CHAPITRE II


Opinions relatives à l’infériorité morale des Nègres. Discussion sur cet objet. Obstacles qu’oppose l’esclavage au Développement de leurs facultés. Ces obstacles combattus par la religion Chrétienne. Évêques et prêtres nègres.




L’opinion de l’infériorité des Nègres n’est pas nouvelle. La prétendue supériorité des blancs n’a pour défenseurs que des Blancs juges et parties, et dont on pourroit d’abord discuter la compétence, avant d’attaquer leur décision. C’est le cas de rappeler l’apologue du lion qui, à l’aspect d’un tableau représentant un animal de son espèce terrassé par un homme, se contenta de faire observer que les lions n’ont pas de peintres.

Hume, qui dans son Essai sur le caractère national, admet quatre à cinq races, soutient que la blanche seule est cultivée, que jamais on ne vit un Noir distingué par ses actions et ses lumières. Son traducteur, ensuite Estwick[1] et Chatelux ont répété la même assertion. Barré-Saint-Venant, pense que si la nature permet aux Nègres quelques combinaisons qui les élèvent au-dessus des autres animaux, elle leur interdit les impressions profondes et l’exercice continu de l’esprit, du génie et de la raison[2].

Il est fâcheux de trouver le même préjugé chez un homme dont le nom ne se prononce parmi nous qu’avec une estime profonde, et un respect mérité ; c’est Jefferson dans ses Observations sur la Virginie[3]. Pour étayer son opinion, il ne suffisoit pas de ravaler le talent de deux écrivains nègres ; il falloit établir par les raisonnemens et des faits multipliés, que, dans des circonstances données, et les mêmes pour des Blancs et des Noirs, ceux-ci ne pourroient jamais rivaliser avec ceux-là.

Il s’objecte Épictete, Térence et Phèdre qui avoient été esclaves, et auxquels il eut pu joindre Locman, Ésope, Servius-Tullius ; à cette difficulté, il répond par une pétition de principe, en disant qu’ils étoient blancs.

Jefferson, combattu par Beattie, l’a été depuis par Imlay, son compatriote, avec beaucoup d’énergie, surtout en ce qui concerne Phillis Wheatley. Imlay en transcrit des morceaux touchans ; mais il se trompe à son tour, en disant à Jefferson que la citation de Térence est une gaucherie, attendu qu’il étoit, non-seulement Africain, mais Numide et pourtant Nègre[4]. Il paroît que Térence étoit Carthaginois. La Numidie correspond à ce qu’on nomme aujourd’hui la Mauritanie, dont les habitans descendoient des Arabes, et qui, ayant envahi l’Espagne, furent la nation la plus éclairée du moyen âge.

Au reste, Jefferson lui-même fournit des armes pour le combattre dans sa réponse à Raynal, qui reprochoit à l’Amérique de n’avoir pas encore produit des hommes célèbres. Quand nous aurons existé, dit le savant Américain, en corps de nation aussi long-temps que les Grecs, avant d’avoir un Homère, les Romains un Virgile, les Français un Racine, on sera en droit de montrer de l’étonnement : de même pouvons-nous dire, quand les Nègres auront existé dans l’état de civilisation aussi long-temps que les habitans des États-Unis, avant de produire des hommes tels que Franklin, Rittenhouse, Jefferson, Madison, Washington, Monroë, Waren, Rush, Barlow, Mitchil, Rumford, Barton, le Virginien, qui a fait l’English Spy, l’auteur de l’adresse aux armées à la fin de la guerre de la révolution, qu’on a surnommé le Junius Américain, etc., etc., et trente autres que je pourrois citer[5], on aura quelque droit de croire qu’il y a chez les Nègres absence totale de génie. « Eh comment le génie pourroit-il naître au sein de l’opprobre et de la misère, quand on n’entrevoit, dit Genty, aucune récompense, aucun espoir de soulagement[6] » ! Après avoir combattu, dans Jefferson, une erreur de l’esprit, je ne quitterai pas ce sujet sans rendre hommage à son cœur. Par ses discours et ses actions, comme président et comme citoyen, il a provoqué sans relâche la liberté, l’instruction des esclaves, et tous les moyens d’améliorer leur existence.

Dans la plupart des régions africaines, la civilisation et les arts sont encore au berceau. Si c’est parce que les habitans sont Nègres, expliquez-nous pourquoi des hommes blancs ou cuivrés des autres contrées sont restés sauvages, et même anthropophages ? Pourquoi, avant l’arrivée des Européens, les hordes errantes et vivant de chasse de l’Amérique septentrionale, n’avoient pas même passé au rang des peuples pasteurs ? Cependant on ne conteste pas leur aptitude, ce qu’on ne manqueroit pas de faire, si jamais on vouloit établir la traite chez eux : tenez pour certain que la cupidité trouveroit des prétextes pour justifier leur esclavage.

Les arts sont fils des besoins naturels ou factices. Ceux-ci sont à peu près inconnus en Afrique ; et quant aux besoins de se nourrir, se vêtir, s’abriter, ces derniers sont presque nuls, à raison de la chaleur du climat ; le premier, très-restreint, est d’ailleurs facile à satisfaire, parce que la nature y prodigue ses richesses ; les relations récentes ont grandement modifié l’opinion qui, aux contrées africaines, n’attachoit guères que l’idée de déserts infertiles. James Field Stantield, dans son beau poëme intitulé : La Guinée, n’a été, à cet égard, que l’écho des voyageurs[7]

La religion chrétienne est un moyen infaillible de propager et de maintenir la civilisation ; c’est l’effet qu’elle a produit et qu’elle produira partout. C’est par elle que nos ancêtres, Gaulois et Francs, cessèrent d’être barbares, et les bois sacrés ne furent plus souillés par les sacrifices de sang humain. Par elle se répandirent les lumières dans cette église d’Afrique, autrefois l’une des portions les plus brillantes de la catholicité. Quand la religion abandonna ces contrées, elles furent replongées dans les ténèbres. L’historien Long, qui s’efforce de persuader que les Nègres sont incapables de s’élever aux hautes conceptions de l’esprit humain, et qui se réfute lui-même dans plusieurs endroits de son ouvrage, comme on le fera voir, entr’autres, à l’article de Francis Williams ; Édouard Long reproche aux Nègres de manger des chats sauvages, comme si c’étoit un crime, et qu’on n’en mangeât pas en Europe ; d’être livrés à des superstitions[8], comme si l’Europe n’en étoit pas infectée, et surtout la patrie de cet historien. On peut voir dans Grose, la longue et ridicule énumération d’observances superstitieuses des protestans anglais[9].

Si le superstitieux est à plaindre, du moins il n’est pas inaccessible aux notions saines. De fausses lueurs peuvent disparoître à l’éclat de la lumière ; on peut l’assimiler à une terre dont la fécondité, selon qu’elle est négligée ou cultivée, produit des plantes vénéneuses ou salutaires ; au lieu qu’un sol frappé de stérilité absolue, pourroit être l’emblème de quiconque professe l’abnégation de tout principe religieux. La croyance d’un Dieu, rémunérateur et vengeur, peut seule garantir la probité d’un homme qui, soustrait aux regards de ses semblables et n’ayant pas à redouter la vindicte publique, pourroit impunément voler ou commettre tout autre crime. Ces réflexions amènent la solution du problème tant de fois discuté : Quel est le pis de la superstition ou de l’athéisme ? Quoique chez bien des gens la passion étouffe le sentiment du juste et de l’honnête, en thèse générale peut-on balancer sur le choix entre celui à qui, pour être vertueux, il suffit de se conformer à sa croyance, et celui qui a besoin, pour n’être pas fripon d’être inconséquent à son système.

