De l’Imitation de Jésus-Christ (Brignon)/Livre 3/01
J’ENTENDRAI ce que Dieu me dira au fond du cœur[1].
Heureuse l’ame qui écoute le Seigneur, lorsqu’il lui parle, & qu’il la console interieurement.
Heureuses les oreilles qui sont toûjours attentives à la voix de Dieu, & qui ne le sont jamais au discours profanes du monde !
Heureuses encore une fois les oreilles qui n’entendent point le bruit du dehors, & à qui la verité increée se fait entendre au dedans !
Heureux les yeux qui sont fermez aux choses sensibles ; & ouverts aux spirituelles !
Heureux l’homme qui est capable de concevoir les choses de Dieu, qui se donne tout entier aux exercices de la vie interieure, & qui employe toute son étude à comprendre de plus en plus les secrets du Ciel !
Heureux celui qui tout occupé de Dieu, se délivre des vains embarras du monde !
O mon ame, considerez bien tout cela, & fermez les portes de vos sens, afin que recüeillie en vous-même, vous puissiez entendre ce que l’Esprit Saint a à vous dire. Voici ce qu’il dit.
Je suis vôtre salut[2], vôtre consolation, & vôtre vie.
Attachez-vous auprès de moi, & vous serez en repos. Dépoüillez-vous des biens temporels, & gagnez ceux de l’éternité.
Que sont les biens temporels, que des biens imaginaires ? quel avantage pouvez-vous attendre de toutes les créatures, si le Créateur vous abandonne ?
Renoncez donc à toues les choses créées : soyez fidéle à vôtre Seigneur & ne songez qu’à lui plaire, afin que vous méritiez par-là d’entrer dans la vraye beatitude.