaunâtre et fumeux, le visage bouffi, l’œil gonflé, le nez écrasé, la lèvre grosse, en un mot la figure mulâtre[21]. Fondé sur les mêmes observations, Ledyard croit à l’identité des Nègres et des Coptes[22]. Le médecin Frank, qui étoit de l’expédition d’Égypte, appuie cette opinion par le rapprochement des usages, tels que la circoncision et l’excision pratiquées chez les Coptes et chez les Nègres[23] ; usages qui, au rapport de Ludolphe, se sont conservés chez les Éthiopiens[24].

Blumenbach a remarqué dans des crânes de momies ce qui caractérise la race nègre. Cuvier n’y trouve pas cette conformité de structure. Ces deux témoignages imposans, mais en apparence contradictoires, se concilient en admettant, comme Blumenbach, trois variétés égyptiennes, dont une rappelle la figure des Indous, une autre celle des Nègres, une troisième propre au climat de l’Égypte, dépend des influences locales : les deux premières s’y confondent par le laps de temps[25] ; la seconde, qui est celle du Nègre, se reproduit, dit Blumenbach, dans la figure du sphinx. Ici Browne vient encore s’inscrire en faux. Il prétend que la statue du sphinx est tellement dégradée, qu’il est impossible d’assigner son véritable caractère[26] ; et Meiners doute si les figures du sphinx représentent des héros ou des génies mal-faisans. Ce sentiment est combattu par l’inspection des sphinx dessinés dans Caylus, Norden, Niehbur et Cassas, examinés sur les lieux par les trois derniers, et depuis par Volney et Olivier[27]. Ils lui trouvent la figure éthiopienne ; d’où Volney conclut qu’à la race noire, aujourd’hui esclave, nous devons nos arts, nos sciences, et jusqu’à l’art de la parole[28].

Grégory, dans ses Essais historiques et moraux, nous reporte aux siècles antiques pour montrer pareillement dans les Nègres nos maîtres en sciences ; car ces Égyptiens, chez lesquels Pythagore, et d’autres Grecs, alloient puiser la philosophie, n’étoient, selon plusieurs écrivains, que des Nègres, dont les traits natifs furent décomposés et modifiés par le mélange successif des Grecs, des Romains et des Sarrasins. Dût-on prouver que les sciences sont venues de l’Inde en Égypte, en seroit-il moins vrai qu’elles ont traversé ce dernier pays pour arriver en Europe ?

Meiners se retranche à soutenir que l’on doit peu aux Égyptiens ; et un homme de lettres, à Caen, a publié une dissertation pour développer cette thèse[29]. Déjà elle avoit eu pour défenseur Edouard Long, auteur anonyme de l’histoire de la Jamaïque, qui, en accordant aux Nègres un caractère très-analogue à celui des anciens Égyptiens, charge ceux-ci de mauvaises qualités, leur refuse le génie, le goût ; leur dispute les talens pour la musique, la peinture, l’éloquence, la poésie ; il leur accorde seulement la médiocrité en architecture[30]. Il auroit pu ajouter que cette médiocrité se manifeste dans leurs pyramides, qu’un simple maçon eût pu construire, si la vie d’un individu étoit assez longue. Mais sans vouloir placer l’Égypte au terme le plus élevé des connoissances humaines, toute l’antiquité dépose en faveur de ceux qui l’envisagent comme une école célèbre, à laquelle s’instruisirent beaucoup de savans vénérés de la Grèce.

Quoique Edouard Long refuse du génie aux Égyptiens, il les élève fort au-dessus des Nègres ; car il ravale ceux-ci au dernier échelon de l’intelligence[31] ; et comme une mauvaise cause se défend par des argumens de même nature, au nombre de ceux qu’il allègue pour établir l’infériorité morale des Nègres, il assure que leur vermine est noire. C’est, dit-il, une remarque échappée à tous les naturalistes[32]. En supposant la réalité de ce fait, qui oseroit (excepté Edouard Long) en conclure que les variétés humaines n’ont pas un type identique, et contester à quelques-unes l’aptitude à la civilisation ?