Barrow attribue la barbarie actuelle de quelques contrées d’Afrique, au commerce des esclaves. Pour s’en procurer, les Européens y ont fait naître, et ils y perpétuent l’état de guerre habituelle ; ils ont empoisonné ces régions par leurs liqueurs fortes, par l’accumulation de tous les genres de débauche, de séduction, de rapacité, de cruauté. Est-il un seul vice dont ils ne reproduisent journellement l’exemple sous les yeux des Nègres apportés en Europe, ou transportés dans nos colonies ? Je ne suis pas surpris de lire dans Beaver, certainement ami des Nègres, et qui dans son African memoranda se répand en éloges sur leurs vertus natives et leurs talens : « J’aimerois mieux introduire chez eux un serpent à sonnettes, qu’un Nègre qui auroit vécu à Londres[10] ». Cette phrase exagérée, et qui n’est pas un compliment flatteur pour les Blancs, indique ce que deviennent des individus à qui on inculque tous les genres de dépravation, sans leur opposer un seul frein qui en amortisse les funestes résultats.

Homère assure que quand Jupiter condamne un homme à l’esclavage, il lui ôte la moitié de son esprit. La liberté conduit à tout ce qu’ont de sublime le génie et la vertu, tandis que l’esclavage les étouffe. Quels sentimens de dignité, de respect pour eux-mêmes peuvent concevoir des êtres considérés comme le bétail, et que des maîtres jouent quelquefois aux cartes ou au billard, contre quelques barils de riz ou d’autres marchandises ? Que peuvent être des individus dégradés au-dessous des brutes, excédés de travail, couverts de haillons, dévorés par la faim, et pour la moindre faute déchirés par le fouet sanglant d’un commandeur ?

L’estimable curé Sibire qui, après avoir missionné avec succès en Afrique et en Europe, est actuellement, comme tant de dignes prêtres, repoussé du ministère par des fanatiques ; Sibire dit, en se moquant des colons, « Ils ont fait des descriptions bizarres de la béatitude de leurs Nègres, et sous des couleurs si riantes, si aimables, qu’en admirant leurs tableaux d’imagination, on regrette presque d’être libre, ou qu’il prend envie d’être esclave… Je ne leur souhaiterois pas à ces colons un pareil bonheur, dont pourtant ils ne sont que trop dignes[11]. À qui persuaderez-vous que l’éternelle sagesse puisse se contredire, et que le père commun des humains en soit comme vous le tyran ? Si, par impossible, il existoit sur la terre un homme nécessité à servir de proie à ses semblables, il seroit un argument invincible contre la Providence[12] ». On n’a pas encore vu un seul de ces Blancs imposteurs changer son sort avec celui de ces Nègres. Si les esclaves sont si heureux, pourquoi, jusqu’à ces dernières années, enlevoit-on annuellement, d’Afrique, quatre-vingt mille Noirs pour remplacer ceux qui avoient succombé aux fatigues, à la misère, au désespoir ; car de l’aveu des planteurs, il en périt une grande partie dans les premiers temps de leur séjour en Amérique[13].

Les colons s’obstinent à vouloir persuader aux esclaves qu’ils sont heureux ; les esclaves s’obstinent à soutenir le contraire. À qui faut-il s’en rapporter ? Pourquoi leurs regards, leurs souvenirs se tournent-ils sans cesse vers leur patrie ? Pourquoi ces regrets amers d’en être éloignés, et ce dégoût de la vie ? Pourquoi ces élans d’allégresse en assistant aux funérailles de leurs compagnons de misère, que la mort délivre de la servitude, sans que les Blancs puissent y mettre obstacle[14] ? Pourquoi cette tradition consolante parmi eux, que leur bonheur en mourant sera de retourner dans leur terre natale ? Pourquoi ces suicides multipliés afin d’accélérer ce retour ? Il plaît à Bryant-Edwards de nier que cette opinion soit reçue chez les Nègres. En cela il est contredit par la foule des auteurs, entr’autres, par son compatriote Hans Sloane qui, certes, connoissoit bien les colonies[15], et par Othello, écrivain nègre[16].

Les habitans de la Basse-Pointe et du Carbet, paroisses de la Martinique, plus véridiques que d’autres colons, avouoient, en 1778, « que la religion seule donnant l’espérance d’un meilleur avenir, fait supporter patiemment aux Nègres un joug si contraire à la nature, et console ce peuple qui ne voit dans le monde que du travail et des châtimens[17] ».

À Batavia on s’abonne, à tant par année, pour faire fouetter en masse les esclaves, et sur le champ on prévient la gangrène, en couvrant les plaies de poivre et de sel : c’est Barrow qui nous l’apprend[18]. Son compatriote, Robert Percival, observe, à cette occasion, que les esclaves, cruellement traités à Batavia, et dans les autres colonies hollandaises qui sont à l’est, n’ayant aucun abri contre la férocité des maîtres, ne pouvant espérer aucune justice des tribunaux, se vengent sur leur tyrans, sur eux-mêmes et sur l’espèce humaine dans ces courses homicides nommées Mocks, plus fréquentes dans ces colonies qu’ailleurs[19].

On enfleroit des volumes par le récit des forfaits dont ils ont été les victimes. Quand les partisans de l’esclavage ne peuvent les nier, ils se retranchent à dire que déjà ils sont anciens, et que rien de pareil dans ces derniers temps ne souille les annales des colonies. Certainement il est des planteurs respectables sous tous les rapports, que l’inculpation de cruauté ne peut atteindre ; et comme on laisse à chacun la faculté de se placer dans les exceptions, si quelqu’un se récrioit comme s’il étoit attaqué nominativement, avec Érasme, on lui répondroit que par là même il dévoile sa conscience[20]. Cependant elle est assez moderne l’anecdote du capitaine négrier, qui, manquant d’eau, et voyant la mortalité ravager sa cargaison, jetoit par centaines des Nègres à la mer. Il est récent le fait d’un autre capitaine qui, ennuyé des cris de l’enfant d’une Négresse, l’arrache du sein maternel, et le précipite dans les flots : les gémissements continuels de la pauvre mère remplacèrent ceux de l’enfant, et si elle n’éprouva pas le même traitement, c’est parce que ce négrier espéroit en tirer bon parti par la vente. Je suis persuadé, dit John Newton, que toutes les mères dignes de ce nom déploreront son sort. Le même auteur raconte qu’un autre capitaine, ayant apaisé une insurrection, s’exerça long-temps à rechercher les genres de supplices les plus rafinés, pour punir ce qu’il appeloit une révolte[21].

C’est en 1789 que de Kingston en Jamaïque, on écrivoit : « Outre les coups de fouet par lesquels on déchire les Nègres, on les musèle pour les empêcher de sucer une de ces cannes à sucre arrosées de leurs sueurs, et l’instrument de fer avec lequel on leur comprime la bouche, empêche encore d’entendre leurs cris lorsqu’on les fouette[22] ».

