De la fièvre puerpérale/Analyse clinique

De la fièvre puerpérale devant l’Académie impériale de médecine de Paris
Germer Baillière (p. 83-85).


Analyse clinique de l’affection puerpérale.


L’affection puerpérale offre à considérer :

1o Plusieurs ordres de causes morbifiques, savoir : des causes spéciales, comme la gestation et la parturition ; des causes efficientes, comme le transport des lochies, du lait ou de matières putrides sur des organes importants ou dans le torrent de la circulation ; des causes déterminantes, comme l’encombrement, le groupement, le génie épidémique, les fortes émotions morales ;

2o Un état spécial temporaire, exclusivement propre aux femmes enceintes. Cet état, désigné sous le nom d’état puerpéral, consiste dans une disposition générale des liquides et des humeurs qui prédispose la femme à une foule d’accidents et d’affections ;

3o Un état de pléthore laiteuse qui a pour résultat direct d’engorger les seins et de porter sur l’utérus et dans le tissu cellulaire la partie surabondante du lait, et pour résultat indirect de provoquer un mouvement fébrile qui tend à pousser cette humeur superflue sur les voies excrétoires. Les femmes nourrices éprouvent elles-mêmes cette fièvre salutaire, lorsqu’elles ont beaucoup de lait ;

4o L’affection puerpérale, c’est-à-dire l’état de l’économie affectée passivement, soit par l’épanchement et la métastase des lochies, soit par l’épanchement ou le transport du lait sur des organes ou sur des liquides importants ;

5o Les groupes de symptômes propres à l’état puerpéral, à la pléthore laiteuse et à l’affection puerpérale ;

6o La fièvre puerpérale, ou le mouvement fébrile général suscité par la nature, dans le but de débarrasser l’économie des principes morbifiques qui causent et entretiennent l’affection ;

7o Les inflammations puerpérales, ou les réactions locales déterminées par les matières morbifiques ou par les excès mêmes de la fièvre, ou réaction générale.

8o Les complications et les aggravations organiques ou fonctionnelles de la fièvre puerpérale ;

9o La marche naturelle de la fièvre puerpérale ;

10o Les produits de toutes sortes déterminés par les mouvements inflammatoires ou fébriles, et consistant en des épanchements de liquides, des abcès, des dépôts laiteux, des lésions d’organes et des altérations humorales ;

11o Le traitement prophylactique ;

12o Le traitement curatif.

Analyser ainsi la question, la montrer successivement sous ses divers aspects, et la poursuivre ensuite sur tous les développements, c’est pour ainsi dire la résoudre ; car c’est indiquer la seule manière d’y parvenir. Nous n’entrerons point dans d’autres détails, car il nous faudrait écrire un volume pour les aborder tous. Nous nous contenterons de faire observer que chacun des éléments que nous venons de signaler a une importance clinique et une signification pathologique spéciale, et que, en dernière analyse, tous les phénomènes de l’état morbide se résolvent en deux groupes, qui forment pour le médecin hippocratiste le groupe des phénomènes de l’affection et le groupe des phénomènes de la réaction.