Ceux qui ont voulu déshériter les Nègres, ont appelé l’anatomie à leur secours, et sur la disparité de couleur se sont portées leurs premières observations. Un écrivain nommé Hanneman, veut que la couleur des Nègres leur soit venue de la malédiction prononcée par Noé contre Cham. Gumilla perd son temps à le réfuter. Cette question a été discutée par Pechlin, Ruysch, Albinus, Pittre, Santorini, Winslow, Mitchil, Camper, Zimmerman, Meckel père, Demanet, Buffon, Somering, Blumenbach, Stanhope-Smith[33], et beaucoup d’autres. Mais comment s’accorderoit-on sur les conséquences, si l’on est discordant sur les faits anatomiques qui doivent leur servir de base ?

Meckel père pense que la couleur des Nègres est due à la couleur foncée du cerveau ; mais Walter, Bonn, Somering, le docteur Gall, et d’autres grands anatomistes, trouvent la même couleur dans les cerveaux des Nègres et ceux des Blancs.

Barrère et Winslow croient que la bile des Nègres est d’une couleur plus foncée que celle des Européens ; mais Somering la trouve d’un verd jaunâtre.

Attribuez-vous la couleur des Nègres à celle de leur membrane réticulaire ? Mais si chez les uns elle est noire, d’autres l’ont cuivrée ou couleur de bistre. Au fond, c’est reculer la difficulté sans la résoudre ; car dans l’hypothèse que la substance médullaire, la bile, la membrane réticulaire, seroient constamment noires, il resteroit à expliquer la cause. Buffon, Camper, Bonn, Zimmerman, Blumenbach, Chardel son traducteur français[34], Somering, Imlay, attribuent la couleur des Nègres, et celle des autres variétés, au climat, secondé par des causes accessoires, telles que la chaleur, le régime de vie. Le savant professeur de Gottingue remarque qu’en Guinée, non-seulement les hommes, mais les chiens, les oiseaux, et surtout les gallinacées, sont noirs, tandis que l’ours et d’autres animaux sont blancs vers les mers glaciales. La couleur noire étant, selon Knight, l’attribut de la race primitive dans tous les animaux, il penche à croire que le Nègre est le type original de l’espèce humaine[35]. Demanet et Imlay remarquent que les descendans des Portugais établis au Congo, sur la côte de Sierra-Leone, et sur d’autres points de l’Afrique, sont devenus Nègres[36] ; et pour démentir des témoins oculaires tel que le premier, il ne suffit pas de nier, comme l’a fait le traducteur du dernier ouvrage de Pallas[37].

On sait que les parties les moins exposées au soleil, telles que la plante des pieds et les entre-doigts sont blafardes ; aussi Stanhope-Smith, qui dérive la couleur noire de quatre causes, le climat, le régime de vie, l’état de société, la maladie, après avoir accumulé des faits qui prouvent l’ascendant du climat sur la complexion et la figure, explique très-bien pourquoi les Africains de la côte occidentale sous la zone torride, sont plus noirs que ceux de l’est ; pourquoi la même latitude en Amérique ne produit pas le même effet. Ici l’action du soleil est combattue par des causes locales qui, en Afrique, la fortifient ; en général la couleur noire se trouve entre les Tropiques, et ses nuances progressives, suivent la latitude chez les peuples qui très-anciennement établis dans une contrée n’ont été ni transplantés sous d’autres climats, ni croisés par d’autres races[38]. Si les Sauvages de l’Amérique du nord, et les Patagons placés à l’autre extrémité de ce continent, ont la teinte plus foncée que les peuples rapprochés de l’isthme de Panama, pour expliquer ce phénomène, ne doit-on pas recourir aux transmigrations anciennes, et consulter les impressions locales ? T. Williams, auteur de l’Histoire de l’État de Vermont, appuie ce système par des observations qui prouvent la connexité de la couleur et du climat ; sur des données approximatives, il conjecture que pour réduire, par des croisemens, la race noire à la couleur blanche, il faut cinq générations qui, étant supposées chacune de vingt-cinq ans, donnent un total de cent vingt-cinq ans ; que pour amener les Noirs à la couleur blanche, sans croisement et par la seule action du climat, il faut quatre mille ans ; mais seulement six cents ans pour les Indiens qui sont de couleur rouge[39].