La crainte qu’inspirèrent les Marrons de la Jamaïque, en 1795, fit trembler les planteurs. Un colonel Quarrel offre à l’assemblée coloniale d’aller à Cuba chercher des meutes de chiens dévorateurs ; sa proposition est accueillie avec transport. Il part, arrive à Cuba, et dans le récit de cette infernale mission, s’intercale la description d’un bal que lui donne la marquise de Saint-Philippe. Il revient à la Jamaïque avec ses chiens et ses chasseurs, qui, heureusement, ne servirent pas, parce qu’on fit la paix avec les Marrons. Mais on doit savoir gré de leur intention à ces planteurs, qui payèrent largement les chasseurs, et votèrent des remerciemens, des récompenses au colonel Quarrel, dont le nom à jamais abhorré doit figurer à côté de Phalaris, Mezence, Néron, etc. Je le demande avec douleur, mais la vérité est plus respectable que les individus ; malgré les témoignages qui déposent en faveur du caractère de Dallas, que faut-il penser d’un homme lorsqu’il se constitue l’apologiste de cette mesure ? Il n’y a selon lui que des archi-sophistes qui puissent la censurer. « Les Asiatiques n’ont-ils pas employé des éléphans à la guerre ? La cavalerie n’est-elle pas usitée chez les nations d’Europe ? Si un homme étoit mordu par un chien enragé, se feroit-il scrupule de retrancher la partie attaquée pour épargner le tout, etc. » ? Mais qui sont les mordans et les enragés, sinon ceux qui, dévorés par l’avarice, foulant aux pieds dans les deux Mondes toutes les loix divines et humaines, ont arraché d’Afrique et opprimé en Amérique de malheureux esclaves. Il est donc vrai que toujours la soif de l’or, du pouvoir, rend les hommes féroces, altère leur raison et anéantit tout sentiment moral. Si les circonstances les forcent à être justes, ils vantent comme des bienfaits les actes que la nécessité leur arrache. Colons, si vous aviez été traînés hors de vos foyers pour subir le même sort qu’eux, à leur place que penseriez-vous ? que feriez-vous ? Bryant-Edwards avoit peint les Nègres comme des tigres ; il les avoit accusés d’avoir égorgé des prisonniers, des femmes enceintes, des enfans à la mamelle, Dallas, en le réfutant, se combat lui-même, et, sans le vouloir, détruit encore par les faits, les paralogismes allégués pour justifier l’emploi des chiens dévorateurs[23].

Plût à Dieu que les flots eussent englouti ces meutes antropophages, stylées et dirigées par des hommes contre des hommes. J’ai ouï assurer que, lors de l’arrivée des chiens de Cuba à Saint-Domingue, on leur livra, par manière d’essai, le premier Nègre qui se trouva sous la main. La promptitude avec laquelle ils dévorèrent cette curée, réjouit des tigres blancs à figure humaine.

Wimphen, qui écrivoit pendant la révolution, déclare qu’à Saint-Domingue les coups de fouet et les gémissements remplaçoient le chant du coq[24]. Il parle d’une femme qui fit jeter son cuisinier nègre dans un four, pour avoir manqué un plat de pâtisserie. Avant elle, un planteur, nommé Chaperon, avoit fait la même chose[25].

Les innombrables dépositions faites à la barre du parlement britannique, ont dévoilé jusqu’à l’évidence les crimes des planteurs. De nouveaux développemens ont encore ajouté, s’il est possible, à cette évidence par la publication de l’ouvrage anonyme, intitulé : les Horreurs de l’esclavage[26], et plus récemment encore, par les Voyages de Pinckard[27] et de Robin[28]. En lisant ce dernier, on voit que beaucoup de femmes créoles ont abjuré la pudeur et la douceur qui sont l’héritage patrimonial de leur sexe. Avec quelle effronterie cynique elles vont dans les marchés, visiter, acheter des Nègres nus, et qu’on transporte dans les ateliers sans leur donner de vêtemens ; pour se couvrir, ils sont réduits à se faire des ceintures de mousse. Robin reproche encore aux femmes créoles de renchérir sur les hommes en cruauté. Les Nègres condamnés au fouet sont attachés face contre terre, entre quatre piquets. Elles voient sans émotion le sang ruisseler, et les longues lanières de peau se lever sur le corps de ces malheureux. Les Négresses enceintes ne sont pas exemptes de ce supplice ; on prend seulement la précaution de creuser la terre dans l’endroit où doit être placé le ventre. Témoins journaliers de ces horreurs, les enfans blancs font leur apprentissage d’inhumanité en s’amusant à tourmenter les Négrillons[29]. Et cependant, quoique le cri de l’humanité s’élève de toutes parts contre les forfaits de la traite et de l’esclavage, quoique le Danemark, l’Angleterre, les États-Unis repoussent l’une et l’autre, on ose chez nous en solliciter le rétablissement[30], malgré les décrets rendus, et ces mots de la proclamation du Chef de l’État, aux Nègres de Saint-Domingue : « Vous êtes tous égaux et libres devant Dieu et devant la République ».

Ces pamphlétaires parlent sans cesse des malheureux colons, et jamais des malheureux Noirs. Les planteurs répètent que le sol des colonies a été arrosé de leurs sueurs, et jamais un mot sur les sueurs des esclaves. Les colons peignent avec raison comme des monstres les Nègres de Saint-Domingue, qui usant de coupables représailles, ont égorgé des Blancs, et jamais ils ne disent que les Blancs ont provoqué ces vengeances, en noyant des Nègres, en les faisant dévorer par des chiens. L’érudition des colons est riche de citations en faveur de la servitude ; personne mieux qu’eux ne connoît la tactique du despotisme. Ils ont lu dans Vinnius, que l’air rend esclave ; dans Fermin, que l’esclavage n’est pas contraire à la loi naturelle[31] ; dans Beckford, que les Nègres sont esclaves par nature[32]. Ce Hilliard-d’Auberteuil, que les ingrats colons firent périr dans un cachot, parce qu’il fut soupçonné d’affection pour les Mulâtres et Nègres libres, avoit écrit : « L’intérêt et la sûreté veulent que nous accablions les Noirs d’un si grand mépris que quiconque en descend jusqu’à la sixième génération, soit couvert d’une tache ineffaçable[33] ». Barre-Saint-Venant regrette qu’on ait détruit l’opinion de la supériorité du Blanc[34]. Félix Carteau, auteur des Soirées Bermudiennes, met en axiome cette inaltérable suprématie de l’espèce blanche, cette prééminence qui est le palladium de notre espèce[35]. Il attribue la ruine de Saint-Domingue à l’orgueil et aux prétentions prématurées des gens de couleur, au lieu de l’attribuer à l’orgueil et aux prétentions immodérées des Blancs. « L’auteur d’un Voyage à la Louisiane, vers la fin du dernier siècle, veut perpétuer l’heureux préjugé qui fait mépriser le Nègre comme destiné à être esclave[36] ». Cuirassés de ces blasphèmes, ils demandent impudemment qu’on forge de nouveaux fers pour les Africains. L’écrivain qui a publié « l’Examen de l’esclavage en général, et particulièrement de l’esclavage des Nègres dans les colonies françaises », semble croire que les Nègres ne reçoivent la vie qu’à condition d’être asservis, et il prétend qu’eux-mêmes voteroient pour l’esclavage[37]. Il regrette le temps où l’ombre du Blanc faisoit marcher les Nègres. Prédicateur de l’ignorance, il ne veut pas que le peuple s’instruise, et il honore de sa critique Montesquieu, qui a osé ridiculiser l’infaillibilité des colons. Belu, qui veut ramener ce régime abhorré, déclare qu’à coups de fouets on lacéroit les Nègres ; on prévenoit, dit-il, les suites de ce déchirement en versant sur les plaies une espèce de saumure, qui étoit un surcroît de douleur, et qui guérissoit promptement[38]. Ce fait est concordant avec ce qu’on vient de lire sur Batavia. Mais rien n’égale ce qu’a écrit dans ses prétendus Égaremens du négrophilisme[39], un nommé de Lozières, qu’il faut considérer seulement comme insensé, pour se dispenser de croire pis. « Il assure textuellement que l’inventeur de la traite mériteroit des autels[40] ; que par l’esclavage on fait des hommes dignes du ciel et de la terre[41] ». Il convient toutefois que des capitaines négriers ayant des esclaves attaqués de maladies cutanées, ce qui pourroit nuire à la vente de leur cargaison, leur donnent des drogues pour répercuter ces humeurs, dont le développement plus tardif produit ensuite des ravages horribles[42].

