DE L’AMOUR
DES FEMMES POUR LES SOTS



I

C’est un fait généralement admis que les femmes se connaissent très bien en étoffes, en perles et en dentelles, et que, quand elles adoptent un ruban, il y a tout lieu de croire qu’elles ont pour ce ruban des motifs plausibles de préférence.

Partant de cette donnée, des philosophes se sont demandé si elles mettaient un soin également sérieux dans le choix d’un amant ou d’un mari.

La plupart en ont douté.

Quelques uns ont posé comme axiome que ce qui déterminait les femmes à cet égard, ce n’était ni la raison, ni l’amour, ni même le caprice ; qu’un homme leur plaisait, par cela seul qu’il s’était présenté à elles le premier, et que, quand il était remplacé par un autre, celui-ci n’avait d’autre mérite que d’être venu avant le troisième.

Ce système irrévérencieux a longtemps prévalu.

Aujourd’hui, grâce à Dieu, la vérité s’est fait jour : il est acquis que les femmes ne s’éprennent de nous qu’à bon escient. Entre les hommes, elles comparent, elles examinent, elles pèsent ; et elles ne se décident pour l’un d’eux qu’après avoir vérifié et constaté en lui la qualité précieuse qu’elles recherchent.

Cette qualité, c’est… la sottise.