Ces effets sont plus sensibles chez les esclaves attachés au service domestique, mieux soignés, mieux nourris. Non-seulement leurs traits et leur physionomie ont subi un changement visible, mais ils gagnent au moral[40].

Outre le fait incontestable des Albinos, Somering établit, par des observations multipliées, que l’on a vu des Blancs noircir, jaunir ; des Nègres blanchir ou pâlir, surtout à l’issue de maladies[41] : quelquefois même, dans la grossesse, la membrane réticulaire des femmes blanches devient aussi noire que celle des Négresses d’Angola. Ce phénomène vérifié par le Cat, est confirmé par Camper, comme témoin oculaire[42]. Cependant Hunter soutient que quand la race d’un animal blanchit, c’est une preuve de dégénération. Mais s’ensuit-il que dans l’espèce humaine la variété blanche soit dégénérée ? Ou faut-il, au contraire, avec le docteur Rush, dire que la couleur des Nègres est le résultat d’une léproserie héréditaire ? Il s’appuie du chimiste Beddoes, qui avoit presque blanchi la main d’un Africain, par une immersion dans l’acide muriatique oxigéné[43]. Un journaliste propose, en ricanant, d’envoyer en Afrique des compagnies de blanchisseurs[44]. Cette plaisanterie, inutile pour éclaircir la question, est inconvenante quand il s’agit d’un homme distingué comme le docteur Rush.

Les philosophes ne s’accordent pas à fixer quelle partie du corps humain doit être réputée le siége de la pensée et des affections. Descartes, Harthley, Buffon offrent chacun leurs systèmes. Cependant, comme la plupart le placent dans le cerveau, on a voulu en conclure que les plus grands cerveaux étoient les plus richement dotés en talens, et que les Nègres l’ayant plus petit que les Blancs, devoient leur être inférieurs. Cette assertion est détruite par des observations récentes ; car divers oiseaux ont proportionnément le cerveau plus volumineux que celui de l’homme.

Cuvier ne veut pas que l’on mesure la portée de l’intelligence sur le volume du cerveau, mais sur celui de la partie du cerveau nommée les hémisphères, qui augmente ou diminue, dit-il, dans la même mesure que les facultés intellectuelles de tous les êtres dont se compose le règne animal. Mais Cuvier, modeste comme tous les vrais savans, ne propose sans doute cette idée que comme une conjecture ; car pour tirer une conséquence affirmative, ne faudroit-il pas que nous connussions mieux les rapports de l’homme, son état moral ? Combien de siècles s’écouleront peut-être avant qu’on ait pénétré ce mystère.

« Tout ce qui différencie les nations, dit Camper, consiste dans une ligne menée depuis les conduits des oreilles jusqu’au fond du nez, et une autre ligne droite qui touche la saillie du coronal au-dessus du nez, et se prolonge jusqu’à la partie la plus saillante de l’os de la mâchoire, bien entendu qu’il faut regarder les têtes de profil. C’est non-seulement l’angle formé par ces deux lignes qui constitue la différence des animaux, mais encore des diverses nations ; et l’on pourroit dire que la nature s’est, en quelque sorte, servi de cet angle pour déterminer les variétés animales, et les amener comme par degrés jusqu’à la perfection des plus beaux hommes. Ainsi la figure des oiseaux décrit les plus petits angles, et ces angles augmentent à mesure que l’animal approche de la figure humaine. Je citerai pour exemple (c’est Camper qui parle) les têtes de singe, dont les unes décrivent un angle de quarante-deux degrés, les autres un de cinquante. La tête d’un Nègre d’Afrique, ainsi que celle du Calmouk, forment un angle de soixante-dix degrés, et celle d’un Européen en fait un de quatre-vingt. Cette différence de dix degrés fait la beauté des têtes européennes, parce que c’est un angle de cent degrés qui constitue la plus grande perfection des têtes antiques. De pareilles têtes, comme le plus haut point de beauté, ressemblent le plus à celle d’Apollon Pythien et de Méduse, par Sosocles, deux morceaux unanimement considérés comme les plus beaux[45] ».