Les esclaves sont presqu’entièrement livrés à la discrétion des maîtres. Les loix ont fait tout pour ceux-ci, tout contre ceux-là qui, frappés de l’incapacité légale, ne peuvent pas même être admis en témoignage contre les Blancs. Si un Nègre tente de fuir, le code noir de la Jamaïque laisse au tribunal la faculté de le condamner à mort[43].

Depuis quelques années, des réglemens moins féroces substitués dans le code de cette île, prouvent par là même combien les anciens étaient horribles ; et cependant les nouveaux, qui sont encore un attentat contre la justice, sont-ils exécutés ? Dallas, qui les cite, confesse que dans la pratique il reste à faire beaucoup d’améliorations[44]. Cet aveu laisse à douter si ces déterminations récentes sont autre chose qu’une dérision législative pour fermer la bouche aux réclamations des philanthropes ; car les Blancs font toujours cause commune contre tout ce qui n’est pas de leur couleur. D’ailleurs la cupidité trouvera mille moyens d’éluder la loi. Il en est de même aux États-Unis, où, malgré la prohibition de la traite, des marchands négriers vont charger à la côte d’Afrique des cargaisons de Noirs qu’ils vendent dans les colonies espagnoles. Ils viendroient même ou relâcher, ou vendre dans les ports de l’Union, s’ils ne redoutoient la vigilance inflexible de ces estimables Quakers, toujours prêts à dénoncer aux magistrats des infractions attentatoires à la loi et aux principes de la nature.

Aux Barbades, comme à Surinam, celui qui volontairement et par cruauté, tue un esclave, s’acquitte en payant 15 liv. sterl. au trésor public[45]. Dans la Caroline du sud l’amende est plus forte, elle est de 50 liv. ; mais un journal américain nous apprend que ce crime y est absolument impuni, puisque l’amende n’est jamais payée[46].

Si l’existence des esclaves est à peu près sans garantie, leur pudeur est livrée sans réserve à tous les attentats de la brutale lubricité. John Newton, qui, après avoir été employé neuf ans à la traite, est devenu ministre anglican, fait frissonner les âmes honnêtes, en déplorant les outrages faits aux Négresses, « quoique souvent on admire en elles des traits de modestie et de délicatesse dont une Anglaise vertueuse pourroit s’honorer[47] ».

Tandis que dans les colonies françaises, anglaises et hollandaises, la loi ou l’opinion repoussoit les mariages mixtes à tel point, que les blancs qui en contractoient étoient réputés mésalliés, les Portugais et les Espagnols formoient une exception honorable ; et dans leurs colonies, le mariage catholique affranchit. Il n’est pas surprenant que Barré-Saint-Venant se récrie contre cette disposition[48] religieuse, puisqu’il ose censurer le décret à jamais célèbre par lequel Constantin facilita les affranchissemens[49]. Qu’est-il résulté des lois prohibitives, surtout en ce qui concerne les mariages ? Le libertinage a éludé la loi ou franchi le préjugé : c’est ce qui arrivera toutes les fois que les hommes voudront contrarier la nature.

Je laisse aux physiologistes le soin de développer les avantages du croisement des races, tant pour l’énergie des facultés morales, que pour la constitution physique, comme à l’île Sainte-Hélène, où il a produit une magnifique variété de Mulâtres. Je laisse aux moralistes et aux politiques qui devroient partir des mêmes principes, et qui souvent sont diamétralement opposés, à peser les résultats de l’opinion qui croit déshonorant d’avoir pour épouse légitime une Négresse, lorsqu’il ne l’est pas de l’avoir pour concubine. Joel Barlow voudroit, au contraire, que ces mariages mixtes fussent favorisés par des primes d’encouragement : les Nègres ni les Mulâtres ne peuvent jamais augmenter la caste blanche ; tandis que celle-ci augmente journellement celle des Mulâtres ; le résultat inévitable est que les Mulâtres finissent par être les maîtres. Fondé sur cette observation, Robin croit que la démarcation de couleur est le fléau des colonies, et que Saint-Domingue seroit encore dans sa splendeur, si l’on eût suivi la politique espagnole, qui n’exclut pas les sang-mêlés des alliances et des autres avantages sociaux[50].

On accuse les Nègres d’être vindicatifs. Comment ne le seroient pas des hommes vexés, trompés sans cesse, et par là même provoqués à la vengeance ? On pourroit en citer des milliers de preuves : bornons-nous à un seul fait. À Surinam, le Nègre Baron, adroit, instruit et fidèle, est amené en Hollande par son maître, qui lui promet la liberté au retour : malgré cette promesse, en abordant Surinam, Baron est vendu ; il refuse obstinément de travailler, on le fait fustiger aux pieds de la potence ; il s’échappe, se joint aux Marrons, et devient l’ennemi implacable des Blancs.

On a suivi ce système tortionnaire contre les esclaves, jusqu’au point de s’opposer à ce qu’ils développent, en aucune manière, leur intelligence. Un réglement de la Virginie défend de leur enseigner à lire ; à l’un de ces hommes il en a coûté la vie pour l’avoir su. Il vouloit que les Africains entrassent en partage des bienfaits que promettoit la liberté américaine, et il étayoit sa réclamation du premier des articles de la Déclaration des droits, l’argument étoit sans réplique. En pareil cas, dans l’impossibilité de réfuter, l’inquisition incarcère les gens qu’autrefois elle eût fait brûler. Toutes les tyrannies ont des traits de ressemblance. Le Nègre fut pendu. Certes il avoit raison ce bon Thomas Day, quand, dédiant à J. J. Rousseau la troisième édition de son Nègre mourant, il reprochoit aux Américains du sud de préconiser la liberté, tandis que sans remords ils pactisoient avec leur conscience pour conserver l’esclavage. On ne pouvoit le pendre comme le Nègre, on ne pouvoit le réfuter ; on se borna à déclamer, en disant qu’il avoit écrit une philippique[51].

Dans le gouvernement de ce bas monde, la force ne devroit intervenir que lorsque la raison l’invoque ; malheureusement celle-ci est presque toujours réduite à se taire devant la puissance : « N’est-il pas honteux de parler en philosophe, et d’agir en despote ; de faire de beaux discours sur la liberté, et d’y joindre pour commentaire une oppression actuelle… Un axiome politique est que le système législatif doit être en harmonie avec les principes du gouvernement. Cette harmonie a-t-elle lieu dans une constitution réputée libre, si l’on autorise la servitude » ? Ainsi s’exprimoit, en 1789, à l’assemblée représentative du Maryland, William Pinkeney, dans un discours où la profondeur du raisonnement est parée des richesses de l’érudition et des grâces du style, et qui honore également son esprit et son cœur[52].

