De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Chapitre 17


J. Marc Aurel, Imprimeur-libraire (p. 164-167).

CHAPITRE XVII.

DU CHAPITRE XVIIe DE M. WOLFF, OÙ IL AVANCE QUE, « RAVIR AU MINISTÈRE LE DROIT D’ADMINISTRER LES SACREMENTS, C’EST PORTER ATTEINTE À LA CHARGE ELLE-MÊME, ET EN COMPROMETTRE L’EXISTENCE. ».

Il est assez remarquable que l’auteur n’ait pas pu citer un seul passage de la Parole de Dieu pour établir que l’administration des sacrements doit se faire par le ministère. Lui ôter les dons, et lui attribuer le droit de s’emparer des formes extérieures, voilà ce qui va bien ensemble : mais il est très-singulier qu’il ne soit jamais entré dans la pensée de l’apôtre de proposer, comme remède, le système de l’auteur ; bien loin de là, dans une épître qui traite formellement le sujet de la Cène, le Saint-Esprit ne donne pas le moindre indice de la présidence du ministère ; mais tout le contraire. L’état de chose qui y est dépeint exclut toute idée d’un tel ordre ; et jamais, en y portant remède, l’idée de faire présider le ministre ne se présente : car il est singulier que, dans l’épître aux Corinthiens, où l’intérieur de l’administration d’une église nous est donné, il ne soit jamais fait mention des anciens. Il y en avait peut-être ; mais, s’il y en avait, le Saint-Esprit passe par dessus, nous autorisant à agir quand même il ne s’en trouverait point. J’engage les frères qui s’en occupent à peser ce fait, tiré de l’épître aux Corinthiens.

Quant à la citation que M. Wolff fait d’Actes VI, 1—4, elle est tellement en dehors du sujet, que je n’ai pas besoin de m’y arrêter. Celui qui peut prendre l’administration journalière des secours aux veuves pour la sainte Cène, peut bien supposer ce qu’il veut ; et dans l’interprétation de M. Wolff, Actes VI, 14, suppose que les apôtres auraient abandonné l’administration de la table du Seigneur comme de peu d’importance, et que les diacres, et non pas les anciens, doivent y présider. Ce qui est dit paragraphe 4° de la page 81, n’est donc pas digne de réponse. Que la parole de Dieu qui accompagne l’acte extérieur soit plus importante que la Cène elle-même, c’est exalter un discours sans don au-dessus d’un souvenir de Jésus institué par lui-même. Du reste, où est-ce que l’auteur trouve cette « parole de Dieu qui accompagne le sacrement ? » D’ailleurs, il est bien certain que dans l’église primitive il n’y avait personne d’établi pour porter la parole ; car les prophètes parlaient comme Dieu les poussait, selon les règles données 1 Cor. XIV. Qu’un apôtre rompît le pain quand il était présent (Actes XX, 11), cela était très-naturel, et me paraît trèsconvenable ; mais je ne vois pas que cela démontre que le ministère ait le droit exclusif de le faire.

Quant au baptême, l’apôtre dit expressément que le Seigneur ne l’avait pas envoyé pour baptiser. Il est très-certain que Actes X, 48 est fort mal traduit par : « Il prit des dispositions,» et que Actes XVII, 26, où il est dit que Dieu avait ordonné certaines choses, démontre l’inexactitude de cette manière de traduire. Le lecteur qui ne sait pas le grec, peut voir Matth. I,24, — XXI, 6 ; Luc V, 14 (Moïse a commandé) ; Matth. VIII, 4 ; Marc I, 44 ; Act. X, 33, — passages qui, avec les deux cités ici, sont les seuls où ce mot (qui signifie « commander » ) se trouve dans le Nouveau Testament.

En résultat, M. Wolff, qui ne produit pas un seul passage pour démontrer que le ministère administrât les sacrements, admet que les simples fidèles peuvent le faire en cas de nécessité. Nous trouvons que ce qui existait à Corinthe exclut l’idée d’une telle habitude ; et quand il y avait du désordre, quand l’occasion se présentait de leur rappeler en quoi consiste l’ordre, ou d’établir l’ordre si cela n’avait pas encore eu lieu ; et qu’un tel ordre aurait été le remède selon Dieu, l’apôtre, la Parole n’en disent pas un mot, et emploient un tout autre moyen pour ôter le scandale. Nous trouvons que, pour appuyer son système, il est forcé de confondre avec la sainte cène l’administration des secours destinés aux veuves. Une cause soutenue ainsi ne vaut pas grand chose. Que, dans une grande assemblée, la Cène fût administrée par des frères qui jouissent de la considération de tous, par un apôtre quand il y en avait, c’est ce qui convient à l’ordre ; et je n’ai rien à redire à une telle ordonnance. Il n’y a pas un seul mot dans la Parole de Dieu qui fasse supposer qu’il y avait besoin d’un ministre pour la Cène ou le baptême ; on voit même le contraire : et maintenant j’emploie le mot ministère dans le sens de la brochure, et en quelque sens que l’on veuille l’employer.

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