Cette ligne faciale de Camper a été adoptée par divers anatomistes. Bonn dit avoir trouvé l’angle de soixante-dix degrés dans les têtes des Négresses[46] ; et comme d’une part ces différences sont assez constantes ; que d’une autre les sciences subissent aussi l’empire des modes, ce genre d’observations sur le volume, la configuration, les protubérances des crânes, sur l’expansion du cerveau, les affections spéciales dont chacune de ses parties peut être susceptible, et ses rapports avec l’intelligence humaine, a pris le nom de Cranologie, depuis que le docteur Gall en a fait l’objet de sa doctrine physiologique. Il est combattu entre autres par Osiander[47], qui d’ailleurs lui en conteste la priorité, et qui en trouve les élémens dans la Métoposcopie de Fuschius, et le Fasciculus medicinæ de Jean de Ketham, etc. Il pouvoit y ajouter Aristote, Plutarque, Albert le Grand, Triumphus, Vieussens, dit le docteur Gall lui-même.

Celui-ci veut fonder sur la structure du crâne la prétendue infériorité morale des Nègres ; et quand on lui oppose le fait de beaucoup de Nègres dont les talens sont incontestables, il répond qu’alors leurs formes cranologiques se rapprochent de la structure des Blancs, et réciproquement il suppose que des Blancs stupides ont une conformation qui les rapproche des Nègres. Au reste, je m’empresse de rendre hommage aux talens et à la loyauté des docteurs Gall et Osiander ; mais les hommes les plus éminens peuvent se fourvoyer dans les hypothèses, ou tirer d’observations justes des conséquences exagérées. Par exemple, personne ne contestera au président de l’académie des arts de Londres, d’être un grand peintre ; mais comment s’y prendroit West pour prouver son opinion, que la physionomie des Juifs les rapproche de celle des chèvres[48]. Est-il facile de déterminer les formes nationales, quand dans tous les pays on voit des variétés notables, même de village à village ? je l’ai remarqué surtout dans les Vosges, comme Olivier dans la Perse ; Lopez a vu des Nègres à cheveux rouges, au Congo[49].

Admettons néanmoins que chaque peuple a un caractère spécifique, qui se reproduit jusqu’à ce que le mélange éventuel l’altère ou l’efface. Qui pourroit fixer le laps de temps nécessaire pour détruire l’influence de ces diversités transmises héréditairement, et qui sont le produit du climat, de l’éducation, du régime diététique, des habitudes ? La nature est diversifiée dans ses détails à tel point, que quelquefois les yeux les plus exercés seroient tentés de rapporter à des espèces différences des plantes congénères. Cependant elle admet peu de types primitifs, et dans les trois règnes, la puissance féconde de l’Éternel en fait jaillir une foule de variétés qui font l’ornement et la richesse du globe.