L’usage des bourreaux fut toujours de calomnier les victimes ; les marchands négriers et les planteurs ont nié ou atténué le récit des faits dont on les accuse. Ils ont même voulu faire parade d’humanité, en soutenant que tous les esclaves tirés d’Afrique étoient des prisonniers de guerre ou des criminels qui, destinés au supplice, devoient se féliciter d’avoir la vie sauve, et d’aller cultiver le sol des Antilles. Démentis par une foule de témoins oculaires, ils l’ont été de nouveau par ce bon John Newton, qui a résidé longtemps en Afrique ; il ajoute : « Le respectable auteur du Spectacle de la nature (Pluche), a été induit en erreur en assurant que les pères vendent leurs enfans, et les enfans leurs pères ; jamais je n’ai ouï dire en Afrique que cela eût lieu[53] ». Quand des milliers de témoignages ont prouvé jusqu’à l’évidence la réalité des tourmens exercés sur les esclaves, et la barbarie des maîtres, ceux-ci ont nié que le Nègre fût susceptible de moralité et d’intelligence ; dans l’échelle des êtres, ils l’ont placé entre l’homme et la brute.

Dans cette hypothèse, on demanderoit encore si l’homme n’a que des droits à exercer, et pas de devoirs à remplir envers les animaux qu’il associe à son travail ; s’il ne blesse pas la religion et la morale en excédant de fatigue ces quadrupèdes malheureux, dont la vie n’est qu’un supplice prolongé. Des maximes touchantes à cet égard sont consignées dans les livres sacrés que révèrent également les Juifs et les Chrétiens[54]. Un oiseau poursuivi par un épervier, se réfugie dans le sein d’un homme qui le tue ; l’aréopage le condamne à mort, cette peine étoit exagérée ; mais il viendra sans doute le moment où une police justement sévère, punira ces féroces charretiers, qui tous les jours, à Paris surtout, excédant de fatigues et de coups, le plus utile des animaux domestiques, le cheval, que Buffon appelle la plus belle conquête de l’homme, accoutument le peuple à être insensible et cruel. Je me rappelle avec plaisir d’avoir lu au marché de Smith-Field, à Londres, le réglement qui décerne des amendes contre quiconque maltraiteroit inutilement des animaux.

Cette discussion se rattache à mon sujet ; car si les principes de moralité s’étendent même aux rapports de l’homme avec les brutes, les Nègres, fussent-ils dépourvus d’intelligence, auroient encore des réclamations à exercer ; mais si les recherches les plus approfondies sur l’organisation humaine prouvent que, malgré les différences de couleur, jaune, cuivrée, noire et blanche, elle est une ; si des vertus et des talens prouvent invinciblement que les Nègres, susceptibles de toutes les combinaisons de l’intelligence et de la morale, constituent, sous une peau différente, une espèce identique à la nôtre, combien paroîtront plus coupables ces Européens qui, foulant aux pieds les lumières, les sentimens répandus par le christianisme, et à sa suite, par la civilisation, s’acharnent sur les cadavres des malheureux Nègres dont ils sucent le sang pour en extraire de l’or !

Vingt ans d’expérience m’ont appris ce qu’opposent les marchands de chair humaine : à les entendre, il faut avoir vécu dans les colonies pour avoir droit d’opiner sur la légitimité de l’esclavage, comme si les principes immuables de la liberté et de la morale varioient suivant les degrés de latitude ; et quand on leur oppose l’accablante autorité d’hommes qui ont habité ces climats et même fait la traite, ils les démentent ou les calomnient. Ils auroient fini par dénigrer ce Page qui, après avoir été l’un des plus forcenés défenseurs de l’esclavage, chante la palinodie, et s’abandonne à des aveux si étranges, dans un ouvrage sur la restauration de Saint-Domingue, où il prend pour base la liberté des Noirs[55]. Les planteurs s’obstinent à soutenir que dans les colonies, qui sont des pays agricoles, le premier des arts doit être flétri par la servitude, sous prétexte que ce travail excède les forces de l’Européen, quoiqu’on leur allègue le fait irréfragable de la colonie d’Allemands, établie par d’Estaing, en 1764, à la Bombarde, près du Mole Saint-Nicolas, dont les descendans voyoient autour de leurs habitations des cultures prospères croître sous des mains libres. Ignore-t-on que les premiers défrichements du sol colonial ont été faits par des Blancs, surtout par les manouvriers qu’on appeloit les engagés de trente-six mois ? Niera-t-on que dans nos verreries et nos fonderies, on supporte une chaleur plus forte que celle des Antilles ? Fût-il vrai que ces contrées ne puissent fleurir sans le secours des Nègres, il faudroit en tirer une conclusion très-différente de celles des colons ; mais sans cesse ils appellent le passé à la justification du présent, comme si des abus invétérés étoient devenus légitimes. Parle-t-on de justice ? ils répondent en parlant de sucre, d’indigo, de balance du commerce. Raisonne-t-on ? ils disent qu’on déclame ; redoutant la discussion, ils resassent tous les paralogismes, tous les lieux communs si rebattus et si souvent réfutés, par lesquels on voudroit étayer une mauvaise cause. Fait-on appel aux cœurs sensibles ? ils ricanent. Ils ramènent nos regards sur les pauvres qui assiégent les États d’Europe, pour nous empêcher de les porter sur les malheureux que l’avarice persécute dans les autres parties du globe, comme si le devoir de donner aux uns emportoit l’interdiction de réclamer pour les autres. Quelle idée se font donc les planteurs de l’étendue des obligations morales ? Ils prétendent que nous négligeons l’amour des hommes par amour pour le genre humain : parce que nous ne pouvons soulager ceux qui nous entourent, que dans une mesure disproportionnée à leur nombre et à leurs besoins, on nous traduit comme coupables, lorsque nous élevons la voix en faveur de ceux qui, sous une peau de couleur différente, gémissent dans des contrées lointaines ? Tel est l’auteur B. D. du Voyage à la Louisiane[56]. Tant qu’il y aura un être souffrant en Europe, ces Messieurs nous défendent de plaindre ceux qu’on tourmente en Afrique et en Amérique ; ils s’indignent de ce qu’on trouble la jouissance des tigres dévorant leur proie ; ils ont même tenté d’avilir la qualité de philantrope, ou ami des hommes, dont s’honore quiconque n’a pas abjuré l’affection pour ses semblables ; ils ont créé les épithètes de négrophiles et blancophages, dans l’espérance qu’elles imprimeroient une flétrissure ; ils ont supposé que tous les amis des Noirs étoient les ennemis des Blancs et de la France, que tous ils étoient soudoyés par l’Angleterre. L’auteur de cet ouvrage, accusé jadis d’avoir reçu 1,500,000 liv. pour écrire en faveur des Juifs, devoit avoir reçu 3,000,000 pour s’être constitué l’avocat des Nègres. Ne demandez pas si nos antagonistes n’ont pas encore employé d’autres armes que le sarcasme et la calomnie. Une souscription ouverte, dit-on, autrefois à Nantes, pour faire assassiner un philantrope qu’on avait pendu en effigie au cap Français et à Jérémie, donne la mesure de ce que l’on peut gagner quand on plaide la cause de la justice et de l’infortune. Frapaolo-Sarpi disoit avec raison que si la peste avoit des bénéfices et des pensions à donner, elle trouveroit des apologistes, au lieu qu’en défendant les opprimés et les pauvres, comme il faut lutter contre la puissance, la richesse et la perversité, on ne peut se promettre que des impostures, des injures et des persécutions.

La cause des négriers est donc bien mauvaise, puisqu’aux raisonnemens ils opposent de tels moyens. Vengeons-nous d’une manière qui est la seule avouée par la religion ; saisissons toutes les occasions de faire du bien aux persécuteurs comme aux persécutés.

