Découvertes d’un bibliophile/Lettre 1

Frédéric Busch
Imprimerie G. Silbermann (p. 3-4).


I.


Strasbourg, le 8 mars 1843.


Monsieur l’Abbé,



J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le livre de Lenglet-Dufresnoy que j’ai l’honneur de vous restituer. Si par contre vous n’avez pas en ce moment un besoin bien urgent de mon volume de l’abbé Boileau, je vous serais obligé de le donner au porteur, pour que je puisse en achever la lecture. Lorsque plus tard il vous sera encore nécessaire, je m’empresserai de le remettre à votre disposition, ainsi que d’autres livres de ma bibliothèque qui pourraient vous servir, comme j’ai eu le plaisir, Monsieur l’abbé, de vous le dire de vive voix. Les livres me font éprouver un triple bonheur : celui de les acheter, celui de les lire et surtout celui de les prêter. Trahit sua quemque voluptas… Il est vrai que ce bonheur n’est pas toujours sans mélange, et qu’il y a des livres dont la lecture me rend de fort mauvaise humeur. C’est ce qui m’est arrivé avec le Compendium theologiæ moralis, extrait du père Liguori par le professeur Moullet[1]. On m’a dit, mais j’ai peine à le croire, que l’usage de ce livre a été introduit au grand séminaire depuis nombre d’années, et déjà sous Mgr ***, lorsque ce prélat jouissait encore de toutes ses facultés. Je ne vous cache pas, Monsieur l’abbé, que j’attache beaucoup d’intérêt à être éclairé d’une manière positive à cet égard, et j’attends de vous ce service, comme de mon côté je serai toujours prêt à faire tout ce qui pourra vous être agréable.

Veuillez agréer, etc.




  1. Compendium theologiæ moralis, quod ad usum theologiæ candidalorum ex variis auctoribus, præsertim ex B. Liguorio excerpsit J. P. Moullet, olim professor theol. mor., superiorum permissu. Friburgi Helvetiorum, apud Antonium Labastrou, bibliopolam, 1834, 2 vol. in-8o.