Blumenbach croit que les Européens dégénèrent par un long séjour dans les deux Indes et en Afrique. Somering n’ose décider si la race primitive de l’homme, en quelque coin de la terre qu’on place son berceau, s’est perfectionnée en Europe, si elle s’est altérée en Nigritie, attendu que pour la force et l’adresse, la conformation des Nègres relativement à leur climat, est aussi accomplie, et peut-être plus que celle des Européens. Ils surpassent les Blancs par la finesse exquise de leurs sens, surtout de l’odorat. Cet avantage leur est commun avec tous les peuples à qui le besoin en prescrit un fréquent exercice ; tels sont les indigènes de l’Amérique du nord ; tels les Nègres marrons de la Jamaïque, qui à la vue distinguent dans les bois des objets imperceptibles à tous les Blancs. Leur taille droite, leur contenance fière, leur vigueur indiquent leur supériorité ; ils communiquent entre eux en sonnant de la corne, et la nuance des sons est telle, qu’ils s’interpellent au loin en distinguant chacun par son nom[50].

Somering observe encore que la perfection essentielle d’une foule de plantes se détériore par la culture. La magnificence et la fraîcheur passagères qu’on s’efforce de produire dans les fleurs, détruisent souvent le but auquel la nature les destine. L’art de faire éclore des fleurs doubles, que nous devons aux Hollandais, ôte presque toujours à la plante la faculté de se reproduire. Quelque chose d’analogue se retrouve chez les hommes ; leur esprit est souvent cultivé aux dépens du corps, et réciproquement ; car plus l’esclave est abruti, plus il est propre aux travaux des mains[51].

On ne refuse point aux Nègres la force corporelle ; quant à la beauté, d’où la faites-vous résulter ? Sans doute de la couleur et de la régularité des traits ; mais sur quoi fondé veut-on que la blancheur soit la couleur privativement admise dans ce qui constitue la beauté, tandis que ce principe n’est point appliqué aux autres productions de la nature ? Chacun sur cet objet a ses préjugés, et l’on sait que diverses peuplades noires, transportant la couleur réputée chez eux la moins avantageuse au diable, le peignent en blanc.

Ce qu’on appelle la régularité des traits, est une de ces idées complexes dont peut-être n’a-t-on pas encore saisi les élémens, et sur lesquels, après tous les efforts de Crouzas, de Hutcheson et du P. André, il reste à établir des principes. Dans les mémoires de Manchester, George Walker prétend que les formes et les traits universellement approuvés chez tous les peuples, sont le type essentiel de la beauté ; que ce qui est contesté est dès-lors un défaut, une déviation du jugement[52]. C’est demander à l’érudition la solution d’un problème physiologique.

Bosman vante la beauté des Négresses de Juïda[53] ; Ledyard et Lucas, celle des Nègres Jalofes[54] ; Lobo, celle des Abyssins[55]. Ceux du Sénégal, dit Adanson, sont les plus beaux hommes de la Nigritie ; leur taille est sans défaut, et parmi eux on ne trouve point d’estropiés[56]. Cossigny vit à Gorée des Négresses d’une grande beauté, d’une taille imposante, avec des traits à la romaine[57]. Ligon parle d’une Négresse de l’île S. Yago, qui réunissoit la beauté et la majesté à tel point, que jamais il n’avoit rien vu de comparable[58]. Robert Chasle, auteur du Journal du Voyage de l’amiral du Quesne, étend cet éloge aux Négresses et Mulâtresses de toutes les îles du Cap-Vert[59]. Leguat[60], Ulloa[61] et Isert[62], rendent le même témoignage à l’égard des Négresses qu’ils ont vues, le premier à Batavia, le second en Amérique, et le troisième en Guinée.

D’après ces témoignages, Jedediah-Morse se mettra sans doute en frais pour expliquer le caractère de supériorité qu’il trouve imprimé sur le front du Blanc[63].

Les systèmes qui supposent une différence essentielle entre les Nègres et les Blancs, ont été accueillis 1o. par ceux qui à toute force veulent matérialiser l’homme, et lui arracher des espérances chères à son cœur ; 2o. par ceux qui, dans une diversité primitive des races humaines, cherchent un moyen de démentir le récit de Moïse ; 3o. par ceux qui, intéressés aux cultures coloniales, voudroient dans l’absence supposée des facultés morales du Nègre, se faire un titre de plus pour le traiter impunément comme les bêtes de somme.

Un de ceux qu’on avoit accusés d’avoir manifesté une telle opinion, s’en défend avec chaleur. On lui reprochoit d’avoir dit dans ses Idées sommaires sur quelques réglemens à faire à l’assemblée coloniale, imprimées au Cap, qu’il y a deux espèces d’hommes, la blanche et la rouge ; que les Nègres et Mulâtres n’étant pas de la même que le Blanc, ne peuvent prétendre aux droits naturels pas plus que l’Orang-outang ; qu’ainsi Saint-Domingue appartient à l’espèce blanche[64]. L’auteur le nie. Il est remarquable qu’alors correspondant de l’académie des sciences, aujourd’hui membre de l’Institut, il avoit précisément à cette époque pour confrère correspondant de la même académie, un Mulâtre de l’île de France, Geoffroi-Lislet, dont il sera question ci-après.

Les loix coloniales ne prononçoient pas formellement qu’il y ait parité entre l’esclave et la brute ; mais divers actes réglementaires et judiciaires le supposoient. Dans la multitude de faits, je choisis 1o. une sentence du conseil du Cap, tiré d’une source non suspecte, la collection de Moreau-Saint-Méry. L’énoncé de ce jugement rapproche sur la même ligne les Nègres et les porcs[65]. 2o. Le réglement de police qui à Batavia interdit aux esclaves de porter des bas, des souliers, et de paroître sur les trottoirs près des maisons ; ils doivent marcher dans le milieu de la rue avec les bestiaux[66].

Mais pour l’honneur des savans qui ont approfondi cette matière, hâtons-nous de déclarer qu’ils n’ont pas blasphémé la raison en essayant de ravaler les Noirs au-dessous de l’humanité. Ceux même qui veulent mesurer l’étendue des facultés morales sur la grandeur du cerveau, désavouent les rêveries de Kaims, et toutes les inductions que veulent en tirer, soit le matérialisme pour nier la spiritualité de l’ame, soit la cupidité pour les asservir.

J’ai eu occasion d’en conférer avec Bonn d’Amsterdam, qui a la plus belle collection connue de peaux humaines ; avec Blumenbach, qui a peut-être la plus riche en crânes humains ; avec Gall, Meiners, Osiander, Cuvier, Lacépède ; et je saisis cette occasion d’exprimer à ces savans ma reconnoissance. Tous, un seul excepté qui n’ose décider, tous comme Buffon, Camper, Stanhope-Smith, Zimmerman, Somering, admettent l’unité de type primitif dans la race humaine.

Ainsi la physiologie se trouve ici d’accord avec les notions auxquelles ramène sans cesse l’étude des langues et de l’histoire, avec les faits que nous révèlent les livres sacrés des Juifs et des Chrétiens. Ces mêmes auteurs repoussent toute assimilation de l’homme à la race des singes ; et Blumenbach, fondé sur des observations réitérées, nie que la femelle du singe soit soumise à des évacuations périodiques qu’on citoit comme un trait de similitude avec l’espèce humaine[67]. Entre les têtes du sanglier et du porc domestique, qu’on avoue être de la même race, il y a plus de différence qu’entre la tête du Nègre et celle du Blanc ; mais, ajoute-il, entre la tête du Nègre et celle de l’Orang-outang, la distance est immense. Les Nègres étant de même nature que les Blancs, ont donc avec eux les mêmes droits à exercer, les mêmes devoirs à remplir. Ces droits et ces devoirs sont antérieurs au développement moral. Sans doute leur exercice se perfectionne ou se détériore selon les qualités des individus. Mais voudroit-on graduer la jouissance des avantages sociaux, d’après une échelle comparative de vertus et de talens, sur laquelle beaucoup de Blancs eux-mêmes ne trouveroient pas de place ?




    Antiquités judaïques, l. viii, c. vii. Théophraste, 22e caractère. Hérodote, dans Thalie et Polymnie, etc.

  1. V. Jérémie, 13, 23. Flavius Josephe,
  2. Pline, l. v, c. ix. Térence, Eunuchus, act. I, scen. i.
  3. V. Annals of commerce, etc., by Macpherson, in-4o. London 1805, t. I, p. 51 et 52. Frontin, Stratagemata, l. I, c. ii.
  4. ........ Subito flens Africa nigras procubuit lacerata genas… dit Sidoine Apollinaire, dans le Panégyrique de Majorien.
  5. V. Gibbon’s, History, etc., reviewed by the rev. J. Whitaker, in-8o, London 1791, p. 182 et suiv.
  6. Guillelm. Malmesb., fol. 84.
  7. In-4o, Argentorati 1778.
  8. V. Voyage d’Éthiopie, par Poncet, p. 99, etc. ; et l’Histoire du Christianisme d’Éthiopie, par La Croze, p. 77, etc.
  9. V. Idées sur les relations politiques et commerciales des anciens peuples de l’Afrique, etc., par Heeren, in-8o, Paris an 8, t. II, p. 10, 75.
  10. Ibid., t. I, p. 134, 156, 160.
  11. V. Asiatic researches, t. III, p. 355, etc.
  12. T. III, p. 41, planch. 35.
  13. V. Recueil d’Antiquités, etc., t. V, p. 247. planch. 88 ; t. VII, p. 285, planch. 81.
  14. Archæologia biblica, etc., à J. Ch. Jahn. Viennæ, p. 389.
  15. V. Josephe, Antiq., l. viii, c. vii, p. 2. Hudson, dans sa traduction latine dit Æthiopes in Mancipia (esclaves) ; le texte grec ne le dit pas, mais le fait présumer.
  16. p. 85.
  17. V. Modern Geography, in-4o London 1807, t. II, p. 2 ; et t. III, p. 820 et 833.
  18. L. iii, § 3.
  19. Hérodote, l. ii, no 104.
  20. V. Nouveau Voyage dans la haute et basse Égypte, par Browne, t. I, c. xii ; et Walkenaer, dans les Archives littéraires, etc.
  21. V. Voyages en Syrie et en Égypte, par Volney, nouvelle édit., t. I, p. 10 et suiv.
  22. V. Ledyard, t. I, p. 24.
  23. V. Mémoire sur le commerce des Nègres au Caire, par Louis Franck, in-8o, Paris 1802.
  24. V. Jobi Ludolf, etc., Historia æthiopica, in-fol., 1681, Francofurti ad Moenum, l. iii, c. i.
  25. V. De Generis humani varietate nativa, in-8o, Gottingue 1794.
  26. Browne, ibid.
  27. V. Voyage dans l’Empire ottoman, l’Égypte, la Perse, etc., par Olivier, 3. vol. in-4o, Paris 1804-7, t. II, p. 83 et suiv.
  28. Volney, ibid.
  29. V. Dissertation sur le préjugé qui attribue aux Égyptiens la découverte des sciences ; par Cailly, in-8o, à Caen.
  30. The History of Jamaica, 3 vol. in-4o, London 1774, V. t. II, p. 355 et suiv. ; et p. 374, etc.
  31. Ibid.
  32. The History of Jamaica, 3 vol. in 4o, London 1774, V. t. II, p. 352.
  33. Adversaria Anatomica, decad. 3, p. 26, no 23. Dissert. de sede et causa coloris Æthiopum et cæterorum hominum, etc., Ludg. Bat. 1707. Mémoires de l’acad. des Sc., 1702. Observ. anat., 1724. Venet. Exposition anat., 1743, Amst., t. III, p. 278. De habitu et colore Æthiopum, Kilon, 1677. Discours sur l’origine et la couleur des Nègres, 1764. V. les ouvrag. trad. par Herbel, t. I, 1784, p. 24. V. Histoire de l’Afrique française, 2 vol. in-8o. Sur la différence physique qui se trouve entre les Nègres et les Européens, § 48. De Generis Humani varietate nativa, edit. 3, in-8o, Gotting. 1785. V. An Essay on the cause of the variety of complexion and figure in human species, by the rev. S. Stanhope-Smith, etc., in-8o, Philadelphia 1787. J’appelle l’attention sur cet ouvrage, qui mérite d’être médité.