On a calomnié les Nègres, d’abord pour avoir droit de les asservir, ensuite pour se justifier de les avoir asservis, et parce qu’on étoit coupable envers eux. Les accusateurs sont simultanément juges et exécuteurs, et ils se disent chrétiens ! Maintes fois ils ont tenté de dénaturer les livres saints, pour y trouver l’apologie de l’esclavage colonial, quoiqu’on y lise que tous les enfans du père céleste, tous les mortels se rattachent par leur origine à la même famille. La religion n’admet entre eux aucune différence ; si dans les temples des colonies, quelquefois, on vit les Noirs et les sang-mêlés relégués dans des places distinctes de celles des Blancs, et même séparément admis à la participation eucharistique, les pasteurs sont criminels d’avoir toléré un usage si opposé à l’esprit de la religion. C’est à l’église surtout, dit Paley, que le pauvre relève son front humilié, et que le riche le regarde avec respect ; c’est là qu’au nom du ciel, le ministre des autels rappelle tous ses auditeurs à l’égalité primitive, devant un Dieu qui déclare ne faire acception de personne[57]. Là, retentit l’oracle céleste qui ordonne de faire pour les autres ce que nous désirons pour nous mêmes[58].

À la religion chrétienne seule est due la gloire d’avoir mis le foible à l’abri du fort. Elle établit au quatrième siècle le premier hôpital en Occident[59] ; elle a travaillé persévéramment à consoler les malheureux, quels que fussent leur pays, leur couleur, leur religion. La parabole du Samaritain imprime aux persécuteurs le sceau de la réprobation[60] ; c’est l’anathème lancé à jamais contre quiconque voudroit exclure du cercle de la charité un seul individu de l’espèce humaine.

J’appelle l’attention du lecteur sur des vérités de fait, attestées par l’histoire ; c’est que le despotisme a communément l’impiété pour compagne ; les défenseurs de l’esclavage sont presque tous irréligieux ; les défenseurs des esclaves presque tous très-religieux.

Le témoignage non suspect d’auteurs protestans, parmi lesquels on compte Dallas, reproche à leur clergé de négliger l’instruction des Nègres ; et cette inculpation s’adresse particulièrement aux évêques de Londres qui, sous leur juridiction, ont les colonies occidentales[61]. Mais ces écrivains s’épuisent en éloges des missionnaires catholiques, et de quelques sociétés de Dissenters, tels que les Moraves surtout à Antigoa, et les Quakers ou amis, chez lesquels l’amour du prochain n’est pas une stérile théorie. Tous ont développé un zèle infatigable, pour amener les esclaves au christianisme et à la liberté. En faveur des enfants noirs, des écoles gratuites ont été établies à Philadelphie et ailleurs, par les amis ; ceux-ci forment la majorité des comités disséminés dans les États-Unis pour l’abolition de l’esclavage ; ces comités députent à une convention ou assemblée centrale, qui se tient en janvier à Philadelphie pour le même objet[62]. Les Quakers ont annuellement des réunions composées de représentans envoyés par leurs frères des diverses contrées. La session ne manque jamais, en terminant ses travaux, d’adresser à toute la secte une circulaire concernant les abus à combattre, les vertus à pratiquer, et toujours les esclaves noirs y sont recommandés à la charité.

À la suite des éloges données par Dallas aux prêtres catholiques, il a inséré sa correspondance avec l’archevêque actuel de Tours : le prélat remarque, avec raison, qu’ils ne bornent pas leurs devoirs à l’office liturgique et à la prédication ; ils y comprennent le soin des malades, l’éducation des enfans, la visite des familles[63]. La religion catholique, plus qu’aucune autre, établit des rapports intimes et multipliés entre les pasteurs et leurs administrés. La pompe des cérémonies parle aux sens qui sont, si je puis m’exprimer ainsi, les portes de l’ame. D’après ces considérations, des écrivains protestans avouent, et Makintosch m’a répété, que les missionnaires catholiques sont bien autrement propres que les protestans à faire des prosélytes parmi les Nègres, et à les consoler.

Lorsque, pour avoir droit d’égorger les pauvres Indiens, les premiers conquérans de l’Amérique feignoient de douter qu’ils fussent hommes, une bulle du pape flétrit ce doute, et les conciles du Mexique sont, à cet égard, un monument honorable pour le clergé de ces contrées. Dans un autre ouvrage[64], que je me propose de publier, on ne lira pas sans attendrissement les décisions rendues contre l’esclavage des Nègres, par le collége des cardinaux[65] et par la Sorbonne[66]. Dans son calendrier l’Église catholique a inséré plusieurs Noirs. S. Elesbaan, que les Nègres des dominations espagnoles et portugaises ont adopté pour patron. Sous la date du 27 octobre, on peut lire sa vie dans Baillet, connu par la sévérité de sa critique ; mais nous donnerons quelques détails sur un autre Noir, dont il n’a pas parlé ; c’est un frère lai, de l’ordre des Récollets.

Benoît de Palerme, nommé également Benoît de sainte Philadelphie ou de santo Fratello ; Benoît le Maure et le saint Noir, étoit fils d’une Négresse esclave, et Nègre lui-même. Roccho Pirro, auteur de la Sicilia sacra, le caractérise en disant : « Nigro quidem corpore sed candore animi præclarissimus quem et miraculis Deus contestatum esse voluit ». Son corps étoit noir, mais Dieu a voulu que des miracles attestassent la candeur de son ame[67]. Les historiens célèbrent en lui, cet assemblage de vertus éminentes qui, contentes d’avoir Dieu seul pour témoin, se dérobent dans l’obscurité aux yeux des hommes, car elles sont silencieuses : le vice seul est bruyant, et communément un grand forfait cause plus de sensation dans le monde que mille bonnes actions. Quelquefois, cependant, soit édification, soit curiosité, les hommes tâchent de déchirer le voile modeste dont elles s’enveloppent, et c’est par là que Benoît le Maure ou le saint Noir, est échappé à l’oubli ; il décéda à Palerme, en 1589, où son corps et sa mémoire sont révérés. Ce culte, autorisé par le pape, en 1610, et plus particulièrement en 1743, par un décret de lacongrégation des rites, qu’on peut lire dans Joseph-Marie d’Ancona, continuateur de Wading[68], obtiendra bientôt plus de solennité, si, comme l’annonçoient les gazettes au commencement de 1807, on s’occupe de sa canonisation. Roccho Pirro, le P. Arthur[69], Gravina[70], et beaucoup d’autres écrivains, s’étendent en éloges sur le vénérable Benoît de Palerme. Mais dans nos bibliothèques, où malgré leur abondance, il y a tant de lacunes, je n’ai pu trouver sa vie écrite en italien par Tognoletti, en espagnol par Mataplana.

Les esclaves, en général, ont plus de moralité chez les Espagnols et les Portugais, parce qu’on les associe aux bienfaits de la civilisation, et qu’on ne les accable pas de travail. La religion s’interpose toujours entre eux, et les propriétaires qui résidant presque tous sur leurs habitations, voient par leurs propres yeux et non par ceux des régisseurs. Au Brésil, les curés, constitués de droit les défenseurs des Nègres, peuvent forcer légalement des colons trop durs à les vendre ailleurs, et du moins ces esclaves courent la chance d’un mieux être.

Chez les Espagnols, les affranchissemens ne peuvent être refusés, en payant une somme fixée par la loi. Au moyen de leurs économies, les esclaves peuvent acheter un jour de chaque semaine, ce qui leur facilitant l’achat d’un second, d’un troisième, enfin de toute la semaine, leur donne la liberté complète.

