De l’influence des femmes sur la littérature française comme protectrices des lettres et comme auteurs/Avertissement


AVERTISSEMENT.



On a donné au public plusieurs ouvrages volumineux, contenant l’histoire des femmes auteurs ; mais la plus grande partie de ces auteurs sont très-médiocres, ou même tout à fait dénués de talent, et les trois quarts de ces femmes célèbres portent les noms les plus obscurs et les plus oubliés. On a fait cet ouvrage sur un plan très-différent : on n’y parlera que des femmes qui ont eu quelqu’influence sur la littérature française, parce que cette recherche est par elle-même intéressante, curieuse et neuve, quelle ramenera souvent à la peinture des mœurs du temps où ces femmes ont écrit, et qu’enfin elle produira, surtout à cet égard, une foule d’observations nouvelles.

Les protectrices des lettres ne devoient pas être omises dans cet ouvrage, puisqu’elles ont eu nécessairement une grande influence sur la littérature, en encourageant, en récompensant des talens qui, faute d’appui, n’auroient pu souvent ni se développer, ni se perfectionner.

On ne parlera que des femmes qui n’existent plus. On a tâché d’offrir dans cet ouvrage, non un tableau, mais une esquisse légère de la littérature française, et des progrès de la décadence et de la renaissance du goût et des bons principes. On a indiqué l’origine et les causes du mauvais goût qui trop long-temps a obscurci l’éclat de cette brillante littérature, que tant de chefs-d’œuvre ont élevée si haut. Enfin cette histoire rapide est précédée par des réflexions sur les femmes en général, et particulièrement sur les femmes auteurs.