  34. V. De l’Unité du Genre humain, etc., par Blumenbach, traduit par Chardel.
  35. V. The Progress of civil Society, a didactic poem, by Richard Payne-Knight, in-4o, London 1796, l. v, depuis le vers 227 et les suiv.
  36. V. A Topographical Description of the Western territory of north America, etc., by Georg. Imlay, in-8o, London 1793. V. lettre 9.
  37. V. Voyage dans les départemens méridionaux de la Russie, p. 600, en note.
  38. Des plaisans ont débité qu’à Liverpool, où beaucoup d’armateurs s’enrichissent par la traite, on prioit Dieu journellement de ne pas changer la couleur des Nègres.
  39. V. The Natural and civil History of Vermont, by S. Williams, in-8o, 1794. Walpole New-Hampshire, p. 391 et suiv.
  40. V. An Essay, etc., p. 20, 23, 24, 58, 77, etc.
  41. Ibid. § 48.
  42. V. Dissertations sur les variétés naturelles qui caractérisent la physionomie, etc. ; par Camper ; traduit par Jansen, in-4o, Paris 1791, p. 18.
  43. V. Transactions of the American philosophical society, etc., in-4o, p. 287 et suiv.
  44. V. Monthly Review, t. XXXVIII, p. 20.
  45. V. Opuscules, t. I, p. 16 ; et Dissertations physiques sur la différence réelle que présentent les traits du visage chez les hommes de divers pays.
  46. Descriptio thesauri ossium Morbosor. Hovii 1787, p. 133.
  47. V. Epigrammata in complures musaei anatomici res, etc., par Fr. B. Osiander, in-8o, Gottingue 1807, p. 45 et 46.
  48. V. p. 20, de Chardel.
  49. V. Relazione del reame di Congo, p. 6.
  50. The History of the Maroons from their origin to the etablissement of their chief Tribe at Sierra-Leone, by R. C. Dallas, 2 vol. in-8o, London 1803, t. I, p. 88 et suiv.
  51. Somering, § 74.
  52. T. V, IIe part.
  53. Bosman, Voyage en Guinée, 1705, Utrecht, lettre 18.
  54. Voyage de Ledyard et Lucas, t. II, 338.
  55. V. Relation historique de l’Abyssinie, par Lobo, in-4o, Paris 1726, p. 68.
  56. Adanson, Voyage au Sénégal, p. 22.
  57. V. Cossigny, Voyage à Canton, etc.
  58. V. Histoire de l’île des Barbades, de Rich. Ligon, dans le Recueil de divers voyages faits en Afrique et en Amérique, in-4o, Paris 1674, p. 20.
  59. V. Journal d’un Voyage aux Indes orientales, sur l’escadre de du Quesne, 3 vol. in-12, Rouen 1721, t. I, p. 202.
  60. Voyage de Leguat, t. II, p. 136.
  61. Ulloa, Noticias Americanas, p. 92.
  62. Isert, Reis na Guinea, Dordrecht 1790, p. 175.
  63. V. p. 182.
  64. Par le baron de Beauvois, p. 6 et 24. V. Rapport sur les troubles de Saint-Domingue, etc., par Garran, in-8o, Paris an 5 (1797).
  65. V. Loix et Constitution des colonies, par Moreau-Saint-Méry, t. VI, p. 144.
  66. V. Voyage à la Cochinchine, par Barrow, 2 vol. in-8o, Paris 1807, t. II, p. 63 et suiv.
  67. V. De generis humani varietate nativa. Cependant selon Desfontaines, la femelle du pithèque (simia pithecus) a un léger écoulement périodique.