En 1765, les papiers anglais citèrent, comme chose remarquable, l’ordination d’un Nègre, par le docteur Keppel, évêque d’Exeter[71]. Chez les Espagnols, plus encore chez les Portugais, c’est chose assez commune. L’histoire du Congo, parle d’un évêque noir, qui avoit fait ses études à Rome[72].

Le fils d’un roi, et d’autres jeunes gens de qualité de ce pays, envoyés en Portugal, du temps du roi Emmanuel, y suivirent les universités avec distinction, et plusieurs d’entre eux furent promus au sacerdoce[73]. Le gouvernement portugais a toujours insisté pour que le clergé séculier et régulier, de ses possessions en Asie, fût de Noirs. Le chapitre primatial de Goa, composé surtout de Blancs et de Mulâtres, avoit peu de Noirs, lorsque le missionnaire Perrin, qui vient de publier son voyage dans l’Indoustan, visita cette ville ; mais il a soin d’observer que c’est une infraction au vœu prononcé du gouvernement[74].

À la fin du dix-septième siècle, l’escadre de l’amiral du Quesne vit aux îles du Cap-Vert, un clergé catholique nègre, à l’exception de l’évêque et du curé de Saint-Yago[75]. De nos jours, Barrow, et Jacquemin, sacré évêque de Cayenne, ont trouvé le même état de choses[76].

Liancourt et cent autres Européens, ont visité, à Philadelphie, une église africaine, dont le ministre est pareillement un Nègre[77]. Parkinson, écrivain postérieur à Liancourt, dit qu’il y a beaucoup de prédicateurs nègres, et que l’un d’eux est renommé pour son éloquence[78].

Si l’on considère que l’esclavage suppose tous les crimes de la tyrannie, et qu’il enfante communément tous les vices ; que les vertus peuvent difficilement éclore parmi des hommes à qui l’on n’en tient aucun compte, aigris par le malheur, entraînés à la corruption par l’exemple de tous les forfaits, repoussés de tous les rangs honorables ou supportables de la société, privés d’instruction religieuse et morale, constitués dans l’impossibilité d’acquérir des connoissances, sinon en luttant contre tous les obstacles qui s’opposent au développement de leur intelligence, on aura lieu d’être surpris que plusieurs se soient signalés par des qualités estimables. À leur place peut-être eussions-nous été moins bons que les bons d’entre eux, et pires que les mauvais. Les mêmes réflexions s’appliquent aux Parias du continent asiatique, vilipendés par les autres castes ; aux Juifs de toutes couleurs (car il y en a aussi de noirs à Cochin)[79], dont l’histoire, depuis leur dispersion, n’est guère qu’une sanglante tragédie ; aux catholiques Irlandais, frappés comme les Nègres d’une espèce de code noir (the popery Law). Déjà on s’est permis une assimilation également outrageante pour les habitans de l’Afrique et de l’Irlande, en soutenant que tous étoient des hordes brutes, que partant incapables de se gouverner par eux-mêmes, ceux-ci comme les autres devoient être soumis irrévocablement au sceptre de fer, que depuis des siècles étend sur eux le gouvernement britannique[80]. Cette tyrannie infernale existera jusqu’à l’époque, peu éloignée sans doute, où les braves enfans d’Erin releveront l’étendard de la liberté, avec la sublime invocation des Américains, appel à la justice du ciel, an appel to heaven. Ainsi, Irlandais, Juifs et Nègres, vos vertus, vos talens vous appartiennent ; vos vices sont l’ouvrage de nations qui se disent chrétiennes ; et plus on dit de mal de ceux-là, plus on inculpe celles-ci.



  1. Considerations on the Negroe cause, par Estwick.
  2. V. Des colonies sous la zone torride, particulièrement celle de Saint-Domingue, par Barré-Saint-Venant, in-8o, Paris 1802, c. iv.
  3. V. Notes on the State of Virginia, etc., by Jefferson, in-8o, London 1787.
  4. V. A topographical description of the western territory of north America, etc., by George Imlay, in-8o, London 1793. V. Lettre 9.
  5. L’aurore des beaux arts en Amérique s’annonce d’une manière brillante. West, Copely, Vanderlyn, Stewart, Peale, Allston sont comptés au rang des peintres distingués. Des femmes même sont entrées avec succès dans la carrière littéraire. Mde Waren, qui vient de donner son Histoire de la révolution américaine. Mlle Hannah Adams, qui entre autres ouvrages a publié La Vérité et l’Excellence du Christianisme prouvées par les écrits des laïcs, etc. Cette énumération est déjà une réponse victorieuse aux rêveries de Paw, sur l’infériorité de talens des citoyens du nouveau Monde.
  6. V. Influence de la découverte de l’Amérique, p. 167.
  7. V. The Guinea Voyage a poem, in 3 books, by James Field Stanfield, in-4o, London 1787. On me saura gré de citer le début du second livre.

    High where primeval forests, shade the land
    And in majestic solemn order stand
    A sacred station raises now it seat
    O’er the loud stream that murmur at its feet
    Of Niger rushing thro’ the fertile plains
    Swelled by the cataract of Tropic rains
    Long’ ere surcharged his turgid flood divides ;
    To burst an Ocean in three thundering tides.

  8. V. Long, t. II, p. 420.
  9. A Provincial glossary with a collection of local proverbs and popular superstitions, by Francis Grose, in-8o, London 1790.
  10. V. African memoranda, relative to an attempt to establish a british settlement in the Island of Boulam, by captain Phylips Beaver, in-4o, London 1805. I would rather carry thither a rattle snake, etc., p. 897.
  11. V. L’Aristocratie négrière, etc., par l’abbé Sibire, missionnaire dans le royaume de Congo, in-8o, Paris, 1789, p. 93.
  12. V. Ibid., p. 27.
  13. V. Practical rules for the management and medical treatment of negroe-slaves in the Sugar colonies, by a professional planter, in-8o, London 1805, p. 470.
  14. V. Notes on the West-Indies, etc., by G. Pinckard, 3 vol. in-8o, London, t. I, p. 273, et t. III, p. 67.
  15. A Voyage to the islands of Madera, Barbadoes and Jamaica, by Hans Sloane, 2 vol. in-fol., London 1707, p. 48.
  16. V. Son Essai contre l’esclavage, publié en 1788 à Baltimore.
  17. V. Lettre d’un Martiniquais à M. Petit, sur son ouvrage intitulé : Droit public du gouvernement des colonies françaises, in-8o, 1778.
  18. Voyage de la Cochinchine, par Barrow, t. II, p. 98, 99.
  19. Voyage à l’île de Ceylan, par Robert Percival, traduit par P. F. Henry, 1803, Paris, t. I, p. 222 et 223.
  20. Qui se læsum clamabit in conscientiam suam prodet.
  21. V. Thoughts upon the african slave-trade, by John Newton, rector, etc. 2e édit. in-8o, London 1788, p. 17 et 18.
  22. V. American Museum, in-8o, Philadelphie 1789, t. VI, p. 407.
  23. V. ces horribles détails dans Dallas, t. II, lettre 9, p. 4 et suiv.
  24. Wimphen, t. I, p. 128.
  25. V. Voyage aux Indes occidentales, par Bossu, 1769, Amsterdam, p. 14.
  26. The Horrors of the negro slavery existing in our West-Indian islands, irrefragably demonstrated from official documents recently presented to the house of Commons, in-8o, London 1805.
  27. V. Notes on the West-Indies, etc., by G. Pinckart.
  28. Voyage dans l’intérieur de la Louisiane, de la Floride, etc., par Robin, 3 vol. in-8o, Paris 1807.
  29. V. T. I, p. 175 et suiv.
  30. Un anonyme a même publié un pamphlet sous ce titre : De la nécessité d’adopter l’esclavage en France, comme moyens de prospérité pour les colonies, de punition pour les coupables, etc., in-8o, Paris 1797.
  31. V. Dissertation sur la question, s’il est permis d’avoir en sa possession des esclaves, et de s’en servir comme tels dans des colonies de l’Amérique, par Philippe Fermin, in-8o, Mastrich 1776.
  32. V. Descriptive account of the island of Jamaica, etc., by Will Beckford, 2 vol. in-8o, London 1790, t. II, p. 382.
  33. V. Considérations sur l’état présent de la colonie française de Saint-Domingue, par H. D. L. (Hilliard-d’Auberteuil), in-8o, Paris 1777, t. II, p. 73 et suiv.
  34. V. Colonies modernes, etc.
  35. V. Les Soirées Bermudiennes, ou Entretien sur les événemens qui ont opéré la ruine de la partie française de Saint-Domingue, par F. C., un de ses précédens colons, in-8o, Bordeaux 1802, p. 60 et 66.
  36. V. Voyage à la Louisiane et sur le continent de l’Amérique, par B. D., in-8o, Paris 1802, p. 147 et 191.
  37. V. Examen, etc. par V. D. C., ancien avocat colon de Saint-Domingue, 2 vol. in-8o, Paris 1802.
  38. Des colonies et de la traite des Nègres, par Belu, in-8o, Paris, an 9.
  39. In-8o , Paris 1803.
  40. V. p. 22.
  41. Égaremens du négrophilisme, p. 110.
  42. Ibid., p. 102.
  43. V. Long t. II, p. 489.
  44. V. Dallas, t. II, p. 416.
  45. V. Remarks on the slave trade, in-4o, 1788, p. 125.
  46. V. The Litterary magazine and american register, in-8o, Philadelphie 1803, p. 36.
  47. V. Thoughts upon slavery, p. 20 et suiv.
  48. Barré-Saint-Venant, p. 92.
  49. Ibid., p. 120 et 121.
  50. V. T. I, p. 28.
  51. V. The Dying negro dans le port-folio, in-4o, de 1804, t. IV, no 25, p. 194.
  52. V. The American Museum, or annual register for the year 1798, in-8o, Philadelphie 1798, p. 79 et suiv.
  53. V. Thoughts, etc., p. 31.
  54. V. Deutéronome xxvi, 6. Iere Timoth. v., 18, non alligabis, etc.
  55. V. Traité d’économie politique des colonies, par Page ; Ire part., in-8o, Paris an 7 (v. st. 1798) ; IIe part., an 10 (v. st. 1801).
  56. V. p. 103 et suiv. C’est, je crois, Berquin Duvallon.
  57. II. Paral. xix, 7. Eccles. xx, 24. Rom. ii, 11. Eph. vi, 9. Coloss. iii, 25. Jacob. ii, 1. I. Petri, i, 13.
  58. Math. vii, 12.
  59. V. Mémoire sur différens sujets de littérature, par Mongez, Paris 1780, p. 14 ; et Commentatio de vi quam religio christiana habuit, par Paetz, in-4o, Gottingue 1799, p. 112 et suiv.
  60. Les colons et leurs amis sont dans l’usage de répéter sans cesse les mêmes accusations, dont on a démontré, sans réplique, l’imposture. Ainsi Dupont, auteur d’un Voyage à la Terre-Ferme (t. I, p. 308) ; et Bryan-Edwards (the History civil and commercial of the British colonies, etc., London 1801, t. II, p. 44), répètent que Las-Casas, évêque de Chiappa, a usurpé l’honneur de la célébrité, et voté pour l’esclavage des Nègres. Il y a six ans que j’ai détruit cette calomnie ; mon Apologie de Las-Casas est imprimée dans les Mémoires de l’Institut national, classe des sciences morales et politiques, t. IV, p. 45 et suiv. J’y renvoie l’accusateur, en l’invitant à y répondre ? L’amour du Voyage à la Louisiane, B. D., vient de reproduire la même imposture. V. p. 105 et suiv.
  61. V. Dallas, t. II, p. 427 et suiv.
  62. Je saisis avec plaisir cette occasion d’exprimer ma reconnoissance, 1o. aux présidens et secrétaires de ces conventions, qui, pendant plusieurs années, m’ont envoyé les procès-verbaux (Minutes of the proceding of, etc.) de leurs assemblées ; 2o. à Philips, libraire à Londres, qui lors de mon séjour en Angleterre, m’a procuré, concernant la liberté des Noirs, divers opuscules rares et utiles ; 3o. à l’excellent et savant Vanprat, bibliothécaire de la Bibliothèque impériale, que personne ne peut connoître sans lui accorder son estime.
  63. V. Dallas, p. 430 et suiv.
  64. Histoire de la liberté des Nègres, lue dans les séances de la classe des sciences morales et politiques de l’Institut national, en 1797.
  65. V. Dans la collection des Voyages d’Astley, t. II, p. 154 ; et Benezet, p. 50, etc.
  66. V. Labat, t. IV, p. 120.
  67. V. Sicilia sacra, etc., auctore don. Roccho Pirro, edit. 3 ; studio Anton. Mongitores, 2 vol, in-fol., Panormi 1733, t. I, p. 207.
  68. Annales Minorum, etc., continuati à F. Jo. Maria di Ancona, in-fol., 20 mai 1745, t. XIX, p. 201 et 202.
  69. V. Martyrologium franciscanum cura et labore Arturi, etc., in-fol., Paris 1638, p. 32.
  70. Vox turturis seu de florenti ad usque nostra tempora sanctorum Benedicti, dominici, francisci, etc., religionum statu, in-4°, Coloniæ Agrippinæ 1638, p. 88.
  71. V. Gentleman magazin, t. XXV, année 1765, p. 145.
  72. V. Prevot, Hist. générale des Voyages, t. V, p. 53.
  73. V. Histoire du Portugal, par La Clede, 2 vol. in-4o, Paris 1735, t. I, p. 594, 95.
  74. V. Voyage dans l’Indostan, par Perrin, in-8o, Paris 1807, t. I, p. 164.
  75. V. Journal d’un Voyage aux Indes orientales, sur l’escadre de du Quesne, en 1690, etc., 3 vol. in-12, Rouen 1721, t. I, p. 193 ; et Relation du Voyage et retour des Indes orientales, pendant les années 1690 et 1691, par Claude-Michel Ponchot-de-Chantassin, garde-marin, servant sur le bord de M. du Quesne, etc., in-12, Paris, p. 30.
  76. Barrow, Voyage à la Cochinchine, t. I, p. 87.
  77. V. Voyage dans les États-Unis d’Amérique, par la Rochefoucaut-Liancourt, in-8o, Paris an 8, t. VI, p. 334.
  78. V. A tour in America, etc., by Wil. Parkinson, 2 vol. in-8o, London 1805, t. II, p. 459.
  79. Voyez sur cet objet une dissertation curieuse, en hollandais, dans le tome VI des Mémoires de la société de Flessingue. Verhandelingen vitgegeven door het zeeuwsch, genootschap der wetenschappen te Vlissingen, etc.
  80. V. Dans les Pieces of irish history, ouvrage intéressant, publié par Mac-Nevem, in-8º, New-York 1807, un morceau curieux, par Emett, son ami, intitulé : Part of an Essay towards the history of Ireland, p. 2. V. aussi les Memoirs of Wil. Sampson, in-8º, New